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La géhenne des Sénégalais de la Diaspora: Un véritable casse-tête entre titre de séjour, emploi-étudiant et cours en ligne Par Ismaëla SECK, Diaspocom, pour Le Devoir

En France, nonobstant le déploiement des Sénégalais de l’extérieur à travers les associations, l’instabilité est bien réelle depuis le confinement  chez les étudiants. Ceci, entre : renouvellement de titre de séjour, jobs étudiants et cours en ligne. Les étudiants sénégalais ont vraiment du pain sur la planche. Un véritable calvaire !

Pour stopper la circulation du virus, des mesures telles que la fermeture des universités, des commerces, des bars et des restaurants ont été prises dans le pays. Une difficulté énorme pour les étudiants sénégalais qui y vivent. D’autant plus que ces mesures ont de lourdes conséquences sur leur vie de tous les jours d’après notre confrère Ismaïla Seck de Diaspocom.

La fermeture des universités, des commerces, des bars et des restaurants fait partie des mesures qui ont été prises pour freiner la circulation du virus en France. Pour les étudiants sénégalais vivant dans le pays, c’est un nouveau coup dur. Ces différentes mesures ne sont pas sans conséquences sur leur quotidien.

Nous sommes à la résidence universitaire village 6, dans la ville de Bordeaux. Notre interlocuteur Ibrahima Salla Mbaye est  doctorant en histoire de l’Environnement à Montaigne. Même s’il loue les avantages qu’offrent les technologies dans l’enseignement supérieur, il reconnaît qu’ils (les étudiants) rencontrent beaucoup de difficultés avec l’enseignement à distance.

«En tant que doctorant, j’ai des difficultés à accéder à certains centres de recherche et de documentation. Les laboratoires de l’école doctorale Montaigne humanités ne fonctionnent plus correctement. Beaucoup de programmes et formations sont annulés ou repoussés», informe M. Mbaye.

Pour Ibrahima Mbodj, étudiant en Physique, son principal casse-tête est l’accès à internet pour suivre ses cours en ligne. Son avis est partagé par Youssoupha Tall, étudiant en Master en économie sociale et solidaire. « Quand on est confiné dans un appartement, on a des problèmes de motivation. A cela s’ajoutent les difficultés liées à l’accès à internet pour certains ».

Pour d’autres étudiants, le confinement et les cours à distance ne constituent pas de problèmes. C’est l’exemple d’Ednissia Tété Signou, étudiante en Licence 3 en Sciences juridiques. Selon elle, il n’y a pas beaucoup de différences entre les cours à distance et ceux en présentiel.

 « J’ai l’impression aussi d’être en salle. Et mieux, les étudiants réagissent plus derrière leur écran que devant le prof. Ils posent des questions et participent. Chose qu’ils ne faisaient pas pendant les cours en présentiel. »

Au-delà des problèmes pédagogiques, d’autres étudiants sont confrontés à d’énormes difficultés financières. Avec la fermeture de certains lieux accueillant du public comme les cafés, les bars et les restaurants, de nombreux étudiants ont perdu leurs emplois. Les primo-arrivants quant à eux n’en trouvent pas. Ces « jobs étudiants » leur permettaient de payer leurs charges (loyers et autres factures) et pour certains d’aider leurs familles au Sénégal.

Des étudiants sont parfois obligés de solliciter l’aide des assistantes sociales pour avoir de quoi payer leurs loyers ou satisfaire d’autres dépenses. Une chose qui n’est pas toujours simple selon Youssoupha Tall, étudiant en Master. « On nous demande parfois des justificatifs que nous n’avons pas », partage-t-il.

Toutefois, ce deuxième confinement est moins dur que le premier si on se fie à Souleymane Thiandoum. « On peut sortir pour faire certaines activités dans le respect des mesures édictées par les autorités. Le seul problème ce sont les cours à distance. Pour un étudiant en mathématique comme moi, c’est très compliqué de faire des cours à distance »,  déclare Thiandoum.

Une mobilisation des associations pour vaincre la précarité !

Dans beaucoup de villes en France, les Sénégalais ont fait parler la solidarité pour venir au chevet des étudiants confinés. C’était l’exemple à Bordeaux lors du premier confinement : toutes les organisations de la communauté sénégalaise s’étaient mobilisées pour que les étudiants ne manquent de rien. Le bureau consulaire, l’Association des étudiants sénégalais de Bordeaux, l’Union des travailleurs sénégalais de  France et même les partis politiques s’étaient activés pour apporter leurs soutiens. Du côté de l’Etat, c’est le service de gestion des étudiants sénégalais de l’extérieur auprès de son directeur Emile Bakhoum que les étudiants ont pu trouver de l’aide pour résister à la rigueur du confinement. Un soutien qui n’est plus d’actualité pendant ce nouveau confinement.

Le problème de renouvellement des titres de séjour !

L’autre casse-tête des étudiants sénégalais est le renouvellement des titres de séjour. Pendant le confinement, le ministère de l’Intérieur français a mis en place une plateforme en ligne pour le renouvellement des titres de séjour pour les étudiants étrangers. Seulement, cette dématérialisation des procédures empêche les étudiants de disposer d’un récépissé attestant leur demande de renouvellement de leurs cartes de séjour. Conséquence ? Beaucoup d’entre eux ont perdu leurs emplois. Certains sont menacés de licenciement et d’autres rencontrent d’énormes difficultés administratives.

Toutes ces difficultés se cumulent probablement à celles subies par tous les étudiants étrangers comme l’éloignement familial, le manque de relations sociales, d’activités physiques, l’isolement, l’angoisse, la dépression, l’impossibilité de se déplacer localement en France et à l’étranger et les impacts sur toute la société…

Pour les étudiants atteints de Covid-19, aucune aide n’est prévue pour eux à l’heure actuelle. Le programme « force Covid-19 » déroulé par l’Etat pendant le 1er confinement avec l’aide aux Sénégalais de la Diaspora et surtout les étudiants n’était pas de long terme alors que le virus continue ses ravages.

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