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Des saccages des thiantacounes à l’affaire Sonko: Gouverner, c’est prévoir avec de bons RG…. Par Mame Gor NGOM, Rédaction centrale, Le Devoir

La problématique du système des renseignements généraux (Rg) se pose encore  avec les récentes violentes manifestations liées aux accusations de viol contre Ousmane Sonko.  Sont-ils efficaces malgré les améliorations de leur statut juridique ? Une certitude : les failles demeurent.

Des accusations de viol contre Ousmane Sonko, un refus  catégorique  de répondre à la convocation de la Brigade de recherches de la Gendarmerie et un appel à la résistance. La suite, on la connaît : de  la violence, des affrontements entre forces de l’ordre et partisans du leader de Pastef, des grabuges, des blessés, beaucoup d’arrestations et la criminalisation du dossier pour certains.  Une telle situation était-elle imprévisible ?

La réponse à cette question nous mène directement vers les services de renseignements généraux (Rg) et leur rôle.  Ont-ils été prévenants ? Cette situation pouvait-elle être évitée ? Deux interrogations qui se sont posées dans un autre contexte au Sénégal.

Nous sommes le 29 octobre 2012, Mbaye Ndiaye, alors ministre de l’Intérieur, est limogé. La raison ? Des disciples du défunt Cheikh Béthio Thioune avaient installé la violence à Dakar. Une « journée de saccage » de véhicules de l’administration et de privés pour la libération de leur guide accusé de double crime.  Si l’Etat du Sénégal a été taxé d’irresponsable, c’était de n’avoir pas pu éviter ces événements malencontreux. Mais surtout de n’avoir pas pris les mesures sécuritaires qui s’imposent.  Un manque de réactivité dénoncée ici et là. Gouverner, c’est prévoir, estime-t-il.

Les Rg au cœur

Oui, gouverner c’est prévoir, c’est parer à toute éventualité. Ce qui est sans nul doute à l’origine de la Loi n° 2016-33 du 14 décembre 2016 relative aux Services de renseignement.

« Bien qu’il soit unanimement admis que le renseignement, par son effet d’anticipation et de prévention, constitue à l’heure actuelle l’un des moyens les plus efficaces de lutter contre de telles menaces, cette mission régalienne reste encore non règlementée au Sénégal. Cette situation, qui doit être distinguée du nécessaire secret des activités de renseignement, peut entraîner des abus et devenir dès lors un danger aussi bien pour les personnels des services de renseignement que pour les citoyens dont les libertés individuelles consacrées par la Constitution doivent être respectées », lit-on dans l’exposé des motifs.  L’article premier  des « activités des services de renseignement »,  stipule qu’ils ont « pour mission commune la recherche, le recueil, l’exploitation et la mise à la disposition des autorités de décision des renseignements relatifs aux menaces contre la sécurité et les intérêts fondamentaux de la Nation. Les besoins spécifiques et les priorités en matière de renseignement sont précisés dans un plan national de renseignement (PNR). »

« Les services de renseignement sont également chargés de la mise en œuvre des moyens spécifiques destinés à entraver les menaces visées à l’article premier ou à prévenir ou déjouer des activités d’ingérence dirigés contre les intérêts nationaux », ajoute-t-il.

 Il faut manifestement plus qu’une amélioration de la loi pour que les renseignements généraux puissent réussir davantage leurs missions. Déjà, en 2018, ils étaient nombreux à pointer du doigt des « défaillances » des RG avec l’arrestation, l’emprisonnement puis la libération d’Imam Alioune Badara Ndao de Kaolack alors accusé d’apologie du terrorisme. C’était à la suite d’un procès retentissant.

A l’époque, il était aussi question de la problématique des renseignements généraux notamment de la collaboration et des échanges entre la Police et l’Armée. Les « bonnes informations » sur Imam Ndao étaient détenues par la Police, nous a-t-on appris.

Ce dernier en était victime. Il a fini par être au dessus de tout soupçon.