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Au Sénégal, survivre est un véritable parcours de combattant: Le manque de confiance et le suicide peuvent découler de la pression sociale Khadidiatou GUÈYE Fall

La franchise et l’audace se confondent, tout comme le franc-parler et l’immiscement dans la vie se confondent au Sénégal. La situation matrimoniale de la femme habitant seule dans son appartement mérite qu’on y jette un peu notre grain de sel.

Ce couple de 8 ans de mariage sans enfant doit s’ouvrir au voisinage afin de bénéficier des conseils pour avoir un petit bois de Dieu. La belle-fille du chef de quartier a tellement maigri qu’on suspecterait de la souffrance et de la maltraitance émanant de sa belle famille. Autant de ragots qui se racontent et s’interprètent dans les alentours de la maison.

Ceci semble un phénomène accoutumé des Sénégalais. Ces derniers font vivre à des personnes une véritable pression sociale. Allant même jusqu’à nourrir un complexe chez la personne. Le poids du regard de la société n’est pas léger, des personnes victimes en subissent la masse pesante.

Fatou Diallo est une fille de 16 ans, elle est d’une forte corpulence malgré son âge. Les regards s’orientent vers elle a chaque fois qu’elle essaie de mettre son corps en valeur. Mais hélas, elle en récolte des critiques poignantes remettant en question sa morphologie. Elle témoigne qu’a plusieurs reprises, des gens lui ont reproché son poids vue son âge.

“Quand je rencontre une personne qui me demande de diminuer mon poids, ça me sidère. En plus, ils te le disent avec tellement d’intonations expressives que ça me travaille toute une journée. Je me regarde à travers le miroir et je me déteste aussitôt », confie-t-elle. Pour Fatou, sa morphologie est piétinée et elle se remet en cause cherchant un moyen de plaire aux autres. Chose dont elle a fini par se départir progressivement.

La pression sociale se perçoit à plusieurs niveaux. Des personnes vivent la pression au sein de leur famille, d’autres à l’école. Surtout sur le côté richesse, des personnes à revenus misérables sont des victimes de la pression sociale. Des célibataires en âge de se marier font face à un stress quotidien et continu. Les femmes mariées n’arrivant pas à procréer sont plus impactées par la pression sociale. Hormis la pression, elles subissent toutes sortes de violences verbales.

Les diplômés ne sont pas épargnés par la pression sociale.

Samba Ndao, un jeune businessman, en sait quelque chose. Il s’interroge souvent sur le pragmatisme des certains Sénégalais à fouiller dans la vie d’une personne et de lui trouver autant de défauts. Samba Ndao affirme que l’attardement sur les détails intéresse beaucoup les sénégalais. “Sur tous les plans, des personnes vivent la pression sociale. Pour certains qui ne peuvent tenir, cela les pousse à un manque de confiance en soi conduisant au suicide. Si la victime ne dispose pas assez de force, elle risque de succomber”, fait savoir Samba.

Les gens procèdent malicieusement à nous forcer l’image qu’ils veulent de nous. C’est ce que Ndiaya Fall a compris, une fille de 28 ans avec un teint noir. L’avis des autres importe peu pour Ndiaya:”Personnellement, je ne vis pas la pression sociale. Quand les gens parlent de mon teint, je me dis que c’est leur avis et ça ne compte pas pour moi. Je vis pépère. L’essentiel c’est de me sentir bien dans ma peau”. Elle est parvenue à canaliser le mécanisme d’influence et d’intimidation des Sénégalais.” Les Sénégalais sont experts en matière de critiques. Pour vivre heureux, il faut apprendre à aimer son corps et savoir se valoriser, savoir mettre en valeur ses atouts. Je vis comme ça. Du coup, je ne vis pas la pression sociale ou le regard de l’autre” , suggère-t-elle.

Le regard de l’autre ne devrait pas impacter sur la manière de vivre. Si les victimes décident de n’accorder aucun crédit aux propos déplacés ou vexants d’autrui. Les plus faibles ne parvenant pas à surmonter cette pression laissent la manque de confiance et la dépression prendre le dessus. Chose qui peut mener au suicide.