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La pauvreté et la misère au bout des inondations Par Baye Saliou THIAM

À Dakar, à défaut d’un l’espace domestiqué et contrôlé, c’est l’inverse qui s’est produit : à force de l’occuper de façon spontanée et anarchique, il est devenu un fardeau, une pesanteur qui plombe tous les efforts de lutte contre les inondations. C’est dire que les inondations à Dakar ne sont pas le fruit d’une pluviométrie exceptionnelle. Il suffit d’observer le cadre de vie et les infrastructures dans la banlieue dakaroise pour se rendre compte de l’étendue de l’aporie vers laquelle nous mène cette urbanisation déréglée.

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Avec la récurrence des inondations, notre capitale est fatalement obligée d’offrir ce spectacle désolant d’une ville de misère et de mendicité industrielle. Le comble de cette anarchie est atteint avec la création de quartier où règne un « no man’s land » juridique. Assurer la sécurité ou assainir ces lieux est devenu un véritable casse-tête pour les autorités gouvernementales. Certains quartiers sont à la limite une sorte de négation de la notion même d’État : le non-droit qui y règne, l’insalubrité, l’insécurité et la déperdition scolaire qui y ont cours néantisent l’État jusque dans ses moindres fondements éthiques et juridiques.

L’histoire de la surpopulation de Dakar et de la clochardisation endémique qui y règne est en quelque sorte une forme d’inversion de la logique de la naissance des grandes villes. Dakar concentre la quasi-totalité du tissu industriel du pays, la totalité des institutions politiques et les plus grands centres commerciaux. Les biens et services n’existent pratiquement pas à l’intérieur du pays et même la vie culturelle semble avoir exclusivement élu domicile à Dakar. La conséquence d’une telle disproportion dans l’allocation des ressources du pays et dans la production des richesses est qu’on assiste à l’émergence d’un nouveau type de citoyen. Ce type de citoyen nouveau se sent exclu du système et est extrêmement frileux et hostile à toute forme d’adhésion aux différentes initiatives prises dans le sens d’une résolution ponctuelle des problèmes.

Les différents gouvernements qui se sont succédé à la tête du pays sont tous responsable de cette grande tare des villes sénégalaises. Quelle est alors l’origine d’une telle asthénie politique ? Y a-t-il aujourd’hui une solution pour sortir des inondations et son corollaire : la misère ? Aucune politique d’aménagement courageuse fondée sur une option rationalisée du cadre de vie du citoyen n’a été jusqu’ici mise en œuvre. Le défaut de planification préalable est aussi un obstacle à l’équipement en infrastructures de gestion des eaux pluviales notamment. C’est le domaine qui a le plus souffert de ce qu’on appelle le pilotage à vue et l’absence de courage de nos hommes politiques.

Durant des décennies, on a laissé des populations occuper des zones non habitables. Certes, il y’a eu une volonté politique à travers le Programme décennal de Lutte contre les Inondations 2012-2022 estimé à 767 milliards de francs CFA, mis en place par l’État du Sénégal avec des volets sur l’aménagement du territoire, la restructuration urbaine, le relogement et la gestion des eaux pluviales.

 

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