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Adji Sarr, celle par qui arrivent les malheurs de la République Par Habib KÂ, Bureau régional de Matam

Elle veut casser des reins

Thilogne-Elle ne comprenait pas qu’au jeu où elle se prêtait, elle serait au cœur d’un scandale de la République qui allait fondamentalement créer une césure de la classe politique, une ligne de démarcation étanche entre le pouvoir et une opposition qui, pour survivre, est obligée de radicaliser sa lutte contre le pouvoir en place, la conquête de celui-ci, et même annihiler toute crédibilité au Dialogue national, politique en cours.

Était-ce vraiment opportun pour le régime du président Macky Sall, dans ce contexte de lutte contre la pandémie de la Covid-19, d’un Dialogue national en cours, invitant à l’apaisement du climat social, à la transhumance de certains partis et mouvements, aux prorogations automatiques des mandats des élus, à l’inexistence d’un calendrier électoral rigoureux, était-ce opportun donc de choisir un affrontement ouvert avec l’opposition, notamment le Pastef supposé être sa branche la plus radicale ?

Adji Sarr qui fait le buzz a eu la surprise de sa vie, celle d’envelopper Ousmane Sonko, son discret patient VIP, dans de sales draps de massage et laissant son employeuse s’empêtrer dans des poursuites judiciaires pour faits de proxénétisme et autres motifs qui risquent de la voir se faire retirer sa licence d’exploitation et l’interdiction de pratiquer le métier.

Adji Sarr, victime de violences sexuelles répétées et de menaces de mort avec armes à feu, a porté plainte pour disparaître de la circulation, laissant toutes les sphères de la société sénégalaise dans l’émoi.

La masseuse très spéciale, au lieu de sauver le leader Ousmane Sonko des douleurs de dos, s’est plutôt résolue de briser l’élan des Patriotes, de casser les reins du Pastef.

Cette jeune femme de 21 ans, payée mensuellement 40.000 francs selon le saint Cheikh de Yérim Post, ne pouvait s’imaginer la gravité de sa position, celle d’être entre deux feux dans le mortal combat que se livrent deux adversaires irréductibles : l’Alliance pour la République (APR) et le Pastef/Les Patriotes.

Ironie de l’histoire, on ne connaît rien d’elle, sauf les déclarations relayées par le directeur du journal les Échos, les seules d’ailleurs faisant état d’une plainte contre Ousmane Sonko leader du Pastef pour viols répétitifs sous menace de deux armes à feu.

Adji Sarr, selon une de ses tantes, est orpheline de mère dès l’âge de six ans. Instable dans son éducation, elle valsait, libre, d’une famille à une autre.

Elle confie également qu’elle était devenue têtue et bagarreuse et sortait quand ça lui chantait. Pour dire que Adji n’est pas fiable.

Triste sort pour cette pauvre jeune femme dont personne ne peut mettre avec certitude un visage sur son nom. Adji Sarr va-t-elle disparaître comme une certaine Penda Bâ qui était allée très loin dans ses insultes stigmatisantes contre des compatriotes et, pour la protéger d’une plausible vindicte populaire, fut contrainte à l’exil.