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Baisse des chiffres liés à la Covid-19 au Sénégal: Exploit scientifique ou leurre politique ? Par Fanny Ardant

Le Sénégal évolue dans le cadre normal de l’évolution des épidémies qui connaissent différentes phases, allant du temps de latence à la décroissance.

La maladie à Coronavirus est-elle en train de vivre ses dernières heures au Sénégal ? 

La question trouve tout son sens avec cette décrue de cas notée depuis presque trois semaines. Et nonobstant l’attitude de nos autorités étatiques qui foulent au pied les mesures barrières, en  s’offrant des bains de foule avec leurs militants.

La Covid-19 prend du recul au Sénégal. C’est du moins ce  que reflètent les chiffres du bulletin quotidien livré par le directeur de la Prévention médicale, Docteur Mamadou Ndiaye.

Ce dernier communique désormais des taux de positivité avoisinants moins de 5%.  Une baisse de nouvelles contaminations dont on ne saurait donner une explication scientifique si l’on se réfère aux propos de Marie Khemesse Ngom Ndiaye,  directrice générale de la Santé publique et présidente du Comité national de gestion des épidémies.

En effet, selon elle, les services sanitaires sont en phase de vérification de cette décrue de la maladie qui pourrait être le résultat des stratégies adoptées par le ministère de la Santé et l’Action sociale.

“Effectivement, depuis deux à trois semaines, nous notons une baisse des cas positifs. Mais nous tenons à relativiser cette baisse.  Parce qu’il faut dire par-ci, par-là que nous avons toujours les déterminants de la maladie qui sont là. Mais nous pensons, et actuellement c’est en train d’être vérifié, que notre stratégie qui a été mise en place à savoir:  disposer sur l’ensemble du territoire sénégalais de centres de traitement des épidémies, continuer le système de surveillance épidémiologique avec un renforcement au niveau de toutes les frontières aériennes, maritimes et terrestres,  mais également cette stratégie qui consistait à dépister le maximum de personnes, les hospitaliser quand elles sont positives ou la prise en charge des cas contacts nous a permis aujourd’hui de contenir l’épidémie”, avait-elle raisonné avec prudence sur les ondes de la radio “Futurs média (Rfm) mercredi dernier.

Mais, de l’avis du fondateur de l’Institut de recherche en santé de surveillance épidémiologique et de formation (IRESSEF), Pr Souleymane Mboup,  c’est dans le cadre normal de l’évolution des épidémies qui connaissent différentes phases allant du temps de latence à la décroissance. Cependant, pour expliquer cette baisse de l’épidémie qui semble se maintenir au Sénégal, le virologue  convoque l’hypothèse  de l’immunité. Tout en se référant des chiffres préliminaires dont il dispose, montrant un “taux de circulation faible du virus dans la population, avec un taux d’anticorps très élevé.”

Une réflexion que ne partage pas le Pr Coumba Kane Touré, Recteur de l’Université du Sine-Saloum d’Elhadji Ibrahima Niass (USSEIN).

Joint par “Le Devoir”, le Pr Kane confie que  “les résultats et la stratégie adoptée ne sont pas corollaires”, lâche-t-elle.

” La tendance baissière est globale au niveau africain. Mais, est ce que nos chiffres-là reflètent réellement la réalité ? Parce que les résultats et la stratégie ne sont pas corollaires. Dans la mesure où quant vous dites que je me focalise sur les patients qui ont des signes, normalement le nombre de test doit être réduit et le nombre de positivité doit être élevé. Maintenant est-ce qu’il désagrège ? Est-ce  parmi les voyageurs qui sortent et qui sont négatifs la plupart ? Ou si vous en faites 600 ou 700,  y’a-t-il un qui est positif, est-ce que dans les 1.000 tests effectués on  prend en compte les tests des voyageurs ?