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Gamou 2020: Hommage aux Saintes épouses de Maodo Par Ndéye Fatou DIONGUE

Ce jeudi 29 octobre 2020, marque la célébration du Maouloud, comme tous les ans au Sénégal. Dans un contexte un peu plus particulier, cette année, le Khalif des Tidjanes, Serigne Babacar Sy Mansour, a décidé d’annuler le Gamou à Tivaouane, suggérant aux fidèles de le célébrer chez eux. Une décision fortement marquée par la présence de la Covid-19 au Sénégal.

Hommage aux Saintes épouses de Maodo

Seydi El Hadj Malick Sy (rta) a pris le « Wird » tidjane en 1877, avant de s’installer définitivement à Tivaouane où se tient depuis lors le Gamou ou Maouloud marquant la célébration de la naissance du Prophète Mohammad (Psl). Cependant, certains historiens racontent que le premier Gamou a été célébré à Saint-Louis avec El Hadj Rawane Ngom.

Malick Sy alla à La Mecque pour la première fois en 1888. Il en revient avec le titre de Khalife de la tidjaniya pour le Sénégal.

Dans son travail d’initiation au tidjanisme auprès des Sénégalais, il fut beaucoup aidé par les groupements omariens, eux-mêmes tidjanes.

Malick Sy fit une propagande discrète, surtout centrée sur la diffusion de la confrérie dans les centres urbains, avec la construction de mosquées et de « daaras » (écoles d’enseignement islamique), au Walo, au Cayor, au Fouta, au Djolof et dans le Sine-Saloum.

En Afrique subsaharienne, celui qu’on nommait aussi Maodo Malick Sy a beaucoup contribué à la propagation de l’Islam et de la confrérie soufie fondée par Cheikh Ahmed Tijani. Fin lettré, il est l’auteur de plusieurs ouvrages, dont « Qilâsu thahab » (l’or décanté).

Maodo s’éteignit le 27 juin 1922 à Tivaouane où il fut inhumé. Par la suite, ses fils ont perpétré la célébration du Maouloud. (Source : Ndarinfo)

Vie et œuvre du Saint homme

Seydi El Hadj Malick Sy est né vers 1855, au village de Dawfal, dans l’agglomération de Gaya, à l’Est de Dagana. Il est le fils de Ousmane (Demba Khourédia) Sy et de Fatimatou Wade Wélé.

Durant toute sa vie sur terre, il s’est posé en un serviteur infatigable de l’islam et de la Tarikha tidjanya qu’il contribua dans une très grande mesure à répandre partout au Sénégal et au-delà, via ses nombreux ”muqaddams” (grands disciples) qu’il forma et envoya dans plusieurs pays d’Afrique.

Le Saint homme avait un destin tout tracé qui le prédisposait à une telle activité. En effet, dès avant sa naissance, son père, qui ne le vit pas, avait fait cette recommandation à ses proches : « Si l’enfant que ma femme porte encore en son sein naît garçon, donnez-lui le nom de Malik afin qu’il soit possesseur (Malik) de ma bibliothèque ».

Ainsi, dès sa tendre enfance, il se lança dans de longues et complètes études coraniques qui le menèrent dans plusieurs villages du Sénégal et en Mauritanie. À ce propos, il fréquenta les ”daaras” du Fouta, du Walo, du Cayor et du Sine, avant d’aller terminer ses humanités auprès des grands maîtres chargés de lui inculquer la mystique musulmane.

Étude du Saint Coran

A l’âge de 8 ans, il fut amené par son oncle paternel Amadou Sy dans le Djolof, à Sine, près de Sagata, le village de sa famille paternelle. Revenu à Gaya, il ira suivre des cours auprès de Ngagne Kâ, maître d’école Wolof pendant plusieurs mois et à Tiarène, dans le cercle de Matam, auprès de Mor Bassine Sarr. Puis il alla chez le marabout Abdou Bitèye à Lougué (dans le cercle de Saldé) et chez Mamadou Top à Podor pour y achever l’étude du Saint-Coran.

Malick Sy avait dix-huit (18) ans quand il reçut le Wird tidiane et la capacitation (Ijaza) de son oncle maternel Alfahim Mayoro Wélé.

Le Coran achevé, il attaqua immédiatement la Théologie et l’Exégèse avec “les Aqaîd de Sénoussi” à Gaya puis à Ndombo Allarba chez le Maître Mor Sine Kane pour le “Fiqh”.

Il entama le Droit à Bokhol chez Serigne Masse Ndiaye et alla le poursuivre à Keur Kodé Alassane auprès de Mamadou Mbathie et chez Serigne Mor Kala Sèye à Taïba Sèye (Ajurrumiya et Muqaddima Al kukiyya).

Son arrivée à Saint Louis

C’est après son premier cycle d’études qu’il débarqua à Saint-Louis où il s’inscrivit auprès du Maître réputé Amadou Ndiaye Mabèye en littérature et en Grammaire (Maqâmât de Hariri).

Ensuite, il ira dans le Ndiambour à Ndiabali chez Mor Barama Diakhaté où il étudiera le tome I du “Khalil” et “Ibn Ishaq”.

Puis à Thilla Daramane chez Masylla Mané pour le tome II et “Alfiyya “.

-Chez Maguèye Awa à Ngadde Demba (Al Akhdari).

-Chez Mour Diop Nguirane à keur Kodé Alassane (Rissâla).

