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Keur Massar – Des manifestants pro-Sonko renversent tout sur leur passage Thialys

La détermination des jeunes visiblement acquis à la cause Ousmane Sonko a occasionné de nombreux dégâts dans la ville de Keur Massar où l’enseigne française, Auchan, a été saccagée et la circulation complètement déréglée, obligeant parfois des personnes à marcher des kilomètres et même à passer la nuit hors de leurs domiciles respectifs.

La ville de Keur Massar, comme d’autres localités chaudes de Dakar et du pays, a été malmenée jeudi par de jeunes manifestants à la détermination débordante. Les principales artères de l’entrée de la ville complètement sous leur contrôle, ils pouvaient dérouler leur plan, consistant à brûler des pneus et tout ce qui peut en servir de support.

Le nombre réduit des forces de défense et de sécurité, confinées visiblement à ne pas user de la répression, ne pouvait arrêter la furie de ces jeunes, principalement de 12 à 30 ans, criant « Libérez Sonko ! », et dont le nombre montait au fil des heures, convergeant vers le rond-point de la ville. Là, sur un petit périmètre, les gendarmes se défendaient sereinement. Les jeunes excités ne cessaient de leur balancer des pierres.

Au finish, le dernier « bunker », longtemps sous la surveillance bienveillante des gendarmes, a sauté. Laissant libre cours aux manifestants casseurs se servir à volonté et mettre le feu par la suite avant de quitter les lieux. D’autres boutiques et services moins chanceux subiront aussi des dégâts du même genre.

Cette situation a également fait de nombreuses victimes collatérales. Des voitures de transport venant de toutes les localités pour rallier la localité de Keur Massar étaient obligées d’écourter leur chemin, laissant des personnes de tout âge se débrouiller en se tapant des kilomètres à pied. Les chauffeurs intraitables, ne voulaient pour rien au monde risquer en allant plus loin. Les supplications des passagers, souvent des personnes âgées et des dames, n’y pouvaient rien. « Je n’ose pas avancer de peur que les manifestants ne cassent le véhicule », a-t-il dit. « C’est le bien de quelqu’un ; je ne peux pas donner l’occasion à des jeunes mécontents de le casser », a ajouté le jeune chauffeur, tentant de convaincre ceux qui le suppliaient d’avancer un peu plus vers Keur Massar.

D’autres personnes ont tout de suite déclaré morte leur journée de travail de vendredi 5 mars 2021. « Je préfère de loin ma vie à mon maigre salaire”, ajoute une dame. Cette trentenaire qui travaille au Plateau de Dakar va donc rester à la maison pour suivre les manifestations à la télévision. D’ailleurs, une autre dame raconte qu’elle a dû passer jeudi la nuit hors de son domicile qu’elle ne pouvait pas regagner. « Il faut qu’une solution soit trouvée. C’est avec regret que j’ai passé la nuit hier loin de mes enfants et de mon mari à cause de ces manifestations. Aucune voiture ne voulait bouger de Keur Massar », se lamente-t-elle. Une autre dame, habitant à Rufisque, a dû dormir chez une de ses cousines à Guédiawaye où elle travaille, pour les mêmes raisons. « Je viens d’arriver chez moi ce matin (vendredi) », nous assure-t-elle, notant que son service ne sera pas fonctionnel ce jour à cause des manifestations prévues dans l’après-midi.

Le Devoir