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Culture-Massage Traditionnel Africain: Les “Miracles” et Vertus du “Mocc” Ndèye Fatou DIONGUE

En Afrique, plus particulièrement au Sénégal, il existe différents types de massages : traditionnels comme modernes exportés d’ailleurs. Parmi les plus sollicités, nous pouvons noter : le massage des femmes enceintes, des bébés ou des personnes souffrant de douleur quelconque.

Le massage des bébés

« Le massage africain des bébés est une pratique ancestrale qui se transmet de génération en génération. Ce type de massage se base sur les connaissances empiriques des guérisseurs ou des personnes âgées. Il n’est pas étonnant que la communauté scientifique occidentale incite encore à la prudence vis-à-vis de la technique. Toutefois, la pratique puise sa notoriété de son efficacité et des bienfaits qu’elle procure aux bébés », d’après massage-zen-therapiecom.

Le massage des femmes enceintes

Yayi Jaboot ou « mère Diola » est une guérisseuse réputée. Tradi-praticienne, spécialisée en gynécologie et pédiatrie, elle fait des miracles. Comme changer la position d’un fœtus de la transversale à la verticale.

A l’unité 7 des Parcelles assainies, la demeure de Mère Diola est littéralement assiégée par des femmes en détresse, ou portant sur le dos des bébés en quête de renforcement musculaire. Sa cour rappelle étrangement les salles d’attente des hôpitaux pour enfants … Où les femmes au seuil de donner la vie scrutent les mouvements de foule à l’entrée de la cabine. Dans sa salle de consultation exigüe, elle est entourée de bouteilles, de calebasses remplies de liquides noirâtres. Des feuilles et des racines de toutes sortes.

Le massage n’est pas seulement réservé aux nouveau-nés. Les femmes enceintes aussi convoitent la guérisseuse pour un suivi pré et post-natal : « La femme doit suivre des séances de massage avant et après l’accouchement, sinon il y aura forcément des séquelles plus tard ». Cependant, pour les femmes ayant subi une césarienne, elle prescrit un massage après six mois. Mère Diola : « C’est pour prévenir le risque de déchirure durant la séance de massage ».

« Je peux éviter la césarienne »

Par une magie dont elle détient le secret, la bonne dame peut éviter une césarienne causée par une mauvaise position du bébé. « Si un bébé est mal couché dans le ventre de sa mère, elle l’oriente dans la bonne position afin que la mère accouche sans opération », témoigne une femme… », selon lagazette.sn.

LE MOCC

Ya Absa Diabaté, masseuse traditionnelle, âgée de plus de 80 ans, pratique depuis sa tendre jeunesse.  « J’ai hérité cette pratique de mon père Dioula Diabaté et de mes beaux-parents Magassy et Djéli Makha. »

Comment procédez-vous ?

-Je récite des incantations accompagnées du massage sur les parties du corps qui font mal.

A partir de quel âge se fait-on masser ?

– Un an et plus.

Dans quels cas le massage traditionnel est-il préconisé ?

-Les gens qui viennent le plus souvent me voir se plaignent de douleurs intenses, surtout à la poitrine et à la tête.

Combien facturez-vous une séance de massage ?

– Je ne demande pas grand-chose ; d’habitude, c’est la personne qui voit ce qu’elle peut donner. Car après tout, je suis une mère de famille : soulager la personne est plus important pour moi.

Combien de séances recommandez-vous à vos patients ?

-Si la personne vient le soir, il est préférable qu’elle revienne le matin aussi. Si elle ne sent plus de douleur tant mieux, sinon elle revient jusqu’à l’obtention de la satisfaction totale du « mocc ».

D’autres témoignages de nos interlocuteurs rencontrés

« J’ai été victime d’un accident de la circulation. Malheureusement, j’ai eu une fracture au niveau de la jambe gauche. Après les premiers soins aux urgences et un plâtre, je suis resté 20 jours durant, mais mes douleurs sont restées intenses. », raconte Maguette Sène. « Après un autre rendez-vous à l’hôpital, les choses n’ont pas changé. C’est ainsi que j’ai décidé de me rendre chez un guérisseur spécialiste des fractures. Après avoir bien massé ma jambe avec des incantations, je suis rentré chez-moi. Le lendemain, je ne sentais plus les douleurs, comme il me l’avait promis », poursuit notre interlocuteur.

Âgé d’une soixantaine d’années, M. Sène soutient que, depuis lors, il donne du crédit à cette médecine traditionnelle et ses vertus ou miracles.

Adama Diaw, ancien militaire, nous explique son expérience de « Guadj » qui consiste à extraire le sang coagulé suite à une fracture pour soulager le pied enflé. D’après lui, certains guérisseurs utilisent des lames, d’autres des cornes pointues selon leur ethnie. Une pratique légèrement douloureuse par rapport au « mocc » mais très efficace. Car on sent la légèreté du pied après la séance, d’après notre interlocuteur.

« Après l’accouchement de ma fille, je me suis rendue compte que mon petit-fils est né avec une fracture causée par les sages-femmes dans un hôpital de la place. Refusant les faits, le médecin a effectué une radiographie et a confirmé la fracture à la main. Ainsi, il nous a demandé de faire plusieurs séances de kinésithérapie en vain. Nous avons perdu une somme considérable…

Puis un jour, ma tante m’a recommandé d’aller à Fayenne (Tôl Djander), après Rufisque. Il a mesuré la fracture avec un bout de bois qu’il a cassé puis le vieux nous a demandé de rentrer. En échange nous ne lui avons remis que 25 Francs CFA. Chaque matin, nous avons versé de l’eau sur la partie concernée jusqu’à guérison totale. C’est la seule fois que nous y sommes allés ma fille, mon petit-fils (le nouveau-né) et moi. Le traitement s’est fait à distance. », confie Ndèye Thiam, la soixantaine.

En définitive, le massage traditionnel est vivement recommandé car il ne contient que des bienfaits. Que ce soit pour les enfants, les jeunes ou les personnes âgées, tout ce qui soulage une douleur quelconque est toujours la bienvenue.