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1988-1989 : La polémique de Guidimakha Affirmations & Précisions

Exécutions, déportations et répressions au Guidimakha

(sud de la Mauritanie) de 1989 /1990

Peut-on les oublier nos victimes ?

Au cours de nos recherches de mémoire de maîtrise (1997) intitulé (,), nous avons  enquêté sur les noms des personnes victimes (mortes, rescapées et déportées) lors des événements de 1989/90 dans la wilaya du Guidimakha.

Nous mettons à la disposition des lecteurs et tous ceux qui se sentent intéressés par cette question qui, un jour, sera utile pour mettre de  la lumière sur des cas qu’a connus cette région. Voire même pour contribuer à la résolution du dossier  du passif humanitaire, qui pour nous est loin être réglé.

Dans un premier temps, nous avons établi la liste des personnes civiles mortes suite aux tortures soit de l’armée soit de certains éléments de la garde nationale, de la police et même d’une milice organisée par le gouverneur du Guidimakha à l’époque. Nous  devons certaines informations aux rescapés qui sont encore en vie malgré les humiliations subies pendant cette période lourde de séquelles et de conséquences.

Dans un second temps, nous avons établi la liste de ces derniers et en fin celle des familles, personnes expatriées de la ville de Sélibaby et enfin la liste des villages déguerpis au cours de même période de tragédie dans notre histoire. Cependant nous tenons à préciser que d’autres cas existent dans cette wilaya.

  1. /les exécutions

Dans la commune de Gouraye, plus précisément dans la localité de Boroudji, pendant la tabaski de 1989 sont arrêtés et tués par des militaires basés à Diaguilly les nommés :

1/ Killé Samba Ba

2/ Samba Diouldé touré

3/ Samba Yero Barry

Ces trois personnes sont enterrées dans une fosse commune entre Diaguilly et Moullisimo dans la même commune. Nous avons recueilli ces informations auprès d’Alassane Kalidou Sao qui réside à Boroudji (rescapé de cette arrestation) et N’Dama Demba Sao qui était berger à Diaguilly, grâce à qui a d’ailleurs la fosse a été retrouvée. Toutes les 4 (les 3 tués et le rescapé) étaient allés vendre leurs bœufs pour les préparatifs de la tabaski.

A Moudji, dans la même commune, le dimanche 12 Ramadan 1990, sont arrêtés et tués par un groupe d’hommes composé d’éléments de la garde nationale, de la gendarmerie, de la police et même des civils qui avaient comme prétexte la vérification des pièces d’identité. Il s’agit de :

1/ Abdoulaye Galo Ba

2/ Silly Loumé

3/ Baillo M’bourel Ba

4/ Deya Sankoulé

5/ Boubou Mamadou Diallo

6/ Demba Sall de wendou Goubé

7/ Saidou Moussa Sow de Moudji

8/ Samba Barry

Nous devons cette information à Diallo Mamoudou Sinthiou (rescapé). Dans cette même commune toujours, le vendredi 1er,  jour de la fête de Korité (1990) sont arrêtés pour ne plus être revus à Feytas les nommés :

1/ Souleymane N’donguel Sow

2/ Souleymane Gory Sow (élève coranique)

3/ Boulo Sow

Nous devons cette information à Abou Hamady Sow (rescapé).

Jeudi, 24 Ramadan 1990 dans la commune de Sélibaby, dans la localité de Woyndouyol (campement situé à 3 km de Sélibaby) sont tués :

1/ Harouna Ousmane Diallo

2/ Adama Oumar Diallo

3/ Galo Dièye Ba

4/ Yéro Hawa Dia

5/ Séyel M’Baye Ba

6/ Koudel Diallo

7/ Adama Bocar Ba

Ces 7 personnes sont enterrées dans une fosse commune près de Tomiyatt dans la commune de Souvi.

Sont rescapés :

Harouna Omar Diallo

– Yéro Samba Yéro Sow

– Yéro M’Beri Sy

Doulo Diallo

– Moussa Douré

Ces informations nous ont été données par les rescapés.

Le 27 du mois de ramadan 1990, ce fut le tour de Amadou Dadiouguel Diallo et de Moussa Ciré, Demba Mody Ba de disparaître. Le 28 du même mois, Samba Kolo Ba (un mineur) est tué  près de Hamdallahi de la commune de Hassi Cheggar.

Le 1er jour de la fête de korité de la même année, Bala Sow est tué lui aussi à Bafou à quelques kilomètres de la ville de Sélibaby, ses vaches sont retrouvées 3 jours après dans une clôture à Soufi, chef lieu de la commune.

Dans la commune de Wompou, meurent suite aux tortures des militaires : Mamadou Demba M’Baye et Samba Habi Ba de Diarrebé. La responsabilité de ces exactions est attribuée à ceux qui commandaient l’unité de l’armée basée à Tagou Talla et qui avaient réclamé 20 bœufs pour les libérer. Le commandement de l’unité basée à Lougueré Poli Bodhedji est cité parmi les auteurs de ces crimes. Ces informations sont de Demba M’Baye, père des deux victimes, qui d’ailleurs a été emprisonné à Nouakchott en même temps que Demba Rédou Deh et Samba Guessel Deh,Yaya Bocar sall (militaire) et Mamadou Gambi.

C’est par écrit n° 535 PAG/CSJ du 7/6/90 et celui du 492/PAG:CSJ/ du 01/8/91 de l’avocat Général auprès de la cour spéciale de justice au ministère du Développement Rural que Demba M’Baye a été libéré. Pendant cette période, plusieurs personnes arrêtées au commissariat de police de Sélibaby, la brigade de la gendarmerie, au camp de la 10ème région ont été déclarées mortes. Parmi elles, on peut citer : Yaya Tall, Dia Abdoul Modi Demba Diogoré Sow, Abdoulaye Demba Rédou, Ifra Mamadou Samba Deh Samba Tibillé, Issa Mamadou Ifra Ba, Samba Modiel Ba et N’Gadiary Leelé.

Dans la commune de Khabou également étaient tués : Moussa Boubou de Touroula, Sadio, M’Baré tué entre Coumba Ndao et Touroula, Yero Alioune Sow tué et attaché derrière une voiture à Khabou et Mamadou Coumba Sow, bûcheron parti à la recherche de bois.

A cette liste s’ajoute Hamadi Kibbo Diallo, tué à Goudiawol par un certain Brahim Salaye de la tribu d’Oulad Béri accompagné de Zouber,  pendant que Saidou Abdoulaye Dia a été tué à Windé Gniby dans la commune d’Arr. Samba Racine Ba, un malade mental disparu a été retrouvé mort au cours de cette période aussi.

Hamady Sambel Sow, Hamady Saidou Sow, Ifra Bailo Kanté qui étaient allés présenter leurs condoléances à Doumolly suite à la tuerie de Sambayel Niaka Sow par Toumony, et Med ould Khay ont été déclarés morts. Les assassins de Sambayel Niaka ont été arrêtés grâce à Bamba ould Ely Maouloud, chef de tribu Tajounit.

En octobre 89, Ba Hadiya, directeur de l’école de Kalinioro de la commune de Boully, a été tué à bout portant par un garde alors qu’il était venu s’enquérir des nouvelles de son neveu qui était à la recherche de ses vaches et arrêté par l’unité du garde assassin. Dans le même village, Djiby Samba, berger de profession, a été assassiné à coups de bâtons par des hommes de la tribu de Hel mbarek alors qu’il rentrait de voyage du Mali.

Dans la localité de Mouta Alla, 27 personnes ont été ramassées dans leur village et embarquées par une patrouille militaire pour une destination inconnue. Selon Galo Penda Diam Soya de Seye Sidi (moughataa de Mbout), une femme et sa fille faisant partie de ce groupe de disparus ont été vues par lui-même à Oualata et qu’il était prêt à témoigner à quelque niveau que cela soit. La commission interministérielle qui était chargée du dossier des refugiés, lors de sa visite à Sélibaby, a été saisie pour cas. Mais en vain.

A Nébiya (commune de ould yengé), Adama N’Diaye et sa famille dont une femme qui venait d’accoucher ont été embarqués pour ne plus être revus et ses animaux emportés ; une seule vache a pu s’échapper pour venir se réfugier dans la localité de Boujoubayé. A cette liste s’ajoute Samba Modiel Ba de Dioubayé.

B/Rescapés des Tueries et Tortures

1/ Alassane Kalidou Sao de Borouji

2/ Demba Rédou Deh de Sounatou

3/ Samba Guessel Deh de Sounatou

3/ Yaya Bocar Sall de Sélibaby

Demba M’baye de Diarébé

4/ Samba Galo Ba de Sélibaby

5/ Sadio Alel Diallo de Sélibaby

5/ Abou Hamady Sow de Sélibaby

6/ Mamoudou Sinthiou Diallo de Kitan

7/ Yero Samba Yero de Woydouyol

8/ Yéro Mbery Sy de Woydouyol

9/ Moussa Douré de Woydouyol

10/ DouréDIalo de Woydouyol

11/ IssaSamba Ba de Woydouyol

12/ Alassane Samba yero Deh

13/ Samba Galayel BA

14/ Samba Dopperé Ba

15/ Niaka Birass Dia

16/ Kane Amadou Demba

17/ Kibo Diallo

18/ Alasane Adel Sow

19/ Moudou yero Nialé Sow

20/ Demba Doudou Dialla

21/ Demba Hamady Deh

22/ Abou Galoyel Ba

Les 11 derniers ont été arrêtés dans le mois de septembre 89 dans un petit campement situé à l’est de Daffort lorsque des vaches enlevées aux Peulh dans le département de Sélibaby et confiées à des Maures de Doubaly par Tourad, juge d’instruction à Sélibaby, ont été razziées.

Après 4 jours de tortures à Awoitawal, ils ont été envoyés à la brigade de gendarmerie de Ould Yengé pour 11 jours avant d’être envoyés à Sélibaby où ils sont restés pendant 9 mois et 13 jours en prison. Notons au passage que pendant leur séjour en prison, ils ont été obligés de signer le remboursement de ces vaches à hauteur de 6 vaches par individu, soit au total 66 vaches pour être libéré.

C//Les familles déportées de Sélibaby et villages déguerpis:

– Famille de Sy Hamodine, instituteur

– Famille de Hada Diallo, employé à la direction régionale de l’enseignement fondamental du Guidimakha

– Famille