GMT Pile à l'heure

La Ligne du Devoir

An XVIII de la commémoration du naufrage du bateau le Joola: Les victimes et parents de victimes toujours dans l’attente Dossier réalisé par Charles SENGHOR

La nuit du 26 au 27 septembre 2002, le Sénégal s’est réveillé avec le chavirement du bateau Le Joola faisant la navette entre Dakar et Ziguinchor. Le naufrage de ce navire revenant de la capitale méridionale n’a laissé derrière lui que désolation, avec des promesses de l’Etat aux familles des victimes, aux orphelins étant toujours en état embryonnaire. Au grand dam de ces familles dont le seul objectif est de faire réaliser ces promesses pour leur faire vivre dignement le deuil.

C’est ce qu’a fait savoir Martine Kourouma, Comité d’Initiative pour l’érection du Mémorial-Musée Le Joola. Cette jeune femme qui a perdu sa mère dans le navire souligne que les problèmes des victimes et parents de victimes du bateau Le Joola restent entiers. Aujourd’hui, elle souhaite vivement, à l’image de ses camarades engagés dans ce combat, que le bateau soit renfloué pour plusieurs raisons. D’abord, parce qu’il va permettre aux familles des victimes, qui n’ont pas pu enterrer leurs morts, de le faire dignement, comme le recommandent toutes nos religions et traditions. Ensuite, poursuit-elle, il pourrait permettre de vérifier la thèse que le bateau ne fonctionnait qu’avec un seul moteur alors qu’il devait aller avec deux. Martine Kourama estime que si cette étape se réalisait, elle pourrait aider à déceler les vraies causes de l’accident en dehors de la surcharge pointée du doigt dès les premières heures de ce sinistre.

La situation de ne pas se soumettre à la volonté des parents de victimes est très incompréhensible. Car, « depuis des années, il y a  eu des volontaires pour sortir gratuitement le bateau ; mais l’Etat n’a visiblement pas la volonté de le faire ».

Comme pour conforter que les parents des victimes n’ont pas été pris en charge à la hauteur des attentes, Martine Kourouma cite le cas des orphelins de la Nation dont beaucoup ont été laissés en rade. Sur les 1.900 enfants, seuls 700 ont bénéficié du statut de pupilles à la veille de l’élection présidentielle de 2012.

Dénonçant l’absence du suivi psycho-social aussi bien chez les rescapés que chez les familles des victimes et les orphelins, Martine Kourouma plaide pour la construction du Mémorial du musée. Selon elle, la première demande pour Dakar n’a pas été respectée. Et pour le terrain offert à Ziguinchor, les travaux n’ont pas débuté depuis plus de six mois que la pose de la première pierre a été faite.

Toujours dans les récriminations, les parents des victimes et orphelins ne digèrent toujours pas le classement sans suite du dossier placé sur la responsabilité du capitaine du bateau disparu dans le naufrage.

La jeune fille, membre du Comité d’Initiative pour l’érection du Mémorial-Musée Le Joola et ses camarades plaident, par ailleurs, « la duplication » du mémorial à Dakar. Parce que, motive-t-elle, la commémoration se fait dans les deux villes. Selon elle, cette disparition de personnes venant de treize nationalités est une affaire du Sénégal tout entier.