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Idrissa Seck, l’extinction d’un soleil

L’ ancien maire de Thiès renonce désormais à tout dès le 09 août 2022, sans avoir vu se réaliser son vœu le plus cher. Son combat, sa passion depuis ses années de tendre jeunesse a de tout temps été d’être le meilleur partout. Être second ne l’a jamais intéressé puisqu’il a toujours bataillé  pour être le numéro un, confie-t-il dans une interview. C’est la seule place, selon lui, qui mérite d’être convoitée.

Idrissa Seck

Idy abhorre la platitude dans son port vestimentaire, ses relations, les grosses cylindrées qu’il roule, la somptueuse résidence de Point E acquise depuis que ces quartiers étaient encore chics, les hôtels de luxe qu’il fréquente assidûment, ses références, ses amis de marque, l’éloquence d’un discours bien maîtrisé tant dans la langue de Molière que celle de Kocc Barma, la finesse des propos, les subtilités du langage savamment dosées.

Idy forçait le respect.

Il était parvenu au sommet de la gloire et acquis toute la confiance de son mentor jusqu’à constituer un tandem avec celui-ci au sommet de l’État capable de présider aux destinées du pays pendant de très longues années.

Mais l’homme n’avait pas que des qualités. Il était trop sûr de lui, de son charisme, de son talent, de son intelligence, si bien qu’il faisait peu attention aux critiques et remarques, pourtant indispensables à tout bon leader.

Élitiste à volonté, il était distant, inaccessible des masses populaires.

Il croyait dur comume fer qu’il avait la solution ; et la solution, c’était lui, l’As.

Idy est un homme sûr de son étoile, de son destin, qui avance sans prudence pour escalader les sommets de la gloire et des pouvoirs. Et il faut plus d’habilité d’intelligence, de modération pour marcher au pas des compatriotes qui, en dernière analyse, font l’histoire et décrètent le grand soir.

Idy croyant en sa belle étoile s’était engagé dans un duel épique contre Abdoulaye Wade, duel qui ne lui a apporté que des malheurs : Wade , avec son expérience et au sommet de l’État, lui en a fait voir de toutes les couleurs et l’a poussé à commettre des fautes irréparables, à perdre toute crédibilité aux yeux des Sénégalais. Lui et le père, dans ce combat inégal, il perd à tous les coups.

Exclu du Parti démocratique sénégalais (PDS) en 2005, Idy rend visite à Me Abdoulaye Wade à la veille de l’élection présidentielle de 2007.

Deux ans plus tard, en 2009, il dissout son parti le Rewmi, dans le PDS, pour en être exclu  de nouveau en avril 2011, parti dont il réclame être l’actionnaire majoritaire.

Puis c’est le tour de Macky Sall de composer avec cet allié “encombrant”, atypique, imprévisible et très difficile à gérer.

L’ ancien secrétaire général de la présidence qui rêvait d’etre le quatrième président de la République du Sénégal n’est pas encore au bout de ses peines : sorti avec un score décevant de 7,8%, loin derrière Macky Sall, plus de 18% pour son premier coup d’essai, Idy fut obligé de composer avec le bras armé de Abdoulaye Wade, son boy d’antan.

Exactement vingt mois après, Idy quitte la coalition présidentielle sans ses principaux lieutenants, ceux-ci, las sans doute des incessants va-et-vient,  ont préféré se sédentariser dans les prairies marrons-beiges.

Février 2019, Idrissa Seck, soutenu par une large coalition est deuxième à la Présidentielle, le poste de chef de l’opposition à portée de main. Il décida, contre toute attente, de répondre favorablement à l’appel du chef de l’État et se contentant de la présidence du CESE, une institution qu’il n’avait de cesse de fustiger budgétivore.

Donc Idrissa Seck va quitter la politique et le pouvoir sans vivre son rêve, être le premier Sénégalais, le président de la République du Sénégal, station qui trône sur toute l’étendue du pays.

Toutefois, les Sénégalais garderont de l’homme son fort : la communication avec ses piques acerbes qui tétanisent tout le corps de l’État et tournent en dérision son chef, sans que parmi ses inconditionnels il  y en ait un qui puisse lui porter la réplique adéquate