GMT Pile à l'heure

La Ligne du Devoir

2024-Khalifa Sall brasse de l’air Elever le ton ne fait pas le candidat

ÉLECTIONS LÉGISLATIVES ET PRÉSIDENTIELLE

 

Le dernier coup de
brasse de Khalifa Sall

Khalifa Sall se radicalise, persistant qu’il sera candidat à la Présidentielle de 2024. Mais, sans loi d’amnistie dont il n’est pas demandeur et devant aussi le pouvoir qui ne se montre pas très volontaire à lui ouvrir la voie, l’ancien maire de Dakar est visiblement en train d’effectuer ses derniers coups de brasse.

 

Invité de l’émission Jotaay bi de la Sen Tv le mercredi 23 mars, Khalifa Sall a élevé le ton, soutenant qu’il n’est pas « inéligible » parce que l’inéligibilité est « une peine supplémentaire » prononcée par un juge. Le Socialiste souligne qu’il est face à « une manigance politique » à laquelle il répondra de « manière politique ». Car sa mise à l’écart du jeu politique a été réalisée par la modification « frauduleuse du code électoral en 2018 ».
L’ancien maire doit, pour cela, se donner les moyens de retrouver ses droits civils et politiques pouvant lui permettre de s’inscrire sur les listes électorales ou être candidat à un quelconque scrutin.
Depuis 2018 qu’il a été écarté du jeu électoral, il a raté plusieurs élections. Il s’agit de l’élection présidentielle de 2019, des élections territoriales de 2022 et peut-être, si la loi électorale ne change pas, les élections législatives du 31 juillet prochain avant la Présidentielle de 2024.
Pour se remettre dans ce jeu de la démocratie, l’ancien député doit nécessairement passer par la case amnistie. Mais, jusque-là, le président Macky Sall ne semble pas très disponible pour aller dans ce sens. En recevant il y a quelques mois le Cadre unitaire de l’Islam au Sénégal (Cudis) dans le cadre du dialogue, le président n’a pas été très précis à ce propos : Macky Sall a parlé d’une « bonne formule qui respecte le droit et la loi ».

Pas demandeur
d’une amnistie

Le principal intéressé lui-même dit qu’il n’est pas demandeur d’une amnistie. Par contre, il sera candidat à l’élection présidentielle de 2024. Khalifa Sall a même soutenu que « c’est irréversible ». Si d’ici là la loi électorale ne change pas, il est presque inéluctable que l’ancien patron de la vie politique au Parti socialiste ne sera pas de la partie pour une quelconque élection.
Cette posture devrait le conduire à trouver une autre issue. Qui sera certainement de s’attacher les services d’un proche et fidèle collaborateur pour la prochaine élection dont il a fait une ambition personnelle. Le plus en vue aujourd’hui reste incontestablement Barthélémy Dias. Toutefois, le successeur de Soham El Wardini à la tête de la mairie de Dakar n’est pas un gage de sécurité : son avenir politique reste suspendu à la décision de la Cour d’appel sur le dossier de la mort de Ndiaga Diouf. Le verdict est attendu le 18 mai prochain.
Khalifa Sall est donc lancé dans une course contre la montre pour l’avenir de son organisation politique. L’opposition sénégalaise prône la candidature plurielle pour l’élection présidentielle de 2024. La coalition Yewwi askan wi, dont fait partie le mouvement Taxawu Sénégal, ne sera donc pas à l’ordre du jour pendant cette période. L’ancien député est aujourd’hui obligé de penser à un plan C ou même D.
Khalifa Sall doit également se préparer car rien n’est acquis dans son compagnonnage avec « son » ami Ousmane Sonko. Comme dans le cadre des Etats, les hommes politiques n’ont que des intérêts à préserver.
La preuve : au moment même où certaines formations politiques appellent au boycott des élections avec le système de parrainage, d’autres sont allées, ni tambours ni trompette, récupérer leurs fiches de parrainage. Il en sera manifestement de même quand il sera question de prendre une position commune pour aider les responsables en conflit avec la justice tels que Khalifa Sall condamné à cinq ans de prison et cinq millions d’amende dans l’affaire de la caisse d’avance de la mairie de Dakar. Et Karim Wade en exil condamné à six ans de prison et 138 milliards Fcfa d’amende pour enrichissement illicite.

Sergio RAMOS