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Adama Gaye, opposant au régime de Macky Sall, exilé au Caire Par habib KÂ

Sacré Adama qui s’adresse désormais à ses frères et confrères à titre d’opposant au régime Macky Sall, exilé au Caire. Vous pouviez bien être Robin des Bois, mais pas pour en arriver jusque-là.

Vous nous surprenez Adama, nous et nos autres frères. Nous qui ne sommes plus des vôtres, nous les “autres Pulars”,  et il y a une ribambelle de qualificatifs stigmatisants de ce genre dans ton post du 02 novembre 2020.

De la publication de la liste officielle du gouvernement, vous, opposant du régime Macky Sall, vous n’avez pas vu venir ce coup de barre impromptu du chef de l’État, ce changement de cap : là où tout le monde est suffisamment édifié que le président Macky Sall veut recentrer son pouvoir sur toute la famille libérale en perspectives de l’échéance électorale 2024. Vous, vous voyez différemment et vous titrez, convaincu,  : “La confirmation ethniciste” avec une liste de seize (16) ministres dans “le gouvernement poularisé”. Encore vos mots !

De ces seize, six ( 6 ) ne sont pas peulhs et quand ils le sont, ils y représentent leurs partis dans la coalition BBY :

– Aly Saleh Diop de Rewmi, le tout nouveau ministre de l’Élevage,

– Matar Bâ, ministre du Sport,

– Mme Victorine Ndeye, Urbanisme,

– Serigne Mbaye Thiam, ministre de l’Eau et de l’Assainissement,

– Samba Sy (PIT), ministre du Travail,

– Zara Iyane Thiam, ministre de la Microfinance.

Et pour verser du follere (les Blancs parlent de vin, nous, “les autres”, disons fol-lé-ré ) dans votre verre, j’ajoute à votre liste Samba Ndiobel Kâ que vous avez oublié et qui a remplacé votre beau-frère à son méga ministère.

Mathématiquement, vous avez moins de 30% des gens de “la pax pulariana” dans l’attelage.

Adama, nous, vos compatriotes, prenions pour argent comptant tout ce que votre belle plume sergent major épanchait finement sur nos tendres cœurs, nos esprits innocents de jeunes adolescents.

Vous nous aviez fait croire que nous étions tous frères, égaux. Nous y avons cru, pas parce que vous, vous l’affirmiez et avec condescendance. Nous y avions cru parce que nous aussi, il est vrai, émerveillés par la féerie des couleurs de ce beau monde, nous pratiquions ce concept jusqu’à l’ntérioriser définitivement au plus profond de notre être.

De ce Adama Gaye, grand journaliste, consultant international, envoyé spécial, enfant prodige, fierté du Sénégal, nous apportions toutes nos considérations, tous nos respects.

Jusqu’au jour où Adama Gaye est devenu très puissant, homme de réseaux, amis des chefs d’État et des personnalités de la haute finance, a trébuché dans la jungle de la politique, un monde déshumanisé avec ses propres règles où les novices ont très peu de chances de s’accommoder.

Adama est devenu loup, naturellement n’épargne aucun des pauvres agneaux que nous sommes.

En froid avec son ami d’hier devenu entre-temps président de la  République, il nous fait comptables de tous les actes permissifs de celui-ci, simplement que son ex-pote est né peulh, comme nous, comme “les autres”.

Suffisant donc pour nous faire porter le chapeau, pauvres innocents que nous sommes, comptables de tous les actes de quelqu’un qui nous regarde à peine dans  le rétroviseur.

Alors le loup est dans la bergerie et  courte-queue se paie par courte-queue, il va faire le ménage, gooto gooto.

Grand, vous tirez indistinctement

sur tout ce qui bouge, les yeux fermés : ceux qui viennent d’être remerciés, Aly Ngouille Ndiaye, Amadou Bâ, Aminata Touré, Boun Abdallah Dione, Makhtar Cissé, Oumar Youm, comme ceux qui viennent de fêter leur entrée dans le nouveau gouvernement comme Oumar Sarr, ou sont en passe de l’être, Abdoulaye Baldé, sans épargner ton ami de jeunesse, le garde des Sceaux Malick Sall.

J’allais oublier “la pléthore de Poular” armée de djaassi, prête à frayer dans le sang la voie du 3ème mandat.

Pour vous, Adama, tout le monde est pourri, tout le monde est mauvais, sans discernement, sans analyse, sans une approche objective, méthodique.

Pour sérier les problèmes, hiérarchiser ses priorités, avoir une méthode d’approche et un angle d’attaque, on met tout dans une poubelle, hop au caniveau.

Adama Gaye, de la plume, n’est-il pas le versant de Aliou Dembourou Sow Borom Djaasi yi ?

Vous ne maîtrisez pas ce terrain ni ses données socio-ethniques, socio-culturelles. Nos ancêtres ont réussi cette mutation génétique depuis les temps immémoriaux.

Nous sommes tous des sang mêlé, des métis

Grand Adama, de par votre âge, votre rang, votre sang, ce combat n’est le vôtre.

Et des Sénégalais et de tous les Sénégalais, vous méritez respect, admiration, fierté.

Je vous laisse ces quelques vers de “Le loup et l’agneau” de Jean de la Fontaine à méditer.

LE LOUP ET L’AGNEAU

– Et je sais que de moi tu médis l’an passé.

– Comment l’aurais-je fait si je n’étais pas né ?

 Reprit l’Agneau ; je tette encor ma mère

– Si ce n’est toi, c’est donc ton frère.

– Je n’en ai point.

– C’est donc quelqu’un des tiens :

  Car vous ne m’épargnez guère, Vous, vos bergers et vos chiens. On me l’a dit : il faut que je me venge.”

 Là-dessus, au fond des forêts, le loup l’emporte et puis le mange sans autre forme de procès.