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La Mort Politicienne

 Politique politicienne 

Chronique d’une mort annoncée…

Cette grande scène de théâtre en plein air–la politique politicienne–tant décriée par les observateurs politiques a engendré de 2021 à 2024 des personnages grossiers dans un décor teinté de sang et de larmes, et connu son épilogue en mars 2024 ; une déferlante a balayé tous les doutes et libéré un peuple résilient et courageux dans sa détermination à s’affranchir du joug de l’injustice sous toutes ses formes.
L’Alliance pour la République (Apr) et sa coalition, avec à leur tête Macky Sall le président sortant, ont affronté le Pastef et sa coalition dont le chef de file Ousmane Sonko a imprimé dans l’esprit de la jeunesse des images très fortes d’homme de courage et de conviction. Ce dernier est passé par toutes les étapes de persécution imaginables jalonnées par des centaines de morts, de disparus et d’emprisonnés. Du jamais vu dans l’histoire politique du Sénégal : autant de victimes en si peu de temps ont créé une psychose qui avait fait craindre le pire pour la stabilité du pays.
En vérité, le pouvoir avait en face de lui un homme, jeune, courageux, intelligent et que personne n’attendait. Son parcours assez élogieux dans ce sens montre que de syndicaliste, cet inspecteur des Impôts et Domaines irréprochable en soi avait été limogé pour avoir débusqué les irrégularités fiscales des membres de l’assemblée nationale. Son renvoi sans salaire a produit un choc et provoqué son entrée en politique. Commence alors l’aventure de l’homme aux mains nues et propres, qui fera trembler le pouvoir en place jusques dans ses fondements les plus cachés. Et l’on a mesuré ainsi l’ampleur des dégâts et casseroles que les tenants du régime peinaient à dissimuler, allant de parjure en parjure. Sonko a une force de persuasion qu’il tire de sa connaissance des niches de fraudes et de l’observation des actions gouvernementales. En plus d’être un véritable tribun, c’est sa dénonciation des injustices rencontrées qui explique en grande partie que toute la jeunesse s’identifie à lui plus qu’à un autre. Sa force, il la tire également de la clarté de sa vision.
Aujourd’hui, Ousmane Sonko et ses alliés sont au pouvoir, le Pastef a gagné la “grande et longue bataille’’, la politique politicienne est à l’agonie, plus rien ne sera comme avant. Car nous avons beaucoup souffert de l’image à laquelle renvoie ce jeu politique sénégalais qui est celle d’un partage de gâteau.
Je reprends ici, pour finir, les termes de ma conclusion dans mes précédents écrits sur la politique politicienne.

Pour terminer, je pense que, pour gérer un pays, on a besoin de deux leviers : s’affranchir de la “tutelle étrangère’’ s’elle existe, par des Institutions fortes, reconnues et respectées par tous et pour le bien de tous et battre sa propre monnaie pour se libérer financièrement. Je pense aussi que la gestion de notre pays ne doit plus être laissée à la seule volonté de l’extérieur et des politiciens. Les politiciens doivent arrêter de penser que servir son pays, c’est se servir d’abord. La qualité de serviteur de la Nation doit être un véritable sacerdoce. Autrement, comment comprendre que les politiciens se bousculent bruyamment au portillon du pouvoir à la recherche d’une sinécure ? Ces hommes tardent à comprendre que de profonds bouleversements s’opèrent dans l’esprit collectif. Le peuple cerne à présent les contours de toute cette bruyante agitation.
Le rêve du peuple est de voir enfin ses besoins pris en compte. Que les valeurs qui avaient fait notre fierté soient retrouvées et raffermies. Dans l’histoire du Sénégal, des hommes généreux, intègres existaient, qui auraient fait la fierté de notre jeunesse par l’exemplarité de leur parcours si leurs vie avaient été mieux connues. Ceci pour dire que notre développement se fera par nous-mêmes, en restant nous-mêmes, enracinés dans nos valeurs. Le peuple rêve du jour où, à partir d’échanges larges et féconds entre les partis, s’exprimeront enfin deux ou trois formations aptes à parler en leur nom. Alors seulement, l’on pourrait légitimement nourrir l’espoir que de grandes réalisations seraient possibles.

Par ailleurs, pour donner corps à cette espérance, tout le monde doit se mettre à la tâche. L’expertise nationale qui existe doit être mise à contribution ; elle est dans tous les domaines, portée par des hommes dont l’intégrité est reconnue par tous. Notre pays a aussi besoin d’être inspiré, dans sa gestion, par une détermination à transcender les clivages et à travailler pour le bien-être de tous, dans un esprit de méthode et d’organisation. Cependant, aucun effort de développement ne sera possible sans une Autorité forte, des Institutions solides et des valeurs morales restaurées.