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Khalifa Sall sur la touche, Barthélémy Dias entre comme le remplaçant qui va changer le cours du match Par Mohamed Bachir DIOP

Pendant que la guerre commence à faire rage au sein du Parti socialiste pour la succession d’Ousmane Tano Dieng, en face, chez les Khalifistes, se dessine une autre bataille.

Générationnelle ?

Peut-être. Car, Khalifa Sall, le leader du Parti socialiste des valeurs, passe pour nombre de Socialistes comme un cacique.

Il a dirigé les Jeunesses socialistes avant de passer la main au défunt Babacar Mbaye. Puis il s’est installé confortablement dans un bureau politique constellé de vieux de la vieille comme feu Mamadou Diop, son mentor, feu Doudou Issa Niasse ou encore Aminata Mbengue Ndiaye. Quoiqu’il soit considéré comme quelqu’un de jeune, il totalise au minimum pas moins de 40 ans au Parti socialiste et ce n’est pas rien.

Aujourd’hui, en rupture de ban avec ses anciens camarades, il cherche un buzz politique qu’aurait pu lui donner son emprisonnement pour les raisons que l’on sait.

Mais depuis son élargissement, il n’occupe plus les devants de la scène : c’est plus Barthélémy Dias qui va au charbon et c’est lui qui est présent sur tous les fronts.

Alors qu’il devrait se montrer pugnace comme opposant, Khalifa Sall est aphone. Il ne proteste pas de son innocence pour les faits qui l’ont conduit en prison, non plus qu’il ne cherche à se positionner comme un leader incontournable dans l’opposition ni comme un futur candidat à quelque élection que ce soit. Si bien que nombre de ses partisans ne se retrouvent que dans le caractère offensif de Barthélémy Dias qui ne rate aucune occasion pour se mettre en selle face au gouvernement de Macky Sall ; son activisme lui vaut de passer non pas comme le numéro deux du Parti socialiste des valeurs mais comme le « guerrier » qui ne lâche jamais rien, comme le seul véritable opposant socialiste.

Car, même dans son fief électoral de Grand-Yoff, ses camarades lui reprochent son attentisme, pour ne pas dire sa « couardise » comme certains n’hésitent à franchir le pas pour lui jeter de grosses pierres.

En vérité, il faut aller chercher l’inaction de Khalifa Sall dans sa condamnation pour détournement de deniers publics et la grâce qui lui a été accordée par le président de la République. Aurait-il reçu des menaces de retourner en prison avant d’être libéré ? Car la grâce présidentielle n’efface guère la peine à laquelle quelqu’un est condamné. Et si Khalifa Sall fait montre d’un activisme débordant, il pourrait lui être reproché de n’avoir pas encore purgé la totalité de sa peine ou de ne pas s’être acquitté du remboursement des sommes qu’on le soupçonne d’avoir illégalement et indûment encaissées.

Quoi qu’il en soit son manque de dynamisme est déploré de part et d’autre et il ne fait rien pour rassurer ses partisans.

Du coup, ces derniers n’ont d’yeux et d’oreilles que pour Barthélémy Dias qui, lui se positionne en véritable opposant par ses interventions en public et son ton passionné. Sauf que ce dernier, pour cacher son jeu, se présente toujours comme un adjoint de Khalifa mais il cache bien son jeu car il sait que celui-ci est sous le coup d’une forte menace de retourner en prison et, le cas échéant, les militants du Parti socialiste des valeurs n’auront d’autre choix que de le désigner comme leur chef. Encore que même si Khalifa ne retourne pas à Rebeuss parce qu’il l’aura fermée, il n’est plus en bonne position pour prétendre à quelque leadership que ce soit. C’est le temps du changement générationnel.