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Culture : Bargny-Deux mythes de taille se sont effondrés GORGUEZ

Le cheval rue sur l‘âne et la hauteur ne fait plus horreur

A jamais démantelés. D’une part par la domestication du cheval ayant tout bonnement chassé à coups de ruade notre âne totémique des luxuriantes prairies ndogaliennes ! La tendance, d’autre part, à construire en hauteur a fini de ne plus rimer avec ce mauvais sort et ce spectre autrefois redouté d’une mort précoce assurée pour toute personne osant défier cette morale superstitieuse qu’on transmettait de génération en génération.

De mémoire collective archétypale, le cheval, sauf transitant de jour, n’était pas un hôte nocturnal, encore moins permanent sur le sol bargnois. « Rabou » ndogal, le génie tutélaire, ne lui accordait pas de certificat de résidence ! Seul honneur réservé à l’âne qui rendait aussi d’immenses services champêtres à la communauté ; fini le temps des récoltes abondantes et de battage des épis de mil après séchage ou ngar en lébou, sur les aires mêmes de culture.

Les temps nostalgiques de Ngonka ou âne sont ainsi révolus : plus d’âne, partant plus de braiments, ces cris, surtout nocturnes, qu’on tendait à sacraliser en l’assimilant aux manifestations protectrices de …Ndogal contre d’autres esprits malveillants à la communauté, parmi lesquels le cheval fut, pensait-on, l’incarnation type.

Jugez-en par les tonnes de sable marin chaque jour prélevé depuis que la race équine s’est établie à Bargny à la faveur du boom du bâtiment de plus en plus en hauteur ! Et ce phénomène n’aura pas été sans effets majeurs sur l’accentuation de l’érosion côtière, facteur catalyseur de l’avancée inexorable de la mer.

Par conséquent, deux tombeurs de mythes que sont le cheval détrônant l’âne avec toute la charge affective dont ce dernier jouissait, et la construction en hauteur faisant désormais florès à Bargny, ne manqueront pas, pour l’un, de devoir être incriminé face à l’ampleur sans précédent du désastre environnemental le long du littoral, ce qu’on pourrait dire de l’avènement de l’autre fossoyeur de mythe, la superstition urbanistique traditionnelle autrefois prévalant avant de s’effondrer sous le poids de cette explosion du bâti en hauteur, s‘imposait-elle dans toute sa rigueur de faire respecter un code de cohabitation sociale respectueuse de l’intimité vicinale dans les enclos à ciel ouvert qui servaient de « wanak » pour les besoins de toilette corporelle ? Par crainte de « soubouhounmala » ou de malédictions dans les carrés traditionnels de jadis, l’idée de devoir surplomber le voisinage n’était même pas de mise. Pas comme maintenant, dans cette course folle au bâtir en hauteur non urbanistiquement réglementaire, ne cadrant guère ave les prérequis techniques afférents aux servitudes pédologiques !

 Délestée de deux de ses gouvernails mythio-superstitionnels de taille, Bargny semble donc aujourd’hui réduite à une pirogue sociale à la dérive, sans port d’attache et au gré des flots tumultueux des redécoupages administratifs purement politiciens !