-Chez Thierno Yoro Baal à Thilogne (Ihmirar).

Et chez Mouhamed Ali Al- Yaqûbi Al Alawi en Mauritanie.

Les nobles épouses de Seydi El Hadj Malick Sy (rta)

Elles sont au nombre de quatre :

– Sokhna Rokhaya Ndiaye,

– Sokhna Safiétou Niang,

– Sokhna Yacine Dieng

– et Sokhna Anta Sall.

Sokhna Rokhaya Ndiaye

Première épouse de Seydi El Hadji Malick Sy (rta).

Sokhna Rokhaya était caractérisée par sa forte tendance à la dévotion et au Saint Coran.

D’origine toucouleur et de source saint-louisienne, Sokhna Rokhaya Ndiaye est née vers 1860 à Saint-Louis de Aly Boye Ndiaye et de Khar Yalla Sidy. Rose Sidy, Khar Yalla Sidy et Diyâna Sidy sont de même père et de même mère.

Khar Yalla Sidi est mariée à Ali Boye Ndiaye et leurs enfants sont : Rokhaya Ndiaye Ali Boye, Marème Ndiaye Ali Boye, Oumou Khayri Ali Boye, Ndèye Ndiaye Ali Boye.

C’est Sokhna Rokhaya Ndiaye elle-même qui a porté son choix sur Seydi El Hadj Malick Sy (RTA), au détriment des cadres et riches commerçants saint-louisiens.

En venant de son Gaya natal pour s’installer à Saint-Louis, point de rencontre des érudits venant de Mauritanie et d’ailleurs, foire aux livres saints les plus rares, Seydi El Hadj Malick Sy fut accueilli par la famille de Sokhna Rokhaya Ndiaye, en particulier chez sa tante Rosso Sidy, sa mère étant décédée tôt.

Les Saint-Louisiens ne connaissant pas le jeune Malick Sy l’appelaient “Ndioloum Fouta mi”, étant élancé de taille et venant du Fouta, localité abritant son Gaya natal.

Arrivé à Saint-Louis, El Hadj Malick Sy fut orienté vers la maison de Abdoulaye Sèye, un homme de biens qui aidait les hommes de sciences. C’est dans cette maison qu’habitait Sokhna Rokhaya Ndiaye qui allait être sa première épouse.

Le jeune Maodo qui disait ne pouvoir prier que dans une mosquée, presque inexistante en, ces temps-là, même à Saint-Louis, avait divisé la case en deux parties, une servant de mosquée et l’autre de dortoir ou chambre.

Étant très jeune, c’est Sokhna Rokhaya qui amenait son repas quotidien et a été séduite par la sainteté du saint homme, la manière dont il récitait le saint coran, son attachement à la Sunnah du prophète Mohamed (psl)… Un jour, elle confia à sa famille : “Goorou Yalla gui déy, koumako may, ma sey ak moom djâmou si Yallah” (Si l’on me mariait à ce saint homme, je l’épouserai pour l’amour de Dieu).

Ce qui ne plaira pas à sa famille, car préférant les riches commerçants qui leur apportaient des poissons fumés et autres produits de la mer, pour séduire Sokhna Rokhaya et la détourner du saint-homme professeur en sciences islamiques.

Ne pouvant rien à la détermination de Sokhna Rokhaya, le mariage fut célébré en 1879…

De leur union sont nés : deux garçons (Sidi Ahmad et Serigne Babacar) et quatre filles (Fatimatou, Astou, Khadidiatou et Seynabou qui décéda à Ndiarndé).

Sokhna Rokhaya Ndiaye est décédée à Louga, où se trouve son mausolée, reposant près de sa fille Sokhna Astou Sy.

Sokhna Safiétou Niang

Nièce du Bourba Djolof Alboury Ndiaye, Sokhna Safiètou Niang est la deuxième épouse de Seydi El Hadj Malick Sy qui l’épousa en 1887.

Femme aux multiples vertus, un jour, alors que des voyageurs arrivés tard dans la nuit pour rencontrer le vénéré Seydi El hadj Malick Sy, ne trouvant pas de bois pour leur préparer à manger, elle n’hésita pas à briser le pied de son lit pour offrir le repas du soir à ces voyageurs.

Seydi Elhadj Malick Sy dédia un poème célèbre en l’honneur de Sokhna Rokhaya Ndiaye et Sokhna Safiètou Niang, chantant leurs mérites et leur dévouement au Créateur.

Sokhna Safiètou Niang eut quatre garçons avec le saint homme :

El Hadj Mansour, El Hadj Abdou Aziz Dabakh, El Hadj Habib et Alioune décédé très jeune à Diacksao.

Et cinq filles : Fatimatou, Assiétou, Oumou Kalsoum, Rokhaya et Nafissatou.

Sokhna Yassine Dieng

Fille de Mor Massamba Diéry Dieng, un commerçant et notable de Saint-Louis. Epousée en 1891, elle eut avec Seydi El Hadj Malick Sy deux garçons et deux filles : Ousmane, Cheikh Tidiane, Aïda et Oumou Khayri.

Sokhna Anta Sall

Veuve léboue dont le premier mari Abdoulaye Seck affecta à Seydi El Hadj Malick Sy la cour de sa maison pour les séances de Wazifa. Elle n’a pas eu d’enfants avec le saint homme.

Source : Asfiyahi

 

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