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Course aux vaccins contre la covid-19: Les atouts diplomatiques de Macky Sall Mame Gor NGOM, Rédaction centrale, Le Devoir

« Avec la posture de la diplomatie, sénégalaise et l’aura personnel de son président, une solution est à portée de main » (diplomate étranger)

Pour stopper  la maladie du Coronavirus, la prévention demeure la solution la plus indiquée. C’est la course aux vaccins qui devient un enjeu diplomatique au moment où le taux de mortalité en Afrique dépasse la moyenne mondiale. Au Sénégal, les autorités, aux premières desquelles se trouve le président Macky Sall, posent des actes pour gagner le pari de la vaccination salvatrice. Sall ne manque pas d’atouts.

« La politique intérieure se joue aussi sur le plan diplomatique exigeant tout un art de la main tendue, non pas pour quémander, mais surtout pour financer l’homologue en poste ou à venir. Faut-il y voir une habilité diplomatique à assumer au nom du réalisme ou plutôt une pathologie politique à dénoncer avec la dernière énergie ? Et si le « fort » dépendait en fait du « faible » dans cette diplomatie du donnant-gagnant et du gagnant-donnant ? »

Ces propos du Professeur Ibrahima Silla, enseignant-chercheur à l’Université Gaston Berger de Saint Louis, recoupent clairement la situation actuelle avec la conjoncture sanitaire de la Covid-19.

 Les pays du Sud ont besoin aujourd’hui plus qu’hier de moyens pour faire à cette maladie pernicieuse. Si l’on sait que le salut réside dans la vaccination, -comme l’expliquent des chercheurs de l’Ifan- des stratégies s’imposent. Le Sénégal bénéficie de l’initiative du Covax chargé de faciliter l’acquisition de vaccins aux pays sous-développés, avec   Pfizer et Moderna  des firmes américaines.

Si le pays a bénéficié de ce « donnant-gagnant », c’est sans nul doute grâce à une diplomatie qui s’impose. Une diplomatie incarnée par le président de la République.

Si le ministre de la Santé et de l’Action sociale a rendu public un don de 200. 000 doses du vaccin chinois Sinopharm, c’était pour souligner « l’amitié entre le président Xi Jinping et son Excellence Macky Sall ». Mais aussi et surtout l’attachement du président chinois à la coopération sino-sénégalaise. « Un engagement commun résolu à vaincre la Covid-19 », décline-t-il.  Même si le tweet a été retiré quelques minutes après, le message est resté. Une manière de montrer aux puissances occidentales que le Sénégal est résolu à « préserver sa souveraineté », comme nous le souffle-t-on.

Le nerf de la guerre sanitaire

En plus  de jouer sur deux tableaux donc, le Sénégal est conscient qu’en perspective d’une vaccination contre le Coronavirus  pour sa population, il lui faut des moyens conséquents qui dépassent largement le cadre du Covax et des dons. Une volonté de prévenir remarquable  à travers  la stratégie nationale de vaccination des populations avec comme cibles prioritaires les personnels de santé, les forces de défense et de sécurité et les personnes âgées de plus de 60 ans vivant avec des comorbidités.

Au-delà des 20% que représente cette catégorie de la population sénégalaise, un vaste programme attend les gouvernants. L’argent le nerf mais aussi le nerf de la diplomatie va jouer un rôle déterminant dans cette situation de tension…pandémique.

Une idée des prix des vaccins détaillée par  la secrétaire d’Etat libérale belge illustre éloquemment le caractère faramineux des coûts presque inaccessibles pour les pays en développement : 1,78 euro l’unité pour AstraZeneca, 6,93 (8,50 dollars) pour Johnson & Johnson, 7,56 pour Sanofi/GSK, 10 pour Curevac, 12 pour Pfizer-BioNTech, 14,68 (18 dollars) pour Moderna.

Macky Sall devrait donc user de toute sa maestria pour trouver la bonne formule. « Avec la posture de la diplomatie, sénégalaise et l’aura personnel de son président, une solution est à portée de main », explique un diplomate. Le plus important, souligne-t-il, c’est de « jouer aux  coudes », pour que les vaccins soient là le plus tôt possible et mener une bonne communication pour l’implication de tous.

Dans le cadre continental, l’Union africaine a obtenu 270 millions de doses provisoires de vaccins pour les distribuer sur le continent noir, comme l’a annoncé le 14 janvier son président, le Sud-Africain Cyril Ramaphosa. 600 millions de doses ont été déjà promises. Ce qui ne suffit toujours pas pour une population estimée à 1,3 milliard en 2019. Dès lors, « l’efficacité diplomatique » du Sénégal tant chantée, devrait se manifester opportunément.

Là aussi, il s’agit de montrer que le Sénégal, réputé pour sa stabilité,  pèse lourd sur la balance…diplomatique. Pour ce faire ils sont nombreux à espérer voir Macky Sall faire montre de son leadership, comme c’était le cas avec son engagement pour l’annulation de la dette africaine avec la crise inhérente à la Covid-19. « Une diplomatie subtile, réaliste qui a fait ses preuves », nous souffle-t-on. C’est « la diplomatie du vaccin » qui est maintenant à l’ordre du jour. C’est une question de malades et de morts.

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