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L’amour à l’épreuve de la Covid-19: Pour le meilleur ou pour le pire ? Chérifa Sadany SOW

La distanciation dans la vie de couple ! Cette fois-ci les raisons ne sont pas à cause d’un voyage ou d’une dispute. Il s’agit de la covid-19, cette maladie qui, avec ses pantoufles maléfiques, sème la zizanie là où elle passe. Comment la garroter pour qu’elle ne détruise pas la doctrine de Roméo et Juliette : l’amour ?

Presque tous les jours, chacun cherche à libérer son stress quotidien. De manière préférable, à côté de sa dulcinée. Ce rapprochement intense et réconfortant entre deux êtres amoureux joue un rôle essentiel sur l’anxiété que vit la majorité de la population sénégalaise. Après le boulot, pendant que certains se la jouent, d’autres sont à la quête de tendresse, de bonheur, de protection, d’apaisement, en un mot de l’amour. Ce sentiment méconnu qui a le talent de changer la vie de plus d’un, les animaux y compris.

Croyez-vous qu’il existe autre chose qui puisse être plus puissant que l’amour au point de l’affaiblir ?  La Covid-19 peut être. Cette catastrophe mondiale qui n’a pas encore fini son tourisme enfreint effectivement les règles de l’amour. Beaucoup de couples se sont retrouvés séparés par sa faute.

Confinement, couvre-feu, fermeture des restaurants, toutes ces conséquences ont porté un coup d’arrêt à la vie sociale. Cette situation est d’autant plus difficile à vivre que l’issue de la crise est incertaine.

Alima Diop, 25 ans, a du mal à faire un calendrier pour sa vie de couple. Elle est en total manque : « Cela fait six mois que je n’ai pas vu mon petit ami. Avant la Covid-19, il passait me voir à la maison trois fois dans la semaine ;  mais, depuis quelque temps, on se fait des coucous qu’à travers les réseaux sociaux et par appel téléphonique. C’est effectivement décourageant car vivre l’amour à distance n’a jamais été une option pour moi. Je crois que malgré toutes les circonstances, se voir à la maison est bien possible. Mais je lui en veux pas trop… »

Au contraire, Khalil Sall, ce receveur trouvé confortablement assis dans sa case, masque jusqu’aux yeux, dit être en parfaite cohésion avec sa bien aimée : « Nous avions l’habitude de vivre notre amour à distance pendant qu’elle était en voyage. Donc à son retour coïncidant à la pandémie, nous n’avions pas eu de problème. Nous nous voyons quand l’envie nous fréquente. Nous sommes très responsables, nous nous protégeons et respectons les mesures, mais entre nous, impossible de respecter la distance. Nous n’avons pas peur de nous contaminer. Et même si cela arrive, nous l’assumons au nom de l’amour qu’on se porte. Nous nous aimons ».

Mouhamed Ndao, lui, vivait mal le confinement lors de la première vague de Covid-19. Il dit ne pouvait pas voir sa bien-aimée bien qu’ils gardaient contact à travers les réseaux sociaux. Il poursuit : « On a passé cette première épreuve. Rien n’a changé, au contraire, même si parfois c’était tendu, la distance nous a rapprochés. Ça m’a permis de découvrir une autre facette d’elle. Je me dis que quand on est amoureux, on sublime l’autre. J’avais peur qu’elle se lasse de moi à force de se parler toute la journée au téléphone. Mais même avec ce couvre-feu, je trouve toujours le moyen de la voir et de l’admirer comme je sais faire ».

Ceux qui sont sortis vainqueurs de cette épreuve sont les mariés. Et pourtant, il arrive qu’ils en payent un prix. C’est l’exemple du couple Guèye. Mariés depuis une semaine, Ibrahima Guèye et Ndèye Aïda ont célébré leur mariage dans un cadre typiquement religieux. Mais la Covid-19 a infecté leurs plans : « Ma femme rêvait d’un grand mariage. Notre projet a été nourri depuis un an, mais puisque c’est Dieu qui décide, nous nous sommes mariés durant la pandémie après cinq ans de relation. Madame voulait une grande cérémonie contrairement à moi. Le plus important, c’est qu’on soit désormais unis devant Dieu »,  livre M. Guèye.

En effet, sa femme partage la même opinion mais elle semble un peu découragée : « Ce n’est quand même pas intéressant de faire un mariage sans fête. Ça toujours été un rêve pour moi de partager mon bonheur avec mes amies. Mais peut-être que je pourrais me rattraper quand j’aurais un fils, Inchalla »,  raisonna-t-elle dans un haussement d’épaules.

L’amour est fort comme la mort. S’il est possible de faire porter les masques aux gens, de leur faire respecter les mesures barrières, il est par contre impossible de les empêcher de s’aimer. Même la Covid-19 aussi puissante qu’elle peut être, ne réussira pas à handicaper l’amour. Bien que par sa faute, des couples ont dû se reconquérir. Toutefois, il est important en cette période de crise sanitaire de donner à ceux que nous aimons de la présence, des raisons de rire et surtout de rester. Les célibataires vous n’êtes pas exclus : les parents sont à aimer !

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