GMT Pile à l'heure

La Ligne du Devoir

Abdoulaye Diouf Sarr: Un favori combattu jusque dans ses propres rangs P. MBODJE

Victime du double jeu de ses amis, il est talonné par Barthélémy Dias ragaillardi par le report de l’affaire Ndiaga Diouf et les listes parallèles privilégiées par Macky Sall. Sa seule chance est d’aller au-delà de l’électorat marron et alliés.

Sans flamme et sans état d’âme dans ses obligations de résultats au point d’éclipser le chef de l’État évoqué du bout des lèvres, Abdoulaye Diouf Sarr devient dogmatique en terrain politique : ses négations ne sont pas administratives dont la philosophie de communication et symbolique invite à positiver péremptoirement les affirmations en évitant le « ne…pas » : il peut offrir Dakar et les 19 communes au leader de la coalition Benno Bokk Yakaar sans douter d’une victoire en demi-teinte d’un Dakar sans sa couronne ou d’une couronne sans émeraude.

Son discours du 29 octobre par exemple, à l’issue de sa sélection pour mener la liste des Locales à Dakar, posait déjà problème : aux traditionnels remerciements à Macky Sall, la tête de liste pour la mairie de Dakar adopte la roue du paon sinon une prudence que rien ne peut justifier sinon une méfiance sans autre fondement théorique qu’une distance méthodologique face au champ politique glissant : « Le choix porté sur notre personne pour conduire la liste BBY de Dakar vient consolider notre engagement inconditionnel à matérialiser l’esprit d’émergence de la coalition à tous les niveaux, sous la houlette de S.E Monsieur Macky Sall, Président de la République.

Cette posture de capitaine comptera avec mon frère et ami, Monsieur le ministre Amadou Bâ et l’ensemble de cette forte équipe, mue par l’intérêt général, pour la victoire.
#Dakar2022 #BBY #Senegal ».

La bataille pour la mairie de Dakar

Pourtant, des 6 listes en compétition pour conquérir Dakar, la sienne, celle de Benno Bokk Yakaar (BBY), caracole loin devant Yewwi Askan Wi, Wallu Sénégal, Bokk Gis-Gis, Sénégal Horizon 2035, UC/Bunt Bi et tutti quanti.

Si les poursuites en Cour moussaient Barthélémy Dias auprès des populations révulsées, le sursis pist-Locales enlève au maire de Mermoz une argutie de poids tournant invariablement autour du complot de Macky Sall, rengaine d’un Ousmane Sonko : la thématique du complot sonne comme un disque rayé, même si une population 2.0 s’en contente.
Abdoulaye Diouf Sarr fera ainsi face à un seul prétendant sérieux, Barthélémy Dias de Yewwi, moins par sa capacité à gérer une commune (on l’a vu avec le désenchantement des populations de Mermoz) que par la terreur qu’il inspire et qui en a fait un fidèle du prétoire.

Un os dans la noce

ADS est donc bien placé : les responsables des formations ont tous maille à partir avec la justice et/ou sont en sursis.

À l’analyse en effet, une liste de puînés encombre les candidatures au niveau des Locales ; à Dakar, cinq majeurs émergent du lot : Benno, Yewwi, Wallu, Pastef et Bokk Gis Gis et Pastef. Un candidat et deux responsables de coalition sont dans l’antichambre de la justice, l’équipe sortante et celle de l’ancien maire libéral ont un poids relatif à l’intérieur du pays, ce qui laisse une marge appréciable au candidat de la majorité.

Un os dans la noce, cependant : les listes parallèles de Macky Sall discréditent le choix des listes de la majorité quand l’électorat éclaté joue pour le camp d’en face. Au demeurant, l’insistance d’un quotidien le lundi 6 et le mardi 7 décembre paraît suspecte, surtout si on le sait proche du boss.

Cela ressemble à un double jeu que la tête de liste doit intégrer en ratissant au-delà des électeurs de Benno. Ce serait un formidable pued de nez.

Il lui faudra cependant une meilleure équipe de campagne : depuis la présentation de son programme, il y a une semaine, l’analyse du signe indique un mimétisme qui ne parle pas encore aux populations qui semblent reconnaître Sonko sur l’estrade ou Dias sur l’affiche.