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États-Unis : Joe Biden président, quelle serait sa politique dans le monde arabe ?

Si l’ancien vice-président de Barack Obama fait chuter Donald Trump le 3 novembre, comment et avec qui décidera-t-il de sa politique étrangère envers le monde arabe ? Éléments de réponse.

Sur son site officiel de campagne, Joe Biden s’adresse longuement aux électeurs musulmans de son pays. Le candidat démocrate à la présidentielle américaine de novembre 2020 sait que leur vote dans des États comportant de fortes communautés musulmanes, comme le Michigan ou la Floride, aura un impact décisif sur les résultats.

Au-delà des questions américano-américaines, il n’ignore pas que ce qui compte à leurs yeux, c’est la politique étrangère américaine dans le monde musulman. Aussi, il décline ses bonnes intentions à ce sujet. La principale ? L’annulation du « Muslim ban », surnom donné au décret de 2017 interdisant l’entrée aux États-Unis aux personnes en provenance d’Iran, d’Irak, de Libye, de Somalie, du Soudan, de Syrie et du Yémen.

Dans ce contexte, Joe Biden a nommé en mars Farooq Mitha conseiller principal pour sa communication en direction des musulmans. Originaire de Floride, l’homme met tout en œuvre pour les convaincre que son candidat représente « l’idéal ». Mais le message ne passe pas forcément, notamment auprès des activistes américano-palestiniens.

Israël-Palestine : pas assez à gauche ?

Sur le dossier brûlant du conflit israélo-palestinien, Amr Zhar, comédien et conférencier d’origine palestinienne, estime même que l’équipe de Biden utilise une rhétorique dangereuse. Elle aborde la question « sous l’angle religieux, effaçant de facto les chrétiens palestiniens. Le but étant de renforcer l’idée fausse selon laquelle le dialogue interconfessionnel peut conduire à une solution éventuelle », expose-t-il.

Rashida Tlaib, première femme d’origine palestinienne élue à la Chambre des représentants, représentante du Michigan, affiche des réserves vis-à-vis de la candidature de Biden. Récemment, elle a refusé de signer, aux côtés d’autres personnalités musulmanes, dont sa collègue, Ilhan Omar – qui soutient comme elle BDS, un mouvement de boycott d’Israël – la lettre « Un million de votes musulmans ». Proposée par l’association Emgage Action, cette missive a pour but d’encourager les musulmans à se rendre aux urnes.

« En agissant ainsi, Tlaib tente de faire pression sur Biden pour qu’il opte pour une approche plus à gauche sur le dossier palestinien », explique Ivan Eland, directeur du Center on Peace and Liberty à l’Independent Institute. Comme l’ancien candidat à l’investiture démocrate Bernie Sanders, l’élue du Michigan insiste pour que les souffrances des Palestiniens ne soient pas ignorées.

Mais Ivan Eland se montre pessimiste : « Après Trump, le plus grand allié de l’État hébreu dans l’histoire du pays, un démocrate optera sans doute pour une politique plus traditionaliste. Mais il ne pourra pas faire machine arrière ».

Avec Jeuneafrique