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Futures élections locales: Des risques pour le pouvoir, des incertitudes pour l’opposition Par Mame Gor NGOM, Rédaction centrale, Le Devoir

Les élections locales ont une nouvelle fois été repoussées au 31 janvier 2022 ; elles devaient avoir lieu avant le 28 mars. Un troisième report. 

Le dernier scrutin local au Sénégal a été organisé le 29 juin 2014.  Les résultats n’ont pas été fameux pour le camp de Macky Sall. Plusieurs leaders de Benno Bokk Yakaar ont été battus dans leurs fiefs respectifs.

Des villes symboliques ont échappé au pouvoir élu en 2014. Un désaveu, disait-on à l’époque. Quelques barons de l’Alliance pour la République (Apr) avaient su “sauver les meubles”.

 Aly Ngouille Ndiaye qui occupait alors le ministère de l’Industrie et des Mines a été réélu à Linguère. Entre-temps, il a été ministre de l’Intérieur avant d’être limogé. Récemment, il a organisé un forum sur l’emploi dans son fief. Une manière de préparer les futures échéances locales. Tout porte à le croire.

À Fatick, le fief de Macky Sall, l’honneur a été sauvé en 2014. La mairie a été remportée par Matar Bâ, successeur de l’actuel président à la mairie. L’Apr a de fortes chances de remporter encore les élections dans cette localité même si les divergences internes persistent.

À Kaolack, le ministre Mariama Sarr avait réussi la prouesse de gagner les élections. Si des compétitions sont organisées aujourd’hui, il n’est pas évident que le même scénario se reproduise.

Et à Guédiawaye, dans la banlieue dakaroise, le jeune frère du chef de l’État, Aliou Sall, s’est imposé. Pourrait-il rééditer le coup si l’on sait que le contexte est lourd, de nouvelles forces sont nées et Malick Gakou président du Grand Parti aimerait bien prendre sa revanche.

Yoff avait échappé à la “défaite de Dakar”. La razzia était remarquable. Taxawu Dakar avec Khalifa Sall a gagné haut la main, précipitant le limogeage d’Aminata Touré Premier ministre et tête de liste de Benno Bokk Yakaar dans la capitale.  Les choses ont quelque peu bougé : Sall n’est plus maire et beaucoup de ses partisans maires ont rejoint le camp présidentiel. On peut citer notamment Moussa Sy, actuel maire des Parcelles assainies, Banda Diop, maire de la Patte d’Oie, Jean Baptiste Diouf, maire de Grand Dakar. Ces derniers vont-ils peser lourd dans un futur proche ?

Des villes comme Podor sont entre les mains de l’opposition. Aujourd’hui, son maire Aïssata Tall Sall est dans le camp du pouvoir. Même scénario à Ziguinchor où le maire Abdoulaye Baldé de l’Union centriste du Sénégal (Ucs) avait réussi à “garder” son fauteuil.  Aujourd’hui, il n’est plus opposant.

Thiès est pratiquement dans la même situation : l’actuel maire Talla Sylla était alors allié d’Idrissa Seck contre Macky Sall. Aujourd’hui, ils sont tous les deux avec le pouvoir.

Nouvelles réalités…

A noter que l’espace politique a connu des bouleversements par rapport à 2014. Il y a eu les législatives et la présidentielle de 2019. Il y a eu la donne Ousmane Sonko arrivé troisième à la dernière présidentielle. Il y a aussi “l’usure du pouvoir” qui peut être fatal aux gouvernants actuels. Il est illustré par les manifestations en début mars.

En 2014, plus de 5,3 millions d’inscrits étaient appelés à choisir entre plus de 2.700 listes de partis ou de simples citoyens. Ce qui a été considéré comme un record si l’on sait qu’il avait 1.600 listes aux dernières locales de 2009.