Etats du Sahel-Maroc : Retard de la politique d’intégration
Alliance des Etats du Sahel-Maroc
Mauvaise intégration régionale
La réflexion sur les relations entre l’Alliance des Etats du Sahel qui cherche un exutoire vers le Maroc pose de vrais problèmes en matière d’intégration économique sous-régionale et régionale : le bilan de l’intégration sous-régionale, à l’échelle de l’UEMOA, reste à faire ; il faut néanmoins constater que les « flux intra-régionaux » en matière de circulation des marchandises et des capitaux reste faibles.
De grands projets ont été lancés depuis plusieurs années dans les huit pays de l’UEMOA mais ces projets, curieusement, n’ont pas été financés par les banques et autres institutions monétaires de l’UEMOA, notamment dans le secteur de l’énergie : pétrole et gaz par exemple au Sénégal avec les projets GTA (extraction du gaz naturel et liquéfaction du gaz naturel) et Sangomar (pétrole brut). Il faut le regretter, même s’il est généralement admis que les projets liés à l’énergie nécessitent des capitaux importants.
L’analyse des balances commerciales des huit pays de l’UEMOA devrait révéler et illustrer un « retard à l’allumage » des politiques d’intégration… Même dans le domaine de la formation des cadres et techniciens supérieurs, les initiatives attendues dans ce domaine n’ont pas été prises.
Les huit pays de l’UEMOA devraient pouvoir élaborer ensemble une stratégie d’intégration «voie terrestre-voie ferroviaire-voie fluviale » sur le modèle élaboré à l’époque mais jamais réalisé entièrement par le Mali à Ambidédi pour l’approvisionnement du Mali en hydrocarbures.
La stratégie du Maroc à l’égard des pays de l’AES qui appartiennent tous les trois à l’espace UEMOA donne à réfléchir.
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« Raffinage communautaire »
J’ai la chance d’avoir travaillé dans un secteur où cette intégration était possible ; J’avais même tenté à l’époque mais sans réussir de faire entrer l’Etat du Mali dans le capital de la Société Africaine de Raffinage.
C’était une stratégie en vue de sécuriser l’approvisionnement en produits pétroliers du Mali.
Le « raffinage communautaire » s’inscrit dans la stratégie d’intégration
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L’Algérie est évoquée ainsi que le Sahara occidental.
La crise du Sahara occidental qui a opposé et qui continue à opposer l’Algérie et le Maroc a été réglée par l’ONU et par l’OUA (devenue Union africaine) ; cette crise a entraîné; en 1975, une vive tension entre l’Algérie et le Sénégal mais pas seulement…
Les relations entre l’Algérie et le Sénégal ont ensuite évolué dans le sens des intérêts bien compris des deux pays et des liens d’amitié qui ont toujours existé.
L’Algérie et le Maroc ont tenté d’apaiser leurs relations mais des tensions ont été ravivées au cours des dernières années et elles tardent à se dissiper : le Maroc tient toujours à « son débouché sur l’Atlantique », notamment pour les phosphates ; le Maroc voudrait pouvoir offrir ce « débouché sur l’Atlantique » aux pays de l’AES.
L’ancien ministre Mamadou Diop Decroix a procédé récemment dans une contribution argumentée à la réfutation de plusieurs thèses, notamment en matière de transport terrestre et de création de port. Il a rappelé la place que le Sénégal devrait tenir dans ce domaine.
Les pays de l’AES ont fait le choix en cherchant un rapprochement économique avec le Maroc étonnant et surprenant… Les pays de l’AES cherchent à « desserrer l’étau » mais leur choix récent mérite réflexion.
Les trois pays de l’AES connaissent l’espace économique de l’UEMOA et les avantages économiques offerts par plusieurs pays, Côte d’Ivoire, Sénégal, entre autres.
Parmi ces trois pays, le Niger extrait de son sous-sol du pétrole et une raffinerie – la troisième de l’espace UEMOA- a été construite à Zinder, la SoraZ, la Société de Raffinage de Zinder. Nous avions, dès 1997, proposé une « intégration des outils de raffinage dans l’espace UEMOA » avec la SIR en Côte d’Ivoire et la SAR au Sénégal. Cette intégration qui n’a pas été réalisée, hélas, pourrait comprendre aujourd’hui la SORAZ du Niger.
Plusieurs secteurs d’activité de l’espace UEMOA restent totalement ouverts à l’intégration.
Ababacar Sadikh Diagne auteur d’une contribution à ce sujet a rappelé le « modèle Air Afrique » qui dépassait l’espace UEMOA mais qui reste le « modèle à réimplanter » sur le continent en le «réinventant »… Dans le secteur de l’énergie, celui du pétrole et du gaz notamment, l’Algérie devrait pouvoir offrir un partenariat fructueux à plusieurs pays de l’espace UEMOA. Son expérience est connue et appréciée en Afrique et dans le monde et ses moyens sont importants.
Il faut rappeler que l’Algérie a formé de nombreux cadres et techniciens africains (Sénégal, Niger, Bénin, Mali, Angola, Gabon, Madagascar, Mauritanie, Tchad, etc…) dans le secteur du pétrole et du gaz. En 1964, deux ans après son accession à l’indépendance, l’Algérie a créé, à Boumerdès près d’Alger, le « Centre africain des Hydrocarbures et des Textiles » devenu en 1974, l’Institut National des Hydrocarbures et de la Chimie ( INHC). L’espace UEMOA devrait rester un espace d’intégration sous-régionale.
Le Sénégal doit continuer à jouer son rôle politique, économique et culturel dans le domaine de l’intégration sous-régionale et régionale. L’heure de l’intégration africaine a sonné.
« Homme, quand l’heure sonne; sois prêt »…
Vovo Bombyx