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Élevage-Ça bêle, caquète, glousse et chante Un mélange des genres intelligent

Élevage

Un investissement intelligent

pour combler les tracas de la Tabaski

Pour d’autres, c’est une passion

de cohabiter avec les animaux

Au Sénégal, la cohabitation avec les animaux est une habitude. Dans les maisons, les animaux ont un petit espace qui leur est réservé. Le plus souvent, l’élevage se concentre sur des moutons ou de la volaille. Mais, en minorité, d’autres y joignent d’autres animaux comme le chien, sans compter le chat qui fait partie intégrante de la famille. Les passionnés pratiquent l’élevage pour se faire plaisir et avoir de la compagnie, d’autres en font un investissement rentable.

Par Khadidiatou GUÈYE Fall,
Cheffe du Desk Société

Élever un mouton au Sénégal fait partie de l’existence d’un Sénégalais. Il est presque impossible de rentrer dans une maison sans y apercevoir un enclos. Si ce n’est un enclos, c’est un poulailler qui laisse dégager une odeur. Le gloussement des poulets perturbe les silences matinaux. Si ce n’est le miaulement des chats, c’est l’aboiement des chiens ou le roucoulement des pigeons. Les vaches se manifestent par leur beuglement. Tous les animaux susceptibles de tenir compagnie sont élevés dans les maisons. Sauf qu’à Dakar, la capitale, l’étroitesse des lieux d’habitation pose un souci pour engager l’élevage. Néanmoins, il y a de ces familles qui risquent.

C’est le cas dans cette maison située au quartier Deggo de Cambérène, non loin de la route appelée « Tally Ndiaga Mbaye ». Se situant au fond d’une ruelle avec impasse, la maison appartient à un certain monsieur venant de la sous-région. « Je suis né au village. c’est mon travail de chauffeur qui m’a conduit à Dakar et j’y ai fondé un famille. Mes enfants sont tous nés à Dakar. J’ai commencé l’élevage bien avant que je prenne ma retraite », soutient le chef de famille.
Habitué à la présence des animaux domestiques, l’originaire de Ndiambour a construit un enclos en haut de sa maison, sur la terrasse. Plusieurs raisons l’ont poussé à installer l’enclos de ses moutons sur la terrasse : « J’avais construit un petit enclos à la devanture de la maison. Il y a deux ans, je l’ai déménagé en haut de la maison pour des raisons de sécurité : les voleurs rôdent la nuit et cela peut arriver qu’on vole tous les moutons. Mais aussi, il y a le voisinage qui se lamentait des bruits et de l’odeur qui se dégageait de l’enclos. Pour y remédier, j’ai construit, avec les moyens du bord, un enclos. Depuis lors, personne ne se plaint de bruit ou d’odeur. C’est vrai que l’élevage n’est pas une chose facile à Dakar, contrairement à mon village d’origine où le bétail se promène toute la journée sans déranger qui que ce soit ».

D’après notre interlocuteur, l’élevage est une manière d’épargner car ça lui permet d’accomplir une obligation durant la Tabaski en plus que donner à manger aux animaux qui lui donne une satisfaction inexplicable. Malgré qu’il dépense inconsciemment pour maintenir ses êtres en forme, il en bénéficie au moment des fêtes.
Mathiaw Fall est un jeune homme. Il cache mal sa passion pour les animaux, toutes les catégories confondues. Dès ses 9 ans, il a commencé à élever des poussins. Aujourd’hui, il occupe toute la terrasse de sa maison de pigeons, de moutons, de chiens et de coqs. Pour Mathiaw, l’élevage qu’il pratique avec ses études est une forme de passe-temps. Il n’en attend que la satisfaction de communiquer avec ces êtres qui, pour certains, ne peuvent communiquer avec les êtres dotés de raison. Avec sa chienne dénommée Chacoura, Mathiaw laisse croire qu’il parle à un ami : chaque ordre donné est appliqué à la lettre par Chacoura. À en croire Mathiaw, l’épanouissement est le but recherché avec son élevage qui lui permet d’avoir un mouton à chaque fête de Tabaski sans recourir aux vendeurs, contrairement à Moïse, de son vrai nom Moussa Sow.

Ce dernier confie qu’il a l’élevage dans le sang. Malgré qu’il soit émigré, il a toujours une dizaine de moutons qu’il laisse avec son petit-frère pour l’entretien. À l’approche de la Tabaski, Moussa quitte la Côte d’Ivoire pour revenir écouler ses moutons. « Je suis éleveur. Mon objectif porte sur l’élevage à but lucratif. Je ne fais pas pour que ces animaux me tiennent compagnie. J’espère les vendre durant cette période où tout le monde cherche un mouton, pour en tirer profit. J’ai déjà vendu sept moutons entre 150.000 fr et 275.000 fr, il ne me reste que 5 moutons. Donc tous les investissements que j’ai faits en terme d’aliments et autres vont me revenir. Cela fait plus de 10 ans que je fonctionne comme ça. Après la Tabaski, les moutons sont moins chers ; j’en profite pour en acheter et les ajouter avec les agneaux qui sont déjà à l’enclos. En somme, j’investis la moitié de ce que j’ai gagné pour en espérer le double ou le triple. Tout dépend de l’abondance ou de la rareté des moutons durant la fête de Tabaski », concède Moïse.

L’élevage à Dakar est très compliqué. Le voisinage se plaint le plus souvent du bruit et de l’odeur qui ne peut être retenue. Malgré cela, certains habitants de la capitale prennent le risque de cohabiter avec les animaux qui pourront leur tenir compagnie en plus de leur servir un moyen d’investissement. D’autres pratiquent l’élevage par passion et pour avoir de la compagnie.