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Coin d’Histoire : Il était une fois Jean-Bedel Bokassa, Empereur de Centrafique Dictateur ou illuminé ? Par Mohamed Bachir DIOP

Bokassa, les jeunes en ont seulement entendu parler ou regardé des documentaires à son sujet. Il est présenté un peu comme l’un des anciens chefs d’Etats africains les plus fantasques, l’exemple type du dictateur qui arrive au pouvoir par un coup d’Etat et qui s’impose pendant 13 ans. Pourtant, il a été adulé par son peuple avant d’être vomi.

BOKASSA 1er ROI DE SOLOGNE, Xavier Gasselin et Thomas Roy Laurent (Beta production 2008

Le 31 décembre 1965, il organise un coup d’Etat que les journalistes et historiens retiennent sous l’appellation de « coup d’Etat de la Saint Sylvestre ». Mais tout part de sa carrière militaire car c’est bien de là qu’il acquiert le sens du commandement et au-delà, celui du pouvoir. Car le président de la République de Centrafique qu’il renverse en 1965 est son propre cousin. Il s’agit de David Dacko. Ce dernier est le président de Centrafrique depuis l’indépendance de son pays. La colonisation étant supposée finie, les nouveaux chefs d’Etats africains devaient réorganiser leurs pays respectifs : la Justice, les services de police, l’administration et, surtout, surtout l’Armée. Car les pays de l’Afrique indépendante avec des frontières héritées des colonisations française, anglaise, hispanique et portugaise avaient des frontières qui ne correspondaient à leur histoire. Les différences d’idéologie (communiste/capitaliste) ou les relations, parfois complexes avec le désormais ancien colonisateur ont été fondamentales dans les décisions prendre et, David Dacko, qui avait quand même préservé sa proximité avec l’ancien colonisateur souhaitait mettre en place une véritable armée centrafricaine. Qui d’autre était le mieux placé pour cette occurrence que son cousin Jean Bedel Bokassa ?

Ce dernier, fils d’un chef d’un village appelé Bobangui très proche des colons est destiné à devenir prêtre. Mais son père, qui a eu maille à partir avec les colons du fait de sa révolte contre les brutalités des compagnies françaises contre les autochtones de son pays qui travaillaient sur leurs exploitations créa lui-même un premier incident en « libérant » certains d’entre eux. En tant que chef coutumier, c’était lui, Mindogon Mgboundoulou qui devait établir la liste des ouvriers qui devaient travailler sur les chantiers de la Compagnie forestière Sangha-Oubangui (CFSO), appelée La Forestière. Couper les gros arbres de la forêt équatoriale et les transformer en madriers et planches était le quotidien de ces malheureux colonisés mais ils subissaient en plus des brimades inacceptables de la part de leurs patrons blancs. C’est parce qu’il s’était quelque part rebellé contre les pratiques du colon en laissant partir certains de ces pauvres exploités –contre l’avis du colonisateur- que le chef Mindogon Mgboundoulou, père de Bokassa a été arrêté.

Enchaîné comme un bandit, il a été conduit au village chef-lieu le plus proche où il est jugé sommairement et condamné à la peine de mort. Il est exécuté en public par des militaires sur la place du village juste en face de la préfecture le 13 novembre 1927. Sa mère, morte de chagrin se suicidera quelques jours plus tard. Bokassa n’avait alors que six ans puisqu’il est né, selon sa biographie officielle, le 22 février 1921.

Il grandit dans cette atmosphère de violence de l’occupant mais la puissance du colonisateur, ses militaires et ses armes redoutables lui inspirent de devenir militaire. Elevé par des religieux qui souhaitaient qu’il devienne prêtre, il finira par s’engager dans l’armée coloniale en 1939 à l’âge de 18 ans. C’était l’année du début de la seconde guerre mondiale.

Soldat discipliné et intrépide, il gravit rapidement les échelons. Grâce à ses états de services il obtient le grade de sergent des Forces françaises libres et participe très activement aux campagnes de l’armée française en Indochine et en Algérie après s’être distingué dans les batailles pour la libération de la métropole comme combattant lors du débarquement de Provence et à la bataille du Rhin. Son courage et son engagement lui valent la médaille de la Légion d’honneur. Lorsqu’il quitte l’armée française à la faveur de l’indépendance de la Centrafrique avec le grade de capitaine. Mais c’est sous le drapeau français qu’il avait d’abord été affecté dans son pays comme conseiller militaire technique de la France pour aider à la formation et l’encadrement de l’armée centrafricaine naissante. C’est plus tard qu’il demandera son départ de l’armée française pour être incorporé comme officier supérieur dans l’armée centrafricaine.

Son cousin David Dacko, le tout nouveau président de la République y voit une aubaine et le bombarde colonel, conseiller militaire, puis chef d’état-major en 1964.

Mais un an plus tard, le chef de la gendarmerie centrafricaine tente un coup d’Etat contre Dacko. Bokassa déjoue le coup mais ne rend pas le pouvoir au président déchu, il s’installe confortablement sur son fauteuil dès le lendemain.

Commence alors pour lui une carrière de président de la République de Centrafrique avec des fortunes diverses mais l’histoire ne retiendra que ses frasques.

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