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Babacar Mbaye Coly : Le son libère

Babacar Mbaye Coly, un chanteur habile et stoïque

Il chante pour panser ses maux et ses blessures

Le son libère, pourvu qu’on ait plusieurs cordes, six pour lui, à son arc

 

Mbaye Lyco, de son vrai nom Babacar Mbaye Coly, a découvert son amour pour la musique durant son enfance au village de Éguilaye (dans le département de Bignonassous), l’influence de groupes traditionnels. Il crée alors son premier instrument de musique composé d’un bidon, d’un bâton et de cordons de nylon pour imiter les sonorités du “Ékonting” et chanter quand il était avec ses amis.
En 2003, il est envoyé chez son oncle maternel à Rufisque où il est formé au métier d’électricien. La même année, il intègre aussi un groupe de rap nommé “Brain Bu Fippu” et 6 ans plus tard, en 2009, il part aider un de ses oncles à vendre des articles dans son bazar aux Parcelles assainies. Des containers qu’il importait des USA pour la vente de matériels divers. Comme un autre élément déclencheur, Mbaye Lyco y découvre une guitare d’occasion et ce fut le coup de foudre total : il venait de raccorder les cordes à son art.

Entretien dirigé par Chérifa Sadany Ibou Daba SOW,
Cheffe du desk Culture

Pouvez-vous présenter la musique que vous faites ?

J’ai grandi entre Dakar et la Casamance. L’occasion m’a été permis de suivre et d’écouter quelques légendes comme le groupe Fogny de Bignona et Youssouph Mané, un grand artiste traditionnel de mon village natal de Éguilaye et tant d’autres crews musicaux nationaux. Cela m’a donné envie de me lancer dans la musique non seulement pour extérioriser mes sentiments mais pour éveiller les consciences à travers des thématiques que j’ai développées. Je fais de l’Afro-jola, une musique mélodique que j’ai apprise à travers la culture jola (Casamance).
J’ai la chance de faire plusieurs styles de musique. Il faut reconnaître que j’suis plus doué en acoustique.

Quelle est la meilleure chanson que vous ayez sortie et pourquoi ?

La meilleure chanson que j’aie sortie est intitulée “Wariémi”, ce qui signifie la douleur ou encore la souffrance. J‘ai sorti cette chanson pour me libérer des maux et blessures internes. C’était un moment pour moi aussi de faire comprendre aux autres que tant que nous vivons, il faut tout le temps nous préparer aux obstacles de la vie tout en essayant de les surmonter de façon stoïque. Cette chanson “Wariémi” est dans mon album “Massoumeh”, le bonheur, en Jola. J’ai fait cette production musicale le 25 juillet 2023 après celle de 2019 intitulée “Sénégambia”.

Que pensez-vous de l’industrie musicale actuelle ?

L’industrie musicale contemporaine a connu un parfait essor. Nous ne rencontrons pas trop de difficultés pour faire nos répétitions ou enregistrer nos chansons. À l’époque, certains avaient des rêves musicaux brisés. Car les moyens ne suivaient pas. Même si nous ne sommes pas dans un confort, nous avons beaucoup plus de chance pour nous affirmer, surtout avec l’avènement des médias et réseaux sociaux.
En revanche, si je pouvais changer quelque chose dans cette industrie musicale actuelle, ce serait de mettre de la plus-value dans nos clips vidéos afin de vendre l’image de notre cher Sénégal à l’échelle mondiale.

Quel est le meilleur conseil musical que tu as reçu ?

Dans toute activité ou métier que nous menons, nous avons besoin de conseils pour performer. Alors, le meilleur conseil que j’ai reçu est d’avoir confiance en soi mais également d’avoir une ouverture d’esprit et du cœur. Cela me permettra d’être sur la bonne voie musicale.
Force est de reconnaître que c’est une passion pour moi de chanter. En chantant j’oublie vite mes peines et maux.

Si vous pouviez faire la première partie de n’importe quel artiste, lequel serait-ce ?

Bien vrai que j’ai écouté quelques légendes musicales nationales, mais j’aurais l’honneur et le plaisir de faire la partie d’Angélique Kidjo. Elle est source d’inspiration, à l’image de notre “papa de la musique”, Souleymane Faye dit El Maestro.

La musique occupe une grande partie de votre existence ; quels sont vos autres passions ou centres d’intérêt en dehors de la musique ?

Sachant que nous sommes au 21ème siècle où il serait important d’être polyvalent, je fais aussi du commerce. Je vous précise que j’suis électricien de formation. Ce métier m’a permis de subvenir à mes besoins et surtout de financer certaines de mes activités. Je profite aussi de cette occasion qui m’est donnée pour lancer un appel solennel à l’encontre du ministre en charge de la Culture et du directeur du Patrimoine national afin qu’ils me donnent un coup de main financier.

Ton style a-t-il évolué depuis le début de ta carrière ?

Certes je ne suis pas encore connu du grand public malgré mon passage sur quelques plateaux de télévision et radios. J’suis quand même rassuré et persuadé que mon style de musique a évolué à petit feu depuis le début de ma carrière. D’ailleurs, je fais souvent appel aux proches et personnes du domaine.

Pour conclure, dites-nous, selon vous, quelles qualités font un grand artiste musical ?

Après toute cette expérience vécue en musique, j’ai remarqué qu’un bon artiste est celui qui va toujours à la quête perpétuelle du savoir, qui ne se lance des défis à relever sans anxiété.