GMT Pile à l'heure

La Ligne du Devoir

Emigration clandestine: Nouvel Accord Sénégal-Espagne

ÉMIGRATION CLANDESTINE

 

Dakar et Madrid nouent une alliance

pour traquer les récalcitrants

Par Charles SENGHOR

Le « Devoir »

Le Sénégal, incapable aujourd’hui de faire barrage aux milliers de jeunes désireux changer d’aller se construire un meilleur avenir en ralliant de manière irrégulière l’Espagne avec des navires de fortune, a trouvé un soutien. Mais cet appui n’est pas nouveau en la matière puisque les deux pays collaborent depuis 2006.

 

 

En rendant visite le week-end dernier à son homologue sénégalaise, Me Aïssata Tall Sall, la ministre des Affaires étrangères espagnole, Arancha Gonzalez Laya, a fait de grandes annonces.

Il s’agit en particulier de l’envoi d’un avion de surveillance avec 15 soldats à bord et un navire océanique de 25 autres soldats pour renforcer les troupes du détachement espagnol. Dans la même dynamique, elle a annoncé le rapatriement de tous les émigrés sénégalais, aujourd’hui, parqués notamment dans les îles Canaries.

A travers ce dispositif, les polices espagnole et sénégalaise vont unir leurs forces pour mieux faire face à la vague de pirogues irrégulières qui débarquent aux îles Canaries. A partir des eaux sénégalaises, les forces policières sénégalaises et espagnoles vont traquer les récalcitrants.

Partenariat de longue durée

Mais au fait, que peut rapporter ce renfort au Sénégal contre la volonté de ces jeunes, visiblement conscients des rangers mais qui tiennent à tenter le coup?

Dakar et Madrid ont une longue collaboration datant de 2006, avec l’aide de Frontex, sur la lutte contre l’émigration clandestine. Le 21 juillet 2009, les deux capitales ont prolongé leur accord de coopération en matière en de lutte contre  l’immigration clandestine vers l’Europe.

Même s’il a permis de réduire les flux de vagues humaines d’émigrés en direction de l’Europe en général et de l’Espagne en particulier, il ne l’a pas anéanti. En 2005 et 2006, des milliers d’immigrants clandestins étaient parvenus à rallier l’Espagne par la mer. Le même phénomène a repris avec force depuis quelques mois, malgré la crise sanitaire liée à la pandémie du Coronavirus.

 Satisfecit au Sénégal

En tout état de cause, pour le Sénégal qui peine à faire face à ce phénomène qui a fini d’emporter des centaines de ses fils, ce nouveau système proposé par le royaume d’Espagne sera efficace. C’est du moins ce que dit un spécialiste, en l’occurrence, Bassamba Camara, Commissaire divisionnaire de classe exceptionnelle à la retraite. « Aujourd’hui ce qu’il y a lieu de comprendre, c’est qu’on va vers un renforcement de la coopération entre la police sénégalaise et la police espagnole. Donc il y a, peut-être, des rapports de coopération qui existent entre les deux polices. Mais je ne pense quand même pas que les policiers espagnols vont venir faire tout le travail à la place des policiers sénégalais », a-t-il soutenu chez nos confrères de iRadio.

Pour cet officier de police supérieur, cet apport espagnol est un plus dans la lutte contre l’émigration irrégulière car, « quand il y a renforcement de moyens techniques, de moyens humains, c’est toujours une plus-value ». C’est pourquoi, ajoute-t-il, « c’est une bonne chose, une bonne opportunité à saisir ».

Quid des questions de souveraineté ? L’officier n’y croit pas. Il indique que les membres des forces de sécurité concernés sont assez bien outillés pour faire ce travail. Puisque le reste est une question d’assistance technique entre les deux parties pour venir à bout de cette immigration clandestine.