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Le Forum de Dakar prend eau Touba et Barthélémy à sec

Hydraulique

Touba veut revitaliser
ses vallées fossiles

Un pied de nez à Abdoulaye Sène en plein Forum mondial sur l’eau

Touba veut bénéficier de la solidarité interrégionale en cherchant à faire transférer de l’eau des régions excédentaires vers les zones asséchées : en demandant de l’eau depuis le Lac de Guiers à la veille des assises mondiales abritées par Dakar, la capitale du Mouridisme jette un froid sur le Projet de renforcement de la résilience des écosystèmes du Ferlo (Preferlo) que le pouvoir cherche à orienter vers le Ranérou Ferlo. Pendant ce temps, le maire de Dakar privé de sommet organise son contre-sommet pour crier sa soif et les inondations.

Touba a remis à l’honneur le canal du Cayor (sous Abdou Diouf) ou du Baol (sous Wade) en demandant son lac pour sans douter régler le problème des inondations et de l’alimentation en eau potable ; les deux projets fusionnés expliquent en effet les projets Keur Momar Sarr II et III et le péril au sodium qui menace le Sénégal sahélien.
Alimenté à partir du Lac de Guiers, ce projet sous les Libéraux visait au fond la revitalisation de la vallée du Sine et est donc, traduit par la volonté de Touba, à cheval sur la future mission d’Études et d’Aménagement des Vallées fossiles (Méavf) ; la remise en eau des vallées répondait à une incongruité environnementale : récupérer des pertes en eau versées en mer pour irriguer un intérieur asséché et assoiffé.

« L’étude de faisabilité, d’Avant-Projet sommaire et d’Avant-Projet détaillé du projet de renforcement de la résilience des écosystèmes du Ferlo (PREFERLO) a pour objectif de concevoir, à partir de la ressource du lac de Guiers, un ouvrage de transfert d’eau brut sous pression, techniquement et économiquement viable sur près de 230 kms.
Cet ouvrage doit permettre à terme :

 

La desserte en eau brute des localités le long de la Vallée du Ferlo pour leurs besoins en eau potable,
L’utilisation agricole des terres de la Vallée pour contribuer à la production céréalière du pays (corridor céréalier),L’alimentation en eau des cheptels,
L’amélioration des conditions de vie pour les populations de la zone projet,
La valorisation de la ressource en eau du fleuve Sénégal (optimisation des lâchers du barrage de Diama),
L’amélioration de la qualité des eaux dans le lac de Guiers,
Le renforcement des écosystèmes de la Vallée du Ferlo ».

Le site qui explique (canaldeprovence.com) renvoie ainsi sans le dire au Programme de revitalisation des Vallées fossiles des années 90 du même Abdoulaye Sène qui organise à partir de ce jour le Forum mondial de l’eau (La valorisation de la ressource en eau du fleuve Sénégal-optimisation des lâchers du barrage de Diama), lorsque l’hypothèse de base de l’opération politique « L’eau à Linguère » consistait justement, avec l’érection de Diama, à prélever une quantité d’eau à réinjecter dans des parties asséchées par le dragage du fleuve et l’abaissement d’un lit qui ne favorisait plus les écoulements ; comble de malheur, la volonté de sécuriser la plus grande réserve naturelle qu’est le lac de Guiers avait précipité l’assèchement de l’intérieur du pays isolé par le barrage de Keur Momar Sarr.

Pertes…sèches

Le Sénégal sahélien perd en effet quelque dix milliards de mètres-cubes d’eau par an payés au franc symbolique en période d’hivernage et à cinq francs à l’étiage à l’Organisation pour la Mise en valeur du Fleuve Sénégal (Omvs) ; ces lâchures reposent sur une préoccupation écologique pour préserver le barrage de Diama.

Pire : Dakar jette littéralement à l’eau quelque 700 milliards dans un programme décennal de gestion des risques d’inondations ; Macky Sall vient de le rappeler au conseil des ministres du 16 mars dernier. La lutte contre  les excès d’eau, ici les inondations, consiste à mettre en réseau tous les canaux de collecte et de drainage des eaux stagnantes pour les entraîner en mer et sauver Moïse des eaux, c’est-à-dire les inondés de Dakar de Thiès, Saint-Louis et Kaolack principalement : depuis 1995 au moins, avec le retour de l’eau après près de quarante ans de sécheresse, des zones fossilisées envahies par les populations revendiquent leur hydraulicité aux populations qui avaient pris d’assaut ces parties asséchées. Pour la petite histoire, on rapporte qu’un maire de la banlieue a construit sur un des espaces réservés au drainage des eaux de pluies.
Tertio, pour combler un déficit en eau potable et, en même temps, lutter contre des excédents, le Sénégal dépense une fortune, avec l’appui désordonné puisque sans coordination d’une communauté internationale éternelle “partenaire” à un développement qui tarde. Tous oublient en effet, dans le secteur hydraulique, de se servir des pertes déversées en mer. Les projets pharaoniques de dessalement de l’eau de mer et d’une troisième conduite de Keur Momar Sarr tiennent peu compte de la possibilité de récupérer des eaux potables déversées dans un Océan Atlantique. Pourquoi rejeter en mer une eau douce pour la dessaler ensuite ?
Le Preferlo semble répondre à la question, redynamisé par la demande de Touba, et prolonge ainsi le Prvf au nom de l’Office du Lac de Guiers. Comble d’ironie : le partage des liquidités au nom de la paix pour lequel Dakar se bat sous Macky Sall et qui est le thème du Forum est la raison pour laquelle Abdoulaye Wade avait abandonné le Prvf en 2000 devant la moue de la Mauritanie.

La vallée du Sine notable à la sortie de Diourbel explique l’abondance de l’horticulture dans la zone avec les Jardins de Diourbel ; elle passait vers Diourbel, vers Borom Deurbi ; certaines survivances expliquent le dynamisme des cultivateurs de légumes dans l’environnement. « Cette ceinture verte était constituée par d’immenses jardins-maraichers et a prévalu jusqu’à l’indépendance du pays en 1960 et même au-delà », note Karim Fall (diourbel(n’diar yéem), la ville de Cheikh Ahmadou Bamba se meurt).

P. MBODJE

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Orientations

-La société du Canal de Provence,
canal deprovence .com
-koccbarmafall/skyblog, 22/10/2016
-Karim Fall, Journaliste, ancien chef des Informations de RTL-Paris,
Consultant, natif de Diourbel,
harmattan.fr