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Kaffrine, Kounghuel, Kaolack : le Triangle des Bermudes

Les K de Sonko : Kaffrine, Kounghuel, Kaolack

Disparu dans un triangle mais vivant

Qu’il ait décidé de lui-même d’interrompre sa « caravane de la liberté » ou qu’il en eût été forcé, à la limite, Ousmane Sonko devrait lui-même être soulagé des événements de la Pentecôte : pris en otage par les foules qui voulaient l’accompagner au palais, il aurait été bien en peine de se libérer de leur emprise ; au demeurant, il se serait fait huer devant cet inexplicable abandon.
Les incidents pendant lesquels il a failli perdre l’équilibre par deux fois au moins laissent à penser que l’homme était fatigué à peine parti ; à le voir affalé sur le siège du véhicule renforce ce sentiment de soulagement.

Fatigué, désorienté, affaibli, au point de ne pouvoir apprécier une hauteur d’où il a failli tomber de son piédestal, Sonko a un devoir de gratitude  envers le pouvoir qui le tire des griffes de ceux qui le prennent littéralement en otage ; cette attitude conciliante du pouvoir est peut-être à l’origine de  ce que certains apprécient sous forme de collusion qui ne dit pas son nom.
Il faudrait donc savoir gré aux autorités d’avoir su assurer la sécurité du leader de Pastef.
La réalité est en effet que, sous prétexte de « don de soi », Ousmane Sonko traduit un mal-vivre personnel d’une personnalité dotée d’une certaine ubiquité, d’un certain manichéisme qui part de vrai pour échafauder des théories à l’inverse du vrai mais vraisemblables.
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« J’accepte ce point de vue. Mais à mon humble avis, sans être d’une partie ou de l’autre, vous avez omis de faire une radioscopie des personnalités en présence. Cela pourrait peut-être expliquer le jeu d’ombre et de lumière que vous constatez.
Comme vous je me pose aussi des questions. Je ne connais ni ne fréquente aucun des acteurs. Mais les témoignages lus dans les médias me commandent la prudence dans mon appréciation globale. Voilà ce que je ressens à la lecture de ton article, fort bien écrit du reste . El Hadji Ibrahima Ndaw (ci-contre) ».
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Tenter de mettre le pouvoir en difficulté au point de se mettre soi-même en danger est une forme de Djihad que Sonko lui-même reconnaît dans son « don de soi » d’une formation politique sans densité morale : dans une société rajeunie et bouleversée par près de quarante ans de sacrifices jusqu’au Barca ou Barsakh, le terreau est là.
Le jeu de l’État aura donc été de le maintenir en vie, peut-être pour mieux l’exposer devant ses propres contradictions. À la limite, Sonko est dans une logique suicidaire et l’État fait tout pour le maintenir en vie. Paradoxal ?

P. MBODJE