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Couture-La passion tient à un fil

Au Sénégal, le métier de couture est très prisé par beaucoup de jeunes. Certains le considèrent même comme un « El Dorado ». Réussir dans son pays natal n’est cependant pas impossible, pour ces jeunes, qui ont dit niet au « Brain-Drain » (la fuite des cerveaux). Car pour eux, leur savoir -faire, aussi peu soit-il, peut servir au développement de leur nation.

Marisma, de son vrai nom Marième Cissé, est une jeune dame âgée de 30 ans. Mariée en 2017 et jeune entrepreneure. Marième a toujours aimé la mode et tout ce qui touche à la revalorisation de la beauté féminine. Pour elle, bien s’habiller, c’est ce que doit faire toute femme, particulièrement les femmes sénégalaises qui ont la réputation d’être très « jongué » (coquines).

« En 2009, j’étais en classe de seconde. Après la retraite de mon père, il m’a ouvert un atelier de couture dans la maison. En 2010, il a m’a proposé de faire une formation à I2M (institut des métiers de la mode), vu que j’aime beaucoup la mode. Il a payé mes trois ans de formation puis j’ai abandonné les études. », déclare Marième.

« La formation en stylisme devait durer 2 ans dans les normes, mais papa voulait que j’y reste 3 ans pour avoir la main. C’est ce que j’ai fait, cependant je n’aimais pas la couture à cette époque. Je l’exerçais à contre cœur » …

Elle poursuit : « En 2015, j’ai ouvert un autre atelier au marché de Dior, pour l’exposition mes modèles. Puis en 2018, je l’ai fermé et je suis restée dans mon premier atelier chez moi, pour mieux me concentrer et me consacrer à mon métier devenu une grande passion pour moi, au fil du temps. » …

« J’ai connu des moments très difficiles dans ma vie, depuis l’abandon de mes études, en passant par la formation de stylisme, jusqu’à l’ouverture de mon atelier.  Mais je me suis toujours armée de courage et de patience, suivant les conseils de ma mère au pied de la lettre. », s’exprime Marième, émue, les larmes aux yeux.

« Aujourd’hui, je remercie le bon Dieu et mes parents, de même que mon mari qui est à l’étranger mais qui m’a toujours soutenu. Ma famille ne m’a jamais abandonné. Je reçois des commandes de partout (des membres de ma famille, mes amies et mes fidèles clients), même hors du pays (Mali, France, Italie, Etats-Unis, Tunisie, Algérie etc.). Pendant les fêtes de Tabaski, Korité, fin d’année ou les cérémonies : mariage, baptême, anniversaire etc., les commandes viennent en masse. Et je ne me plains pas franchement, j’y trouve mon compte. », confie Marisma avec le sourire.

« Le métier de couturière m’a permis d’être financièrement indépendante. Je paye les factures et mes tailleurs. J’aide aussi mes parents et je gère convenablement tous mes besoins. »

L’apprentissage d’un métier d’avenir, voilà ce que conseille Marième Cissé aux jeunes. Car, les diplômes sont bien certes, mais avoir son propre métier aussi, est un avantage non négligeable. De plus, « c’est en forgeant, que l’on devient forgeron », dixit le proverbe.

Ndeye Fatou DIONGUE