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Émeutes-vandalisme: Le Sénégal affamé, Auchan vidé de ses denrées Khadidiatou GUÈYE Fall

Le vandalisme manifeste

L’affaire de Ousmane Sonko prend une autre tournure. Accusé pour viol et menace de mort par une masseuse du nom de Adji Sarr, le leader de Pastef endosse d’autres charges, à savoir troubles à l’ordre public et appel à l’insurrection. Des manifestations ont marqué cette première semaine du mois de mars : des « Supérettes » sont encendiées après avoir été vidées. Le banditisme se camoufle dans les manifestations.

L’objet de ces mouvements d’humeur est, à priori, la libération de Ousmane Sonko et décrier la situation alarmante du pays. De l’autre côté, les élèves ont envahi les rues de la banlieue pour manifester leur désaccord avec l’arrestation de certains enseignants. Ces agissements notés dans toutes les régions du Sénégal sont accentués par des actes de vandalisme flagrant. Des stations ont été saccagées puis brûlées. C’est le cas de la station de Dior située aux Parcelles assainies. D’après nos sources, les manifestants n’ont pas épargné la boutique de ladite station située en face l’école Dior. Des points Auchan ont payé cher. Dans toute la région de Dakar, les points Auchan ont été vidés de leurs produits puis brûlés. A Keur Massar, deux cadavres ont été retrouvés le lendemain du saccage du point Auchan. Dans d’autres supermarchés, les produits volés et incendiés laissent les lieux dans une situation désolante. Des voitures pillées, des routes impraticables, un tapis de pierres, des tessons de vitres, des pneus brûlés, des cantines fermées, c’est un pareil décor qui a mis en exergue la fureur et la colère du peuple sénégalais. Ces actes de vandalisme sont axés vers les firmes françaises, semblerait-il. Des agences de la Sonatel ont pris leur part.

Certains citoyens condamnent ces faits qui n’ont autre nom que “Vandalisme”.

Daouda Hann, un gestionnaire des ressources humaines et président d’une petite entreprise de la place, déplore la situation du pays. Pour lui, le pays est en train de vivre les moments les plus troubles de son histoire. « Il y a un président du nom de Macky Sall qui voulant éliminer un adversaire politique a mis en scène un complot par le biais d’une masseuse du nom de Adji Sarr”, a-t-il constaté.

Selon Daouda, cette supposée histoire de viol a engendré les dégâts notés. Notre interlocuteur fustige ces désagréments qui laissent sans voix : ” Je pense que la situation politique pourrait prendre un tournant des plus tragiques. Macky Sall risque de ne pas terminer son mandat face à cette révolte citoyenne généralisée. Nous avons vu les nombreux mouvements de contestation et de révolte. Nous voyons un peuple qui en a marre d’être dirigé par des personnes incompétentes et violentes qui pillent nos ressources et qui servent toujours les intérêts de la France”.

Cela devient grave si le peuple manifeste sa colère par des pillages, a déclaré un chauffeur de taxi croisé sur le rond point Dial Mbaye à Guédiawaye. “Ce n’est pas le banditisme qui va régler la situation, non, l’injustice ne se régle pas par la violence”, lance-t-il, la tête avancée vers le rétroviseur.

Non loin du rond-point, un homme en cartable attend impatiemment à l’arrêt du bus. Interpellé sur les violences lors des manifestations, il suppose une raison autre que l’arrestation de Ousmane Sonko: “En fin de compte, les Sénégalais ne manifestent pas pour seulement la liberté de Ousmane Sonko, mais l’injustice, contre l’oppression et la dictature”. Il n’aura pas le temps de poursuivre ; son bus vient l’interrompre.

“Le peuple ne mange pas à sa faim ; c’est pourquoi les supermarchés sont vidés, cela montre à quel stade la faim nous amène. Qu’on le dise : le peuple a faim et tous les moyens sont bons pour s’en sortir. Le banditisme est employé pour manifester son ras-le-bol. Chose que je condamne avec fermeté”, a soutenu Mamadou Lamine, un vendeur de téléphones portables et de puces. Ce dernier est trouvé en train de fermer sa boutique pour éviter d’être la prochaine victime des braquages.

La jeunesse a le droit de manifester mais cela ne lui donne pas le droit de piller des biens publics ou des firmes françaises.

Les actes de vandalisme notés dans cette première semaine de ce mois sont condamnés vivement. Reste à voir l’impact que cela va entraîner sur l’économie du pays et le secteur de l’emploi.

Le Devoir