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La Ligne du Devoir

4 morts officiellement enregistrés entre manifestants pro-Sonko et forces de l’ordre Fanny ARDANT

Une 3e procédure ouverte contre Ousmane Sonko, un autre face-face avec le Doyen des juges prévu aujourd’hui

Le décompte macabre se poursuit après l’arrestation de l’opposant Ousmane Sonko. Quatre (4) morts ont été officiellement dénombrés des heurts entre manifestants et forces de l’ordre. Et du côté de Ousmane Sonko, il a vu son audition du vendredi dernier renvoyée à ce matin, lundi 7 mars à 11 heures. En plus de la plainte pour « viols et menaces de morts » et les poursuites du procureur pour « trouble à l’ordre public et participation à manifestation non autorisée », le leader du « Pastef/les Patriotes » est visé par une nouvelle infraction : « l’appel à l’insurrection ». D’ailleurs le Doyen des juges a déjà saisi l’Assemblée nationale pour une nouvelle levée d’immunité parlementaire de Sonko.

Ousmane Sonko était devant le juge vendredi 4 mars 2021. L’opposant avait été transféré de la Section de recherches très tôt (4 heures du matin), où il était détenu sous le régime de la garde à vue pour « troubles à l’ordre public et participation à une manifestation non autorisée » pour être gardé au poste de police de la gendarmerie du tribunal de Dakar.  Avant d’être entendu par le doyen des juges d’instruction en fin de matinée, 11 heures.

Les avocats de Sonko qui n’avaient pas de nouvelles de leur client ont alerté la presse pour informer « d’un enlèvement ». Me Abdoulaye Tall, l’un d’entre eux qui déplore cette situation, porte à l’attention de l’opinion nationale et internationale que ” Ousmane Sonko a fait l’objet d’enlèvement à 4 h du matin vers une destination inconnue. Il l’a fallu que vers 9 h ses avocats alertent au niveau de la presse qu’on nous donne l’information que finalement Ousmane Sonko a été acheminé devant le Palais de la Justice. Aujourd’hui à 11 h, Ousmane Sonko, sous escorte du GIGN, et en compagnie des avocats, a été conduit devant le bureau du Doyen des juges. Mais le malheur est que on a refusé l’accès au bureau à tous les avocats de Sonko et, pendant 25 minutes, Sonko était seul avec le Doyen des juges et en l’absence des greffiers du cabinet de ce juge d’instruction », regrette la robe noire.

Poursuivant, Me Tall ajoute qu’ils (avocats de Sonko) viennent d’apprendre que le Doyen de juges a écrit une seconde lettre aux fins d’une levée d’immunité parlementaire de Sonko, pour la procédure concernant les 19 militants arrêtés et inculpés, placés sous mandat de dépôt pour des faits de « l’appel à l’insurrection ». Chose que la robe noire qualifie « des violations flagrantes des droits de Sonko ».

Le doyen des juges, qui a repris le dossier après le désistement du juge d’instruction du 8e cabinet Samba Sall, a notifié les motifs d’inculpation de « viols et menaces de mort » à Sonko et les poursuites du procureur pour « troubles à l’ordre public et participation à manifestation non autorisée » en plus de cela, « l’appel à l’insurrection ». Une notification sans la présence des avocats de Sonko. Car ces derniers ont été refusés d’accès au bureau de Samba Sall. Ce qui a déclenché une vive altercation.

Une tension électrique devant le bureau des juges

Après que les avocats de Ousmane Sonko se sont offusqués de la méthode employée par les autorités judiciaires pour amener leur client au tribunal, ils se sont vus empêchés l’accès au bureau du 1er cabinet. Me Gaye confirme son collègue Me Tall : « Pendant 25 minutes, Ousmane Sonko était seul avec le doyen des juges ».

Ce qui a fini par mettre en grogne le collectif des avocats. Les éléments du GIGN ont été appelés en renfort pour calmer la situation.

Me Ndoumbé Wane, la benjamine du collectif des avocats de la défense d’Ousmane Sonko, dans tous ses états, lance : « Nous sommes formellement interdits de franchir la porte d’entrée, c’est une violation flagrante des droits de notre client ». Le bâtonnier de l’ordre des avocats, alerté, débarque sur place. Face au juge, Me Papa Leyti Ndiaye, connu pour son calme, s’emporte presque en accusant le magistrat de manquer de respect aux avocats.

Au même moment, Ousmane Sonko attendait dans la salle, se trouvant seul en face du bureau du juge. Ce dernier lui avait notifié auparavant les charges de viol et menaces de mort avant de renvoyer l’audition à lundi.

Situation tendue au Sénégal

La CEDEAO invite les autorités à garantir les libertés de manifester pacifiquement

La Commission de la CEDEAO invite les autorités à prendre “les mesures nécessaires pour apaiser les tensions et garantir les libertés de manifester   pacifiquement, conformément aux lois en vigueur”. Un appel de la communauté ouest-africaine qui fait suite aux nombreuses manifestations notées au Sénégal nées de l’arrestation de Ousmane Sonko, accusé de ” viols et de menaces de mort”.

La Cedeao qui suit dit-elle avec attention l’évolution de la situation au Sénégal, condamne par la présente communiqué ” les violences survenues dans plusieurs villes du pays qui ont entraîné des morts, des blessés et des destructions de biens.

A cet effet, la Commission de la CEDEAO appelle “toutes les parties à la retenue et au calme.”

« Nous avons assisté au meurtre du droit par le Doyen des juges : comment peut-on admettre vouloir entendre quelqu’un or la présence de ses avocats alors même que les avocats tapaient à sa porte ? Mieux, les avocats l’ont vu quelques heures avant l’arrivée d’Ousmane Sonko pour lui faire part de leur constitution et lui demander de les contacter s’il l’appelle dans son bureau », indique Me Bamba Cissé.

Une troisième procédure ouverte contre Ousmane Sonko

La troisième procédure ouverte contre Ousmane Sonko n’est pas du goût de ses avocats. Me Bamba Cissé, un des leurs, estime que c’est « probablement pour inculper et placer sous mandat de dépôt Sonko ».

4 morts officiellement dénombrés lors des manifestations et un élève de Sédhiou touché par balle

Presque tout le pays a été mouvementé depuis l’arrestation de Ousmane Sonko. La banlieue n’a pas échappé à cette furie des manifestants qui exigent la libération de l’opposant. De Parcelles, Pikine à Guédiawaye en passant par Keur Massar, pour déverser leur courroux, les manifestants ont tous saccagé sur leur passage. Un corps sans vie retrouvé à Auchan Keur Massar. Après le jeune Cheikh Ibrahima Coly tombé à Bignona et l’apprenti mécanicien Baye Cheikh Diop qui a reçu une balle réelle sur le front à Yeumbeul, jeudi.

Un autre décès y a été déploré vendredi, à Bignona, lors d’événements sanglants qui ont également causé une dizaine de blessés.La deuxième victime s’appelle Famara Goudiaby (24 ans). Il est originaire du village de Diégoune. Son corps sans vie à la morgue de l’hôpital régional de Ziguinchor. Ce qui porte le nombre de décès annoncés par les autorités à quatre.

Un autre individu non encore identifié a été également retrouvé mort à l’intérieur du magasin Auchan de Keur Massar.

Samedi, dans la région de Sédhiou, un élève en classe de 1ère a été touché par balle au niveau du coude, lors des affrontements entre les élèves et les forces de l’ordre. Selon Sud Fm qui donne la nouvelle, la victime se nomme Djibril Kandé.

Le Devoir