Édition : Houellebecq copy cat
Édition
Le combat El Hadji Diagola-
Michel Houellebecq continue
Le tribunal avait rejeté en première instance les accusations de plagiat. Délibération de l’appel du 15 février le 12 mai prochain. Dans un cas comme dans l’autre, Houellebecq aura trouvé son Nègre.
L’argument de l’avocate de Michel Houellebecq, Flammarion et Gallimard ne tient pas : elle explique qu’El Hadji Diagola est tout aussi plagiaire dans près de 75 % de deux de ses manuscrits, argutie d’autant plus irrecevable que son client avait été convaincu de la même pratique dans son roman « La carte et le territoire » qui contient en effet des passages comparés à des notices Wikipédia concernant différentes personnalités. In limine litis, comme dans le film « Les 7 mercenaires » des années 60, Kobar avait retenu cette tirade célèbre : « Au Texas, seuls les Texans ont le droit de voler ; quand un voleur vole un voleur, il est pardonné pour cent ans ». …
Vulgaire.
D’autant que Flammarion et Gallimard auraient eu l’impudence de donner le manuscrit de El Hadji Diagola à Michel Houellebecq, transgressant la confidentialité du manuscrit et cette antériorité met l’aise le plaignant qui pense se retrouver dans « Soumission », le roman de Houellebecq paru à quelque temps de là, ce qui fait beaucoup.
Aussi la partie civile a-t-elle interjeté appel le 15 février dernier du premier jugement du 22 mars 2022 qui estimait que les éléments étaient insuffisants pour une plainte en contrefaçon à l’encontre d’un certain Michel Houellebecq.
Quelques extraits du jugement d’il y a près d’un an : « La remise par M. Diagola de son manuscrit aux éditeurs ne saurait s’entendre comme une divulgation au sens de l’article L113-1 du code de la propriété intellectuelle. Il ne peut par conséquent prétendre au bénéfice de la présomption de titularité de droit d’auteur prévu par ce texte. »
« Il résulte de ces observations que M. Diagola ne peut être considéré comme l’auteur des passages précités et qu’il est par conséquent irrecevable à agir sur le fondement de la contrefaçon de droits d’auteur sur ces passages ».
Pour El Hadji Diagola, Michel Houellebecq se serait un peu trop inspiré de son manuscrit, publié plus tard sous le titre Un musulman à L’Elysée (Edilivre) et qui raconte l’accession au pouvoir, en France, en 2022, d’un président de confession musulmane (Ja, 16 mai 2022).
Par contre, « Au contraire, il est bien l’auteur des autres parties de cet ouvrage et dès lors recevable à agir en contrefaçon sur celles-ci ». Il est pourtant « irrecevable à agir en contrefaçon de droit d’auteur sur la majeure partie de son manuscrit ». Le tribunal l’a ainsi condamné en première instance aux dépens, et à payer à Michel Houellebecq, ainsi qu’aux éditions Gallimard et Flammarion 5.000 euros chacun au titre de l’article 700 du code de procédure civile. Maître Jean-Baptiste Ngandomane, qui représente El Hadji Diagola, entend néanmoins faire appel. (Togoweb, 16 mai 2022). C’est ce qui vient d’être fait le 15 février dernier.
Quelques repères avec Hocine Bouhadjera, journaliste, rédacteur à ActuaLitté, dans un article du 16 février dernier.
El Hadji Diagola avait proposé en 2013 et 2014 un manuscrit, « La chute des barbelés », aux éditions Gallimard et Flammarion du groupe Madrigall, sans succès.
En 2015, la parution de « Soumission » fait l’événement, en raison du texte — dans lequel Houellebecq met en scène un président français de confession musulmane — et du contexte : les attentats de Charlie Hebdo eurent lieu le jour même de la sortie du livre.
Ce 15 février, une audience de plaidoiries se tenait à la cour d’appel de Paris. L’écrivain El Hadji Diagola et son avocat, Me Jean-Baptiste Ngandomane, ont interjeté appel après que leur dossier a été jugé irrecevable le 12 mai 2022 par la juge. Cette dernière avait estimé que les éléments étaient insuffisants pour une plainte en contrefaçon à l’encontre d’un certain Michel Houellebecq.
Quelqu’un a quand même trouvé son Nègre.
Délibéré : le 12 mai.
P. MBODJE