Cheikh Moussa Camara de Ganguel Soulé: Une mémoire encyclopédique Correspondance régionale, Habib KÂ
La communauté scientifique et religieuse reconnaît en Cheikh Moussa Camara de Ganguel Soulé une érudition prodigieuse, sanctionnée par plus d’une quarantaine d’œuvres dans des domaines aussi variés que différents : astrologie, astronomie, médecine, histoire, géographie, sciences sociales, etc … dont une bonne partie a été généreusement offerte à l’IInstitut fondamental d’Afrique noire (IFAN-Cheikh Anta Diop).
L’histoire de ce savantissime homme né en 1864 à Gouriki Samba Diom, petit village situé au sud-est de Matam, dans le Damga, et décédé à Ganguel Soulé en 1945, est assez largement méconnue dans la région de Matam ; que dire alors du Sénégal ?
Sa formation
C’est à Gouriki que le jeune Moussa fut initié à l’étude de l’alphabet arabe et du Coran.
Très tôt, il perdit son père, un père qui avait une vision prémonitoire pour son fils prodigieux : “Mon enfant que voici (en me désignant) sera un Seigneur ; il connaîtra son heure, si bien que lorsque quelqu’un dira qu’il est mon fils, il se trouvera des gens qui le traiteront de menteur parce que je n’ai pas eu de renom, tandis que, vive lumière qu’il sera, il jouira d’une grande célébrité, il se taillera une place de choix, un rang élevé à cause de sa baraka”.
C’est sublime, c’est divin !
Votre serviteur est-il en train de faire une plaidoirie, malgré lui, des prophéties inscrites sur les tablettes du père de Thierno Moussa ?
Université de Matam Thierno Moussa Camara, Why not ?
Un an en Mauritanie où il apprend le Coran pour le mémoriser, il revient à Seeno Paalel auprès de Thierno Abdoul Elimane Diawandho qui lui apprit le Risaala d’Ibn Abou Zeid et la Maqsuura d’Ibn Doureid.
S’en suivra une longue Odyssée auprès des sommités des villages environnants et des contrées lointaines pour encore quérir le savoir divin. Il assimilait vite. Une seule lecture lui suffisait pour retenir l’essentiel.
C’est Cheikh Sadibou qui l’a baptisé Cheikh Moussa et qui lui a donné aussi le wird Qadir vers les années 1886.
Après une trentaine d’années d’études auprès des plus grands maîtres de l’époque au Fouta, à l’intérieur du Sénégal, en Mauritanie, au Fouta Djallon en Guinée et au Mali, Cheikh Moussa impose respect et admiration pour son érudition.
Des amis et des relations, le Cheikh Moussa en avait et des plus célèbres : Blaise Diagne, Ngalandou Diouf, députés du Sénégal, des gouverneurs français, des arabisants tel que Maurice Delafosse.
Les savants et guides religieux les plus illuminés du siècle dernier ont fait des témoignages élogieux sur son érudition, sa mémoire encyclopédique : Cheikh Amadou Bamba, El Hadji Maodo Malick Sy, Thierno Seydou Nourou Tall, etc …Paul Marty, arabologue émérite, rapporté par feu le professeur Amar Samb de l’Ifan, disait de lui : « Si on comparaît ce Cheikh avec dix savants du Sénégal, il l’emporterait sur eux tous ».