GMT Pile à l'heure

La Ligne du Devoir

Bataille de Dakar: Des incertitudes… capitales à l’horizon Par Mame Gor NGOM, Rédaction centrale, Le Devoir

Que reste-t-il de la suprématie de Ababacar Khalifa Sall qui s’était vérifiée avec l’élection de Sohan Wardini ? L’ancien maire plie mais ne rompt pas.

Khalifa Sall n’est plus Maire de Dakar mais, même “diminué et “inapte”, il garde une certaine influence dans la capitale sénégalaise. Le camp du pouvoir qui l’a affaibli devrait être plus inspiré s’il veut contrôler Dakar. D’autres forces représentatives seront de la bataille.

Dakar est la mère des batailles. Des incertitudes : qui sera le futur maire ? Quels maires pour ses communes ? La capitale dirigée actuellement par Soham El Wardini depuis l’incarcération en mars 2017 de Khalifa Ababacar Sall. Première adjointe depuis 2014, elle a d’abord assuré l’intérim, avant d’être confirmée dans ses fonctions, samedi 29 septembre 2018.

Si son élection n’a pas été si évidente, c’est que la coalition “Taxawu Dakar” qui a œuvré pour la victoire de 2014 s’est fissurée : Moussa Sy, maire des Parcelles assainies, une de plus importants greniers électoraux de Dakar, a été candidat pour diriger la mairie. Un contre-pied qui suit une logique : Sy qui a rejoint le camp présidentiel, -il est Pca du port-a opportunément pris ses distances avec Khalifa Sall, après avoir perdu les législatives du 30 juillet 2017 avec Taxawu Dakar ;

Banda Diop, maire de la Patte d’Oie, est aussi dans cette posture de défiance à ses ex-camarades, même si lui est moins radical. Candidat malheureux à la succession de Khalifa Sall mis “hors-jeu”, il est plus en phase avec le régime actuel.

L’élection de Wardini par 64 voix contre 13 pour Moussa Sy et 11 pour Banda Diop, avait montré que la force de Khalifa Sall à Dakar est restée vive. Aujourd’hui qu’est-ce qui reste de cette suprématie ?

Khalifa plie mais ne rompt pas…

Khalifa Sall diminué par une condamnation qui l’empêche d’être candidat sans une amnistie, il est obligé de changer de fusil d’épaule. Mise-t-il désormais sur le maire de Sacré-Cœur, Barthélémy Dias, pour la reconquête de Dakar, comme on le soupçonne de plus en plus ?  Une stratégie, si elle se confirme, comporte ses limites. Que pèse réellement Dias qui se montre souvent volontariste et engagé pour la défense des bonnes causes ? Lui aussi n’a-t-il pas simplement bénéficié de “l’effet Khalifa” pour être élu et réélu ?

En homme politique expérimenté, l’ancien maire de Dakar joue certainement sur plusieurs tableaux.

Au-delà de Barthélemy Dias qui s’entend bien avec son “frère” Ousmane Sonko pour rendre plus efficace une éventuelle coalition avec Pastef, il y a d’autres franges de l’opposition qui pourraient se retrouver pour le “contrôle de Dakar” face à un pouvoir qui veut redorer son blason. Vaille que vaille.

Les mêmes causes, les mêmes effets…

Macky Sall et ses alliés risquent d’être confrontés aux mêmes problèmes qui ont été à l’origine de leur déconvenue de 2014. En plus des mésententes dans leur camp, il y a les effets de l’usure du pouvoir. Les causes et les conséquences des graves manifestations de début mars 2021 peuvent impacter sur la marche des choses électorales. La bataille de Dakar est déterminante. Elle va driver la suite des évènements avec les législatives et la présidentielle de 2024.