Crise : S’occuper de ses oignons
Sénégal : la « crise des oignons »….
Crise structurelle de l’économie sénégalaise
dans ses composantes
offre et demande
Le Sénégal connaît depuis quelques semaines voire quelques mois une « crise des oignons » mais d’autres crises pourraient éclater avec des intensités variables et avoir des répercussions à l’échelle de l’UEMOA
La « crise des oignons » qui est vécue durement par les ménages au Sénégal, comme toutes les crises, cache une crise plus structurelle : celle de l’économie sénégalaise dans ses composantes offre et demande.
S’agissant des oignons qui entrent dans notre alimentation, le phénomène est devenu récurrent et il mériterait d’être analysé de manière approfondie.
Selon les statistiques citées et publiées qui ne coïncident pas toujours hélas, la consommation annuelle des oignons au Sénégal serait proche de 400.000 tonnes
Le marché est approvisionné à partir de deux sources :
1- la production locale
2- les importations
Il est pour le moins surprenant que la gestion à la fois des importations et de la production puisse échapper aux acteurs au point de créer de vives tensions sur le marché.
Le résultat est connu et observable : une hausse inconsidérée du prix de l’oignon, hausse qui comporte comme toujours en pareils cas des « éléments de spéculation »…
Lorsque tous les chiffres seront mis sur la table pour permettre aux uns et aux autres de produire analyses et recommandations, la « crise des oignons » pourra être plus rigoureusement analysée et être évitée à l’avenir car toute crise est évitable…
La « crise des oignons » est toutefois la « partie visible de l’iceberg » car plusieurs produits qui « accompagnent » les oignons devraient subir la même crise avec des intensités variables.
Les méthodes de prévision et de planification connues et appliquées par les acteurs et les structures en charge auraient dû nous permettre d’éviter de connaître de manière aussi frontale la « crise des oignons »…
Si j’ai décidé d’évoquer cette crise dans ses effets « immédiats » et visibles, c’est surtout pour tenter de comprendre le fonctionnement de « l’indice harmonisé des prix à la consommation /IHPC ».
Cet indice est calculé pour les huit pays de l’UEMOA.
L’évolution des prix de plusieurs produits sur le marché fait l’objet d’une stricte observation, d’une collecte organisée d’informations et d’un traitement de toutes ces informations qui permet de calculer mensuellement l’IHPC à l’échelle de l’UEMOA.
Comme nous le savons, des crises politiques, sociales et économiques ont éclaté dans plusieurs pays de l’UEMOA : Burkina Faso, Mali, Niger.
Ces trois pays sont concernés par le calcul de l’IHPC.
Selon les informations disponibles et pour revenir à la « crise des oignons » au Sénégal, le poste « Produits alimentaires et boissons non alcoolisées » s’est vu affecter une pondération de 4.246 sur 10 000 ( 42.46%) dans le calcul de l’IHPC.
Les « oignons » au Sénégal et dans plusieurs pays de l’UEMOA, pour ne pas dire tous, font partie des 650 variétés de produits dont l’évolution des prix est observée sur les différents marchés.
Une analyse encore plus fine permettrait de mettre en évidence ce produit (oignon) et sa pondération dans le calcul de l’indice.
Le fameux « panier de la ménagère » a été défini clairement par les statisticiens et sa structure varie bien sûr d’un pays à l’autre compte tenu des habitudes alimentaires et des cultures propres à chaque pays de l’UEMOA
Les trois pays en crise cités (Burkina Faso, Mali et Niger) représentent des pondérations significatives dans le calcul de l’IHPC
Burkina Faso : 1.258 (12.58%)
Mali : 1.428 (14.28%)
Niger : 1.111 (11.11%)
La pondération du Sénégal pour ce poste (produits alimentaires et boissons non alcoolisées) est de 1.491 ( 14.91%).
Celle de la Côte d’Ivoire est de 3.131 (31.31 %).
Les huit pays qui constituent l’UEMOA sont reliés économiquement et chaque « perturbation » enregistrée dans un ou plusieurs pays se répercute à l’échelle sous-régionale.
Les politiques économiques menées par les Etats ne peuvent plus être indépendantes.
A ce titre, il convient de préciser que l’UEMOA étant également une union douanière, il serait normal qu’à terme des « procédures douanières harmonisées » puissent être définies et mises en œuvre.
Notamment dans le secteur des hydrocarbures comme nous l’avons souvent recommandé.
Le Sénégal connaît depuis quelques semaines voire quelques mois une « crise des oignons » mais d’autres crises pourraient éclater avec des intensités variables et avoir des répercussions à l’échelle de l’UEMOA.
Les crises politiques, sociales et économiques qui ont éclaté dans plusieurs pays de l’UEMOA viennent perturber le fonctionnement des outils de mesure (IHPC) et la fiabilité des indices publiés qui doivent renseigner sur l’évolution des secteurs de l’économie.
Le « village planétaire » existe d’abord dans notre espace sous-régional.
La « théorie du chaos » basée,entre autres, sur le « battement d’aile d’un papillon » s’applique aux grands ensembles.
La « crise des oignons » qui a éclaté au Sénégal agit comme un « révélateur »…
Vovo Bombyx
10/8/2023