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Affaire Sonko – Adji Sarr: Balle à terre ! Par Charles Thialys SENGHOR, Desk central, Le Devoir

L’affaire Sonko-Adji Sarr sur les présumés viols et menaces a fini d’étouffer les vraies préoccupations des Sénégalais d’ici et d’ailleurs. Il est temps que chacun joue son jeu pour aider à revenir aux questions essentielles pour le meilleur des citoyens et du pays.

Depuis quelques jours, le Sénégal ne bruit que de l’affaire de « viols et menaces » présumés de Sonko sur une jeune dame, en l’occurrence Adji Sarr, masseuse de profession. Cette affaire supposée de mœurs a même relégué au second plan la très meurtrière maladie à Coronavirus qui ne cesse de décimer le Sénégal, comme, par ailleurs, le monde.

L’effort consenti lors de la première vague n’est plus là. Les Sénégalais sont occupés ailleurs, notamment dans ce dossier à rebondissements. Les organes de presse en font leurs choux gras. Les réseaux sociaux de même.

Il est évident que Ousmane Sonko, n’étant pas n’importe qui-il est député, leader de parti arrivé troisième lors de la dernière élection présidentielle, opposant radical au régime de Macky Sall, cette affaire où il est nommément cité ne pouvait que faire du bruit. Mais ce dossier est-il plus important que les autres ? Non ! Mais on en est arrivé là, probablement à cause du caractère politique qu’il revêt et où tout le monde a pris position.

Les Sénégalais adorent les affaires au parfum politique. Ils en profitent pour prendre position. Et dans ce dossier où la jeune dame accusatrice et Ousmane Sonko sont les seuls à pouvoir édifier la lanterne, les Sénégalais ont pris, dès les premières heures, position, estimant que c’est un adversaire politique qui est visé par un régime réfractaire aux opposants.

Précédent dangereux

D’autant plus que d’autres dossiers de la même odeur, considérés comme politiques, n’ont jamais vraiment connu une issue claire. C’est le cas portant sur la traque des biens mal acquis pour laquelle le fils de l’ancien président Abdoulaye Wade, en l’occurrence, Karim Wade, a été envoyé en prison avant d’être expédié, comme un colis, dans la capitale qatarie, Doha, on ne sait par quelle magie. La question de sa libération et de son exil forcé reste toujours sans réponse pour les Sénégalais. Il en est de même de l’emprisonnement suivi de la libération de Khalifa Sall sur le dossier de la gestion de la mairie de Dakar. Les conditions de sa libération restent encore inconnues du grand public. Et au finish, ces dossiers politiques ont un dénominateur commun : l’inéligibilité de Khalifa Sall et Karim Wade, aux yeux de la justice que les partisans accusent d’être aux ordres. Donc, les soutiens d’Ousmane Sonko, leader de Pastef, n’ont pas totalement tort d’avoir des doutes sur le développement de cette affaire, somme toute normale d’être élucidée pour la postérité.

Jouer le jeu…

Comme le jeune leader politique et député l’a souhaité pour répondre à la justice, l’Assemblée nationale est en branle. Elle a mis en place depuis le 15 février 2021, une commission ad hoc. Elle sera chargée de « juger » de l’opportunité ou non de la levée de son immunité parlementaire. Après cette étape, la justice devra jouer sa partition. Ses décisions, souvent polémiques, sont aussi à l’origine de la position d’une certaine frange des citoyens sénégalais, convaincus qu’il y a toujours une justice à géométrie variable et n’est souvent pas rendue au nom du peuple.

Savoir raison garder

Pour autant, les citoyens devraient avoir à l’esprit que les bagarres de rue sont condamnables à tout point de vue. En voulant rendre justice à leur « champion », Ousmane Sonko, ils font du mal à d’honnêtes citoyens, malheureux de se trouver dans un endroit au mauvais moment, en caillassant ou en brûlant des véhicules ou même des maisons…

Il est temps aujourd’hui que la balle soit remise à terre pour trouver de vraies solutions aux vraies préoccupations des citoyens. Que tout le monde joue le rôle qui est le sien et le pays ne s’en irait que mieux.

Pour cela, les Sénégalais devraient commencer par une prise à bras le corps de la lutte contre la pandémie du coronavirus dont le respect des gestes barrières et des consignes des autorités sanitaires pourraient aider à bouter hors de nos frontières.  Car, il n’y a pas que cette affaire Sonko-Adji Sarr dans la vie.