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Affaire D-media: Un redressement fiscal entraîné dans la politique Khadidiatou GUÈYE Fall

Certains citoyens se lamentent de la descente musclée

La situation dans laquelle se trouve le groupe D-media semble toucher tout citoyen sénégalais. Ce lundi matin, un groupe de gendarmes a mené une visite au sein des locaux de la Sen tv. Cette descente a occasionné l’arrêt du programme dudit organe de presse. En direct à la radio, un animateur décrit la situation d’immersion. Ce constat n’est pas nouveau, car dans d’autres occasions des organes de presse ont été victimes d’un retrait de signal, d’un avertissement ou d’une menace de la part d’une autorité. Cette fois-ci, il s’agit d’un problème de fisc comme antécédent de la cause de l’arrêt d’émissions de programme à la Sen Tv et à la radio. C’est la tournure de la situation qui a interpellé les fidèles auditeurs et téléspectateurs de l’organe de presse.

Dans leur démarche, les employés et partisans du groupe D-media parlent d’une opération d’extermination d’un organe de presse véridique et juste. Mais d’après la réglementation du monde médiatique, le patron de la presse doit être en règle comme le sont les autres médias de la place. A vrai dire, l’entrave à la liberté de la presse est soufflée par certains citoyens. Dans l’anonymat, cette femme spécialisée en Droit public se prononce en tant que citoyenne sénégalaise avant de porter robe noire. « Pour ce qui arrive à Dmedia, je trouve que c’est légitime parce qu’ils doivent payer leurs impôts comme tous les autres médias se trouvant au Sénégal » affirme la publiciste. Cette dernière rejette toute accusation d’une arrivée à l’improviste : « En principe, ils ont dû recevoir un préavis avant l’arrivée des gendarmes donc ils devaient prendre leurs dispositions et assumer ».

Selon cette publiciste, les travailleurs de l’organe ne devraient pas faire appel à un soulèvement car ils n’ont pas le droit d’inciter la population à se révolter pour défendre une cause qu’elle trouve injuste dans la mesure où ils devaient être en règle. Elle déplore le fait que le patron et ses compagnons veuillent en faire une histoire politique.

Pour ce jeune auditeur de la radio, l’attaque a toujours été ciblée. « Ce n’est pas la première fois que ce genre d’attaques arrive à ces médias. Surtout ceux qui manifestent l’audace de contredire l’État et de remettre en cause les décisions de l’État», soutient Faby.

Pour celui-ci, l’impartialité ne fait pas partie de la démarche des politiciens. Dans l’énoncé d’une équité, la femme en Droit dénonce l’impartialité dans le traitement médiatique : « Je suis impartiale, je ne suis ni avec Dmedia ni avec le gouvernement, mais le comportement des membres de Dmédia est irresponsable, ils doivent payer leurs impôts, ou assumer les conséquences et non se baser sur une révolte de la population pour y échapper ».

Mariama Fall apprécie de loin ce qui s’est passé dans les locaux de la Sen Tv. « Je pense que ce n’était pas vraiment une bonne idée de faire une descente au siège de Dmédia pour une affaire de fiscalité dans la mesure où il existe beaucoup de firmes qui ne paient pas d’impôts ». Notre interlocutrice reste convaincue que le problème pourrait être réglé d’une manière discrète sans encombrer les studios de l’organe.

Pourtant, certains hommes des médias posent la thèse d’une politisation de l’affaire alors qu’il ne devrait pas en être le cas. « La tournure de l’affaire ne surprend pas certains dans la mesure où le propriétaire de Dmédia est un politicien et un opposant très actif du gouvernement en place, mais qu’il respecte la réglementation régie par le pays pour donner l’image d’un bon opposant » analyse un journaliste dans un forum privé.

Samya Ndao, un jeune entrepreneur, indexe l’État. D’après lui, l’État est derrière tous ce problème. « Même si l’organe a des contentieux avec le versement des impôts, cela n’exclut pas la possibilité d’une éventuelle négociation. Je pense que l’État doit prendre en compte le nombre de personnes employées dans ladite entreprise dans un monde où les diplômés peinent à trouver du travail », affirme le jeune entrepreneur, l’air très préoccupé par l’emploi des jeunes.

Dans les discussions des jeunes, l’affaire est orientée vers la descente musclée des huissiers accompagnés de gendarmes. L’aspect juridique et financier qu’est le redressement fiscal équivalant à une somme de 2 milliards 400 millions est rarement évoqué dans leur discussion. Pour certains auditeurs, cela pourrait se régler dans la discrétion avec le moratoire à l’appui mais la politique y fait le plein. Mais la majeure partie de la population craint non seulement la dissolution d’un organe de presse extrémiste contre le camp présidentiel mais également le sacrifice d’une centaine d’employés.