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Amadou Bâ-Aly Ngouille Ndiaye: La botte secrète de Macky Sall ? Par Habib KA, Bureau régional de Matam, Thilogne

Amadou Bâ et Aly Ngouille Ndiaye restés réguliers, constants, membres à part entière de l’Alliance pour la République (APR) constituent-ils la réserve de l’armée d’élites du président ?

Aly Ngouille Ndiaye et Amadou Bâ, malgré leur débarquement du gouvernement, ont su rester démocrates et républicains, écartant toute idée de considérer être ministre de la République comme un métier, une place inamovible. Ils admettent qu’un poste de ministre n’est pas une fonction, dont le responsable politique ne vit que par et pour les avantages et positions de pouvoirs liés à celle-ci.

Ainsi, ils ont très tôt pris les devants pour instruire leurs militants et sympathisants qu’une nomination, un maintien, une permutation, ou un remerciement dépend de la volonté du chef de l’État, des critères et raisons de ses seuls choix.

Aly Ngouille Ndiaye, maire de Linguère, est sans équivoque lorsqu’il dit : “Seul le président de la République, Macky Sall, a le pouvoir constitutionnel de choisir ceux qui doivent l’accompagner dans le travail au sein du gouvernement. (. . .). Je ne suis plus dans le gouvernement, mais je suis dans le parti APR ; notre motivation, c’est de travailler ensemble avec le président Macky Sall pour l’intérêt général et nous y sommes toujours”.

Amadou Bâ, l’ancien ministre des Affaires Étrangères, ne dit pas moins : “Entre le président Macky Sall et moi, c’est l’entente totale. Je n’ai aucun problème avec lui et on s’entend régulièrement. Je vous exhorte à rester zen et ne pas polémiquer sur nos relations”.

Chacun profitant de son temps libre pour se rapprocher de sa circonscription, saisir les préoccupations quotidiennes de celle-ci, ses aspirations immédiates, chacun fait sienne la demande sociale de sa base et propose d’y apporter solutions, jamais ils n’ont laissé transparaître une exaspération, une frustration, un malaise, ou émis une indiscrétion sur les murmures du palais. Tout est fermé, hermétique.

Amadou Bâ et Aly Ngouille Ndiaye sont restés réguliers, constants, membres à part entière de l’Alliance pour la République (APR).

Réserve de l’armée d’élites du président ?

Leur retour en service dans le pré-carré mackyste est devenu impératif au regard de la nouvelle configuration politique qui se redessine.

Leurs leaderships ne souffrent d’aucune contestation, et les messieurs ont le profil à l’emploi pour les missions délicates du président.

Pour rappel, Amadou Bâ, surnommé le patron de Dakar pour avoir vaincu le signe indien, en faisant gagner Dakar le candidat Macky Sall à la Présidentielle de 2019, Dakar où il y avait 1.700.000 inscrits.

Khalifa Ababacar Sall trônait maire depuis le 20 avril 2009, faisant mordre la poussière à la coalition de Abdoulaye Wade dans toutes ses tentatives de conquête de la direction de la très stratégique mairie de Dakar.

L’Alliance pour la République (APR), elle aussi, en prit pour son grade pour avoir présenté Aminata Touré, Premier ministre. Elle fut battu à plate couture dans sa propre circonscription de Grand-Yoff, ce qui lui valut son limogeage et sa descente aux enfers dans le parti et dans le gouvernement.

Il est constant que l’équipe actuelle n’est que l’ombre d’elle-même, les ministres, aphones, anonymes ; peut-être que le Fast track et la suppression du poste de premier ministre sont-ils en partie les raisons de leur aplatissement.

L’imprévisible président fera certainement le grand lavage incessamment. Puisqu’on peut longtemps encore épiloguer sur les raisons exactes qui ont motivé le départ de ses plus proches collaborateurs lors du remaniement du Premier novembre qui a emporté le Premier ministre, Muhammad Boun Abdallah Dione, l’ex-ministre de l’Économie et des Finances, Amadou Bâ, le ministre de l’Intérieur, Aly Ngouille Ndiaye, le ministre des Infrastructures, des Transports terrestres et du Désenclavement, Me El Hadji Omar Youm, le directeur de cabinet Augustin Tine, la présidente du Conseil Économique Social et Environnemental (CESE), Aminata Touré.

De Macky Sall, on n’est sûr de rien. On ne peut rien présager de ses humeurs, ses intentions, ses décisions.

L’homme aurait, peut-être, un groupe très restreint, fermé, qu’il consulte ; et qui n’est pas forcément de son entourage immédiat, visible. Toutes ses décisions importantes font toujours l’objet d’une surprise générale pour le monde.

Le chef de l’État laisse convaincre qu’il est souverain de ses choix, des actes qu’il pose : riche de son parcours politique, le militant qu’il est est devenu complètement forgé, formaté, sans âme, qui n’agit et ne réagit que par rationalisme et opportunités, sans angélisme. Chez lui, la politique prime sur tout, l’esprit en alerte, même quand il s’assoupit, c’est d’un œil.

On peut retenir que Macky Sall est imprévisible, insondable, ininfluençable.