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Coin d’histoire: 1914-2020, La Médina de Dakar a 106 ans Par Mohamed Bachir DIOP

Créée en 1914, la Médina compte parmi les quartiers les plus vieux de la capitale. Elle est née suite à une épidémie de peste et au déguerpissement de certaines populations du Plateau, des Lébous, pour des raisons « sanitaires » dit-on, en réalité pour d’autres causes inavouées, notamment l’intention des colons d’occuper la totalité du Plateau pour y installer toute l’administration coloniale et des colons qui devenaient de plus en plus nombreux.

En voici l’histoire telle que racontée par Abdou Khadre Gaye, écrivain, président de l’Entente des Mouvements et Associations de Développement (Emad), coordonnateur du Fespenc.

L’histoire aurait pu être commencée au 15ème siècle, voire plus tôt. Mais commençons-la au 19ème siècle, plus précisément en 1817. Année qui a marqué la reprise de l’île de Gorée par les Français. A partir de cette date historique, des relations amicales s’établirent entre les Français installés à Gorée et les Lébous de la Presqu’île du Cap-Vert. Des traités furent signés entre les représentants de la France et ceux de la République léboue. Parmi ces traités, il y a celui du 10 octobre 1826 réglementant les interventions lors des fréquents naufrages de navires, celui du 22 avril 1830 concernant les révisions de taxes et impôts que les Français payaient aux autorités de la Presqu’île et celui du 10 août 1832 cédant aux Français un terrain situé à la pointe de Bel Air pour accueillir un cimetière.

Cependant, tout changea un matin de Korité coïncidant avec la date du 25 mai 1857. Ce jour-là, raconte Abdou Khadre Gaye, écrivain, président de l’Entente des Mouvements et Associations de Développement (Emad), coordonnateur du Fespenc (Festival des Penc), «après avoir assisté à la cérémonie de prière à Bayé, actuelle Place de l’Indépendance, Protêt et ses troupes défilaient dans les rues de Dakar, comme pour communier avec leurs amis musulmans qui fêtaient la fin du mois du Ramadan ; en vérité, c’était pour marquer la prise de possession de Dakar où flottait dorénavant le drapeau français», déclare M. Gaye.

En effet, indique ce dernier, « dès la prise de possession de Dakar, la priorité des Français était de faire accepter leur suprématie et de réaliser leur vieux rêve d’occupation des terres du haut Plateau de la Presqu’île. La politique d’acquisition par l’achat et la location ne suffisant pas à la réalisation de ce rêve, ils eurent recours à la réquisition ».

Les premiers refoulements de populations autochtones

C’est ainsi qu’en 1858, fait savoir le président de l’Emad, Abdou Khadre Gaye, pour cause d’alignement au profit du magasin bordelais de dépôt Maurel et Prom, les villages de Kaay, Tannu Géej et Mbakkënë, situés sur la côte orientale du Plateau, furent déménagés vers les dunes (tundd), au-delà de l’actuelle rue Vincent.

« En 1887, lorsque Dakar fut érigé en Commune de plein exercice, les populations autochtones étaient toutes refoulées dans cette zone avec des villages dispersés entre les dunes de sable », poursuivit-il. De fait, le Plateau était partagé en deux zones, une européenne, une africaine, pour ne pas dire une française, une léboue.

En 1900, raconte M. Gaye, une épidémie de fièvre jaune frappa la cité. Cette épidémie fut pour les Français une aubaine. Ils purent, arguant les mesures sanitaires, refouler, toujours un peu plus loin, une bonne partie des populations autochtones de cette zone stratégique du Plateau. Plusieurs centaines d’habitations furent ainsi brûlées.

 

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