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Alerte sanitaire ! Le variant anglais est au Sénégal depuis décembre 2020 Fanny ARDANT

Et les autorités n’envisagent toujours pas de fermer les frontières

Le patient anglais est guéri ; il était l’incubateur, celui par lequel l’ennemi a pénétré au Sénégal. Les autorités sanitaires refusent d’autant toute stigmatisation que le cobaye dément l’excessive mortalité du variant britannique au Sénégal depuis décembre. Indien, Chinois ? Qu’importe : la science sénégalaise  a gagné et c’est l’essentiel.

Apparu pour la première fois au Royaume-Uni, le 14 décembre 2020, le variant anglais SARS COV-2 est désormais présent sur le sol sénégalais. Et c’est le président-fondateur de l’Institut de recherche en santé de surveillance épidémiologique et de formation (Iressef), Pr Souleymane Mboup, qui a donné la mauvaise nouvelle, jeudi 28 janvier 2021, en marge du point quotidien sur la situation épidémiologique au Sénégal.

« Nous vous informons que le variant britannique SARS  COV 2 a été détecté dans les échantillons de la deuxième série », a déclaré le virologue. Qui, ajoute que cela été possible suite à une étude de l’Iressef en collaboration avec ses partenaires de l’Unité Emancy Gambie de la London School à Banjul (Gambie) qui ont procédé conjointement au séquençage d’échantillons de la deuxième vague du Sénégal par World Geniun sequency et réalisé le génotypage avec la méthode de MGS Next generation sequency.

Cependant, du fait que ces variants se transmettent le plus rapidement possible, ce qui pourrait expliquer la vitesse de propagation de la maladie dans certains pays, Pr Souleymane Mboup s’empresse de préconiser à la population qu’il est nécessaire « d’appliquer scrupuleusement les mesures de prévention individuelle et collective.»

Mais il s’avère que l’existence du variant anglais annoncé jeudi 28 janvier 2021 est apparu au Sénégal depuis décembre dernier. C’est ce que confirme le porte-parole parole du ministère de la Santé et de l’action sociale, par ailleurs directeur de la prévention, Dr Mamadou Ndiaye, contacté par le journal « le Devoir ».

Selon lui, « l’étude parle des échantillons particuliers qui sont des échantillons du mois de décembre. Et c’est une souche qui est confirmée, comme l’indique l’Iressef.», a-t-il lâché au bout du fil.

Toutefois, l’identité du patient qui n’a pas été dévoilée publiquement, jusque-là, ne semble pas trop intéressant pour notre interlocuteur, même si des sources du ministère de la Santé nous ont confié que c’est un ressortissant indien qui est à l’origine du premier cas de variant anglais enregistré officiellement au Sénégal. « Qu’importe sa nationalité, ce n’est pas importante : ça n’est pas l’identité du patient porteur du virus qui est utile. C’est une personne qui a été consultée le 30 décembre dernier. Encore une fois, son identité n’a pas d’utilité et on est en train de faire une investigation pour connaître exactement parce que la personne peut apparaître sur une nationalité  X ou Y. Ce n’est pas la nationalité qui est importante. La dévoiler serait stigmatisant. Ça peut être un Sénégalais qui est infecté du virus et ça peut être n’importe qui. On peut être bien à Dakar et être contaminé par une souche britannique. Parce que les gens se déplacent tous les jours », s’est barricadé le directeur de la prévention qui, également, n’a pas jugé nécessaire de notifier  où, ni comment ce patient a contracté le virus. Mieux, il déclare que « le patient est guéri ».

Alors pourquoi ne pas se prémunir de ces nouveaux variants qui sévissent à l’extérieur en fermant les frontières, d’autant plus que le premier cas de Covid-19 déclaré au Sénégal le 2 mars 2020 était un cas importé ? Il s’agissant d’un ressortissant français. Dr Mamadou Ndiaye est hostile devant cette proposition. Pis,  il se demande même « pourquoi fermer les frontières alors les virus sont déjà présents dans le pays. Fermer les frontières,  ça n’a donc pas de sens. Il faut savoir que c’est le même virus qui mute.

Le plan de riposte également reste le même. C’est uniquement les laboratoires qui seront plus regardants en faisant de temps en temps ce qu’on appelle le séquençage. C’est-à-dire voir un peu si le virus existant  est toujours le même. Parce que y’en a qui sont en train de muter », a-t-il conclu.

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