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Du raw gadu au tann ki la neex: Ou l’élection aux suffrages universels direct des Maires et des présidents des conseils départementaux De notre correspondant à Matam, Habib KA

De report en report, on ne sait vraiment plus la date des prochaines élections locales qui devaient normalement se tenir en décembre 2019. Toutefois, les municipales prochaines marqueront une avancée significative quant au choix des maires des communes. Désormais, le scrutin est celui du mode du suffrage universel direct, comme pour choisir le président de la République.

Les candidats seront connus d’avance, ils se manifesteront officiellement, en concurrence avec d’autres et seront directement soumis aux suffrages de la communauté qui les départageront, à la majorité absolue des voix.

Ainsi donc, ce mode de scrutin permettra aux administrés d’élire leurs maires sans passer par des intermédiaires qui, à pareilles occasions, se refont courtiers. On est donc sûr et certain que le premier magistrat de la ville est élu par la majorité des populations et non par une majorité circonstancielle des conseillers.

Ce type de scrutin donne l’avantage de “repêcher” des ressources humaines de qualité, et de favoriser leur participation à la base au développement local, à travers les commissions des collectivités territoriales.

Ce mode pose, au-delà du lien affectif, une confiance des électeurs sur l’élu, ses compétences, ses capacités de management. Les populations pourront s’intéresser davantage aux affaires de la Cité, au suivi et au contrôle de l’action du maire pour le bien-être de ses administrés, s’approprier le programme de décentralisation et s’impliquer dans la gestion des ressources des collectivités.

Même si une caution de dix millions de francs cfa est exigée par liste déposée, selon un décret daté du 3 juillet 2020 et signé du ministre de l’Intérieur pour décourager, selon l’avis de certains, des candidats, indépendants notamment, il revient à ces derniers de faire preuve de maturité, d’ingéniosité pour contourner l’obstacle, s’adapter ; n’est-ce pas que la politique c’est aussi l’art d’apporter une réplique adéquate à tout écueil ?

Autre écueil levé : la Commission nationale pour le dialogue politique a obtenu la suppression de la procédure de parrainage pour les élections en cours : municipales, départementales et régionales.

Le président du conseil départemental

Soumis au suffrage des électeurs du département, le président du conseil cesse pour la première fois d’être désigné ou imposé de fait. Élu, il reste redevable à la collectivité d’un programme, d’une mission, des réalisations.

Son statut lui permet plus facilement d’exploiter les potentialités des communes, sinon les mutualiser pour un plaidoyer plus consistant pour convaincre bailleurs et autres coopérants bilatéraux, internationaux.

Le suffrage universel est une conquête démocratique des peuples pour leur souveraineté, un droit imprescriptible, un droit pour tous. L’appliquer aujourd’hui au Sénégal pour le choix du maire ou du président du conseil départemental est une avancée majeure dans la marche pour la démocratie et l’émancipation des populations.

Désormais, la page du “raw gadu”, du scrutin majoritaire à un tour qui permet de rafler toute la mise sans avoir obtenu la majorité absolue, cette page est tournée au Sénégal à partir des prochaines Locales dont la date est encore en gestation au bloc du dialogue politique.