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Le mal-logement au Sénégal, une réalité périurbaine dramatique et toujours pas solutionnée: Quand la pauvreté enfreint les règles Chérifa Sadany SOW

Il est inimaginable de vivre dans une seule chambre  avec ses enfants âgés de plus de vingt ans ; c’est pourtantla situation que vivent certaines familles dans certains quartiers de Dakar et de la banlieue.

Nombreux sont des parents qui partagent et dorment dans la même chambre que leurs enfants. Ce problème est fréquemment causé par la pauvreté qui les empêche de vivre convenablement en famille. Dans une société aussi sénégalaise où l’éducation, la culture et la religion sont prônées, il est difficile d’accepter une telle situation même si parfois le choix est absent.

Tout le monde doit en bénéficier, d’une maison. Elle est définie comme étant un bâtiment d’habitation divisée en plusieurs résidences et destiné au logement d’une famille. Certains, privés de moyens pour s’en trouver une, sont appelés les sans domicile fixe (Sdf). Mais aujourd’hui, nous nous intéressons aux familles qui ont un toit moins spacieux, lequel elles partagent avec leurs enfants (adolescents et adultes).

C’est inimaginable de vivre dans une seule chambre avec ses enfants âgés de plus de vingt ans. Pourtant, c’est la situation que vivent certaines familles dans certains quartiers de Dakar et de la banlieue. Même la religion s’est opposée à cette pratique. Mais que faire quand on n’a pas le choix ?

Dans une maison de l’unité 15 des Parcelles assainies, loge un vieux père de famille qui nous explique son calvaire. « Je suis arrivé au Sénégal en 2014 avec ma femme et mon fils. J’avais loué une petite chambre dans laquelle nous vivions ; mais la situation s’est compliquée quand j’ai eu d’autres enfants. J’ai bien sûr cherché à agrandir mon espace mais le prix du loyer est très cher au Sénégal, je ne pouvais pas me permettre de louer un appartement, j’ai donc cherché un grand salon que je sépare en deux. Ce n’est toujours pas facile mais c’est mieux que rien », livre-il.

Dans le sillage de la confession, un jeune adolescent souhaitant se voiler dans l’anonymat explique qu’il lui arrive souvent de passer la nuit chez ses amis pour masquer sa situation. « Au début, je pouvais bien m’en sortir mais à cause cette  pandémie dont j’ai du mal à croire son existence, personne n’a le courage d’héberger son prochain ».

Les répercussions qui peuvent découler de ce problème de mal-logement nécessitent une grande réflexion et surtout l’avis d’un sociologue.

Aboubacar Ngom nous en apprend un peu plus.  « Dans notre mentalité, nous pensons souvent que plus on a des enfants, plus on a de la chance que l’un d’entre eux réussisse. Un pari risqué, au regard des problèmes sanitaires, socio-éducatifs mais aussi l’accès au logement adéquat et moderne. Vivre entre quatre murs avec ses enfants est souvent à l’origine de plusieurs problèmes d’ordre psycho-affectif. L’intimité des parents restera toujours violée et presque brisée, ce qui peut même conduire à une rupture sentimentale entre les adultes. Du coté des enfants, le complexe d’Œdipe se développe.

Sur le plan sanitaire, la promiscuité conduira à une fébrilité ; toute maladie contagieuse se traitera en famille, il suffit juste qu’une personne soit touchée que tout le monde la reçoive. Sans compter l’insalubrité qui régnera. Dans la situation actuelle, certains enfants, les plus âgés, risqueront de dormir dehors, bravant sécurité et climat. Et pour solutionner, seul l’Etat peut accélérer et décentraliser sa politique de modernisation  avec des cités ou des logements sociaux, à l’image de la Rwanda. »

Cependant, il ne faut pas confondre le mal-logement et le co-dodo qui est le fait de dormir dans la même chambre avec son enfant. Cette pratique est aussi mal vue dans certaines sociétés. Mais au Sénégal, certains, même vivants dans de bonnes conditions, y ont recours que lorsque tous les moyens de faire dormir le bébé ont échoué. Mais la plupart ce sont les parents qui ont des tensions conjugales qui dorment plus avec leurs enfants. Ces enfants auront-ils des comportements différents plus tard qui seront dus au co-dodo ou au mal-logement ? En tout cas, ce dernier peut entraîner en effet des problèmes d’anxiété, le repli sur soi et le sentiment de honte chez l’enfant. Ici, la protection et les droits de l’enfant sont ainsi sollicités.

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