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Exigence d’une date consensuelle pour les locales: Vers une confrontation entre l’opposition et le pouvoir ? Par Charles Thialys SENGHOR, Desk politique Le Devoir

A cause de l’absence d’une date consensuelle pour la tenue des élections locales, on se dirige vers une confrontation entre une opposition déterminée à faire fléchir un pouvoir qui s’agrippe au report des échéances.

La commission « restreinte » sur le report des élections locales va donner ses délibérations. Son objectif est de trouver une date « consensuelle ». Celle arrêtée par la majorité présidentielle a été contestée par l’opposition et une partie de la Société civile.

Devant la détermination de l’opposition, notamment regroupée au sein du Front national de résistance, la majorité a-t-elle reculé pour mieux sauter, en acceptant de nouvelles négociations pour arriver à une date qui pourrait « arranger tout le monde » ? Entre la date fixée par le pouvoir « le 31 janvier 2022 » et celle de l’opposition qui demande de tenir ces élections le « 31 décembre 2021 ».

Cette opposition ne compte rien lâcher. Elle s’est engagée à s’organiser pour faire face au régime de Macky Sall qui, selon elle, veut permettre aux conseillers municipaux et territoriaux de s’éterniser à leurs postes, de manière « illégale ».

La majorité présidentielle devra aussi faire face à la colère des travailleurs des collectivités territoriales. Ils poussent pour les faire partir, ces élus qu’ils considèrent comme « illégitimes » et qui ne font pas avancer leurs instruments de travail, les mairies et les conseils départementaux. Le secrétaire de la fédération générale des travailleurs du Sénégal (FGTS), Sidya Ndiaye, appelle au respect du calendrier républicain. Mieux, il demande à l’Etat de prendre ses responsabilités en mettant en place, au plus vite, des délégations spéciales sur l’ensemble du territoire national.

Les syndicalistes soulignent qu’il est inacceptable de « reconduire indéfiniment des mandats devenus caducs ». « Pour des questions d’éthique et de justice, on devrait mettre tout le monde au même niveau, à travers des délégations spéciales. Toute autre chose ne sera que politique politicienne pour maintenir une situation qui ne saurait trop durer », souligne Sidya Ndiaye. Selon lui, les explications de l’Etat ne sauraient tenir car les élections se déroulent dans tous les pays malgré la situation de crise sanitaire.

Visiblement, le pouvoir n’est pas prêt de lâcher du lest. La sortie du président de l’Assemblée nationale, membre influent de la coalition Benno bokk yakaar, suggérant que les élections se tiennent en février 2022, ne doit pas être fortuite. Cette issue ne passera pas par une exigence. Lorsqu’il recevait la Société civile au mois de mars après les violents événements, dans le cadre de l’apaisement du climat politique et social, Macky Sall déclarait qu’il n’acceptera jamais qu’on lui exige de faire quoi que ce soit. « Nous sommes dans un pays de dialogue. On peut discuter et trouver des pistes de solutions. Mais l’Etat doit rester fort et les institutions fortes. On ne doit accepter d’affaiblir les institutions », avait-il prévenu.

Le régime du président Macky Sall cherche une issue de sortie. Et elle passera certainement par une décision qui devrait arranger toutes les parties en conflit sur le report des élections locales. Macky Sall devra-t-il, dans son décret, couper la poire en deux, lâcher complètement du lest ? Rien n’est moins sûr.

Mais le pouvoir, ballotté par une certaine opinion publique, une opposition engagée à lui barrer la route et une société civile qui se veut garante du respect du calendrier républicain, le régime de Macky Sall devra faire le choix.