GMT Pile à l'heure

La Ligne du Devoir

Journée de la femme: Faut-il réviser le cahier de doléances ? Par Khadidiatou GUÈYE Fall, Chef du Desk Société

Les femmes perçoivent mal l’objectif de cette journée qui est la revendication.

La femme est célébrée pour chaque année le 08 mars. Cette date donne l’opportunité aux femmes de dénoncer les inégalités par l’homme, de lutter pour leurs droits.
Cette journée de revendication n’est malheureusement pas passée à l’essentiel de sa cause première : les femmes en ont fait une journée de belles prestances et de folklore. Un rappel nécessitera une révision des revendications des femmes.

Comme chaque année, le 08 mars est célébré. Cette année, des affiches sont perçues un peu partout. Dans les grandes entreprises, les femmes s’attèlent à organiser des cérémonies à leur honneur. Les associations qui regroupent des femmes attendent cette journée pour se mettre en vue. Le folklore marque la plupart du temps ce jour qui devrait être une journée de revendications. Néanmoins, un petit nombre de femmes fustige cette journée traduite en un jour de fête. Beaucoup de raisons sont à l’origine.

Oulimata Ndiaye est une femme professionnelle travaillant pour une organisation basée aux États-Unis. D’après Ouli, le 08 mars n’a aucun impact dans la mesure où c’est tout un problème pour promouvoir les dames.

Sa belle-sœur Mariama Diop travaille à l’aéroport Blaise Diagne de Diass. Pour le 08 mars, les femmes de son département, à l’Aibd, comptent porter le même tissu afin d’harmoniser la fête.

Convaincue que les femmes sont en déviation avec l’objectif principal de la journée, Oulimata Ndiaye trouve inconcevable que les femmes s’activent à faire la fête le jour du 08 mars. « C’est tellement frustrant de voir les femmes en faire une fête. C’est ce qu’on voit les jours dans les entreprises. On prévoit un budget pour donner des tissus aux femmes. Les femmes doivent réclamer leur place due dans les entreprises face aux injustices dont elles sont victimes », soulève Oulimata.

Postes de responsabilités

Elle dénonce le refus des chefs d’entreprise de donner aux femmes des postes de responsabilités en conformité avec leurs diplômes: « Ils ne veulent pas donner des postes de responsabilités aux femmes tout simplement parce qu’ils se disent que la responsabilité familiale repose sur elles ; elles sont également responsables de la garde de leurs enfants. Donc si certaines responsabilités leur sont octroyées, comme travailler tard la nuit, ils gardent toujours en tête que les femmes sont avant toute chose maîtresse de maison, femme au foyer. Elles doivent gérer leur mari, leurs enfants, leur maison, leur famille en tout. Et le plus souvent, elles portent le poids de n’avoir pas accompli leurs devoirs de femme au foyer ».

Elle poursuit : « L’obstacle majeur c’est le fait de veiller jour et nuit sur ses enfants alors que pour l’homme ce n’est pas le cas ; par exemple, si l’enfant est malade, la première personne à désister d’aller travailler c’est la maman. Le papa n’a aucun souci pour cela. C’est la maman qui rate les réunions au bureau, c’est la maman qui l’assiste à l’hôpital s’il y a besoin d’être hospitalisé. Aucune responsabilité n’incombe au papa à part le paiement de facture de sortie et autre. Et au Sénégal, c’est une logique que la mère laisse son travail pour assister son enfant. Rien ne poussera le papa de l’enfant à s’absenter à moins que ça soit un cas grave. Les recruteurs tiennent compte de toutes ces choses ; c’est pourquoi les femmes ne bénéficient pas de postes de hautes responsabilités ».

Beaucoup de paramètres sont pris en compte par les recruteurs. Les femmes gèrent trop de choses à la maison pour pouvoir assurer un poste de responsabilité.

Oulimata se garde d’indexer toutes les entreprises : “Toutefois, des efforts sont sentis dans les grandes boîtes mais d’une manière progressive. C’est inadmissible d’être femme dans une entreprise d’avoir plus d’expériences et plus de diplômes que les postes soient privilégiés aux hommes”. Elle trouve cette attitude des recruteurs injuste.

Pour Sokhna Aïcha, mentor dans l’organisation dénommée Shine to load, la célébration de la journée n’a aucun impact. « Il faut passer aux actions maintenant car toutes les plaidoiries ont déjà été faites. Par exemple, revoir la loi du code de la famille sur l’autorité parentale » ajoute-elle aux doléances des femmes.

En tant que femme évoluant dans le monde professionnel, Sokhna Aïcha Sèye attend de “l’état une meilleure prise en charge des conditions de travail comme l’égalité sur les salaires, plus de nomination de femmes au poste de direction (tous les DG au Sénégal sont des hommes), et augmenter le délai du congé de maternité, etc.. » se projette le mentor des jeunes filles de Shine to load.

Elle a une vision pour la femme sénégalaise : « J’attends des femmes surtout sénégalaises qu’elles soient plus solidaires sur les questions essentielles qui touchent leurs droits et leur bien-être quotidien. Elles sont déjà braves et entreprenantes ».

Très engagée dans le domaine de l’éducation des filles avec l’association Shine to Lead, Sokhna Aïcha Sèye est la coordonnatrice des activités et responsable des cours au sein de l’association.

Pour cette année, elle célèbre le 08 mars non pas avec le folklore, mais avec un atelier de prise de parole en public avec un coach pour mes jeunes filles. « Au moins, l’impact sera qu’elles savent qu’elles ont droit à la parole et aient les clés nécessaires pour s’exprimer » s’encourage-t-elle.

Le folklore est d’habitude très présent le jour du 08 mars. Les femmes acceptent une belle étoffe avec de la collation accompagnée de l’ambiance pour laisser passer l’objectif primaire de cette journée marquante pour elles. Selon nos interlocutrices, l’opportunité de rafraîchir la mémoire aux autorités afin qu’elles tiennent compte l’importance que cela a pour les femmes.