Inédit : Modou Lô, la fureur chantée

Poème inédit

Xaragne Lô, la fureur chantée d’un pugiliste

De notre correspondant en France

Il pleut des vivats lointains
Autour des bûchers craints
Des hommes morts ici
La mort ne suffit plus
Au bruit assourdissant des alertes
Et l’amertume
Et la joie
Planent sur les oripeaux
Puis flambent les ciels euphoriques
Gorgés de nuages liturgiques
Il pleut des claques
Sur le visage de l’arène
Et derrière le roi
Un peuple de victoire
A l’heure des gloires
Sous les coups de boutoir
Et son bras droit s’étend
Vers le ciel couleur crépusculaire
Et son côté gauche
Empoigne l’ombre des mystiques
Foule en délire
Qui applaudit
Les célèbres gladiateurs
Comme à Rome jadis
La victoire est sur les toits
Brumeux et dans les gradins
Là-bas, l’atlantique bleu viole les migrants dispersés
Les nœuds des lianes entremêlées
Autour des troncs et des bustes
Baobabs tutélaires
Ces géants embourbés de rites éphémères
De nuits d’éclairs
D’ombre
De haine
Ils ont fait des mains des salutations
Qui embrassent la fraternité
Des peuples
Des mains libres mais barbares
Le refus du pardon
Pour récolter l’honneur
Sous l’appel des foules
Euphoriques et amblyopes
Gagner dans le noir
Dans la jungle de la nuit
Des combats
Et dans la savane du jour
Des amitiés
Voici la voie triomphale des héros
Qui sourient aux pleurs qui bruissent
Des saisons de lamentation
La vue
De mes yeux s’embue
Dans l’espoir lointain
En face des rois
Le roi des sables fins
Et des grèves alcalines
Pour la jeunesse
Pour la paix.

Tidiane SENE,

Toulouse