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Aly Ngouille Ndiaye, Amadou Bâ, Khalifa Sall: Les bénéficiaires du feu ? Par Mame Gor NGOM, Rédaction centrale, Le Devoir

Khalifa Sall, Amadou Bâ, Aly Ngouille Ndiaye entre autres vont-ils “renaître” ou trouver une autre “virginité politique”, après les graves événements qui se sont produits au Sénégal en début mars ? Il est établi que le malheur des uns fait souvent le bonheur des autres. Une telle réalité implacable se vérifie tous les jours. Chez nous, plus qu’ailleurs.

Macky Sall qui est obligé de gérer une grave crise inédite, est devenu très peu loquace depuis son message à la Nation qui a suivi les trois jours de manifestations meurtrières avec au moins 12 décès et de nombreux blessés.

Son “Je vous ai compris” lancé à l’endroit des manifestants va sans doute au-delà des 300 milliards FCfa annoncés pour l’emploi des jeunes qui étaient aux avant-postes des contestations. Des changements à la tête de certains départements ministériels sont attendus. C’est pourquoi des noms sont de plus en plus prononcés.

Aly Ngouille Ndiaye : question de temps ?

Limogé après plus de trois ans à la tête au ministère de l’Intérieur, Aly Ngouille Ndiaye avait fait cette déclaration déjà citée dans une de nos  éditions précédentes : « Seul le président de la République, Macky Sall a le pouvoir constitutionnel de choisir ceux qui doivent l’accompagner dans le travail au sein du gouvernement. Nous avons cheminé avec lui depuis la formation de son premier gouvernement le 04 avril 2012 jusqu’au 01 novembre 2020. J’estime que je ne suis plus dans le gouvernement, mais je suis dans le parti (APR). Notre motivation dans le parti c’est de travailler ensemble avec le président, Macky Sall pour l’intérêt général et nous y sommes toujours »,  a affirmé devant ses militants l’ancien ministre de l’Energie.

« On peut bien comprendre les émotions des uns et des autres, mais le plus important c’est qu’en plus du gouvernement, j’ai été élu maire de la commune de Linguère. Donc si je ne fais plus partie du gouvernement, c’est une occasion pour mieux me concentrer sur ma mission auprès de la municipalité. Je ne vois aucunement l’intérêt de créer des histoires, car après tout, notre engagement pour le Djolof et généralement pour le Sénégal ne change pas ; au contraire, nous allons le poursuivre. Le plus important est que nous sommes sortis du gouvernement la tête haute”, avait conclu Ndiaye. Aujourd’hui, il pourrait bien revenir la “tête haute”.

Amadou Bâ, des signaux pour un retour ?

Après le feu inhérent aux émeutes, Amadou Bâ, coordinateur de l’Alliance pour la République aux Parcelles assainies, a tenu à faire des visites de proximité et “venir en aide aux populations” dans le désarroi. L’ex-ministre des Affaires étrangères a d’ailleurs réagi sur sa page Facebook : “Ces temps durs et inattendus que nous venons de traverser constituent une épreuve pour tous. Un temps de réflexion inédit afin de se recentrer sur l’essentiel : nos valeurs.

Car, c’est dans ces moments de bouleversement que des relations fortes et authentiques sont recréées, que les cœurs sont rapprochés, que la bienveillance et l’empathie deviennent nos plus grandes qualités, que venir en aide, écouter, épauler et soutenir deviennent les points forts de chacun”, écrit-il. Avant de poursuivre : “C’est au cours de ces périodes, vecteurs de changement certain, que l’on n’espère plus qu’un simple retour à la normale mais le début d’une vie meilleure.

Ces temps sont pour nous un rappel de notre essence même, celle d’un pays stable, paisible et chaleureux. Le pays de la Téranga.”

Ministre de l’Économie et des Finances depuis le 2 septembre 2013, en remplacement d’Amadou Kane, il a été choisi pour diriger le ministère des Affaires étrangères en 2019.

Défenestré en novembre 2020 “pour délit d’ambition”, selon certains, cet ancien Directeur des Impôts et des Domaines semble bien être conscient qu’il suscite des interrogations. Et il s’est fait tout discret. Jusqu’aux secousses nationales récentes qui présagent des changements profonds.

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Avant le feu, Khalifa Sall a été “réveillé” par les inondations survenues durant la saison des pluies. Des inondations qui ont fait des dégâts incommensurables dans la lointaine banlieue de Dakar comme Keur Massar, mais aussi à Grand-Yoff, son fief.  Aujourd’hui encore, en homme politique expérimenté, l’ex-Maire de Dakar a bien tiré son épingle…de la situation actuelle. En appelant à la “résistance”, et en réaffirmant son soutien à Ousmane Sonko accusé de viol, il fait d’une pierre deux coups : clin d’œil au leader de Pastef et revanche sur Macky Sall si l’on sait qu’il considère ce dernier comme étant l’unique acteur de ses mésaventures. La libération de Sonko a été donc sans doute une victoire personnelle pour lui. Une situation qui a été dopante pour lui qui veut continuer à jouer les premiers rôles dans le landerneau politique sénégalais. Le voilà qui initie des visites à ses militants et autres responsables politiques.