GMT Pile à l'heure

La Ligne du Devoir

Cartographie d’une tournée: Tampi ? Tampani ? Tant pis ! Par Habib KA, Bureau régional de Matam, Thilogne

Partout où il est passé, Fouta Tampaani, tapis rouge au sol, Fouta Tampi, banderoles rouges au vent étaient au rendez-vous, pour l’accueillir.

Le Fouta des jeunes protestataires contre le Fouta des inconditionnels du président, le Fouta d’en-bas contre le Fouta d’en-haut, les désillusionnés du “neddo ko bandum” contre les illuminés-partisans et tout ceci, le fils de Amadou Abdoul et de Coumba Thimbo au cœur.

Pouvait-il s’imaginer que les assurances données par son entourage, après un meeting organisé au stade de Matam, à coups de mobilisation de millions de francs cfa et de nombreuses foules déplacées suite aux événements tragiques du début du mois de mars dernier étaient du toc ? Fouta et sa jeunesse n’étaient pas dans la poche du président ; l’activisme de la petite Fatoumata Ndiaye et le Fouta Tampi n’étaient pas une tempête dans un verre d’eau. Au contraire.

Pour une randonnée dans le plat pays qui est le sien, il eut la désagréable surprise de constater qu’entre eux et lui, le fossé était abyssal, ses calculs sur la tournée, faussés.

Tapis rouge étalé, banderoles rouges déployés, c’est comme si les jeunes de Fouta Tampi aiguillonnaient les nerfs des nervis, au passage du convoi présidentiel, obligé parfois de marquer un petit arrêt.

Macky Amadou ébaubi, debout seul dans la voiture noire, se grattant la tête pour se contenir, regardait ses gros bras faire ce pour quoi ils ont été recrutés : gazer et casser de jeunes manifestants.

Des jeunes, frêles épaules qui se veulent les échos des désillusions et désespérances de leurs parents qui avaient voté la voie de l’espoir, le Yoonu Yokkute.

Ils étaient encore jeunes, mineurs, en 2012. Aujourd’hui, ils exigent du concret du président de la République, de respecter ses engagements électoraux pour réduire les iniquités et les injustices sociales.

Le chef de l’État aura beaucoup à faire, en tirant le bilan de cette tournée dans le Nord du Sénégal qui a sonné toutes les alertes. La preuve : les élections communales ne sont plus une mince affaire, tout comme le 3ème mandat, que personne d’ailleurs n’ose agiter, même en épouvantail.

La tournée économique était conçue pourtant pour permettre au président de la République de passer une revue des troupes, pour quelques réglages avant le démarrage de la campagne, mais aussi pour tâter le pouls des Sénégalais et sonder le niveau de sa popularité.

Finalement la question peut encore être posée au chef de l’État s’il est prêt à confirmer définitivement le 23 janvier 2022, date des élections municipales et départementales.

De cette semaine, le Fouta a prouvé urbi et orbi qu’il n’est le jardin de personne, qu’il est un cœur à prendre.

Ils seront nombreux les leaders politiques à descendre incessamment dans la zone à la recherche de responsables locaux solides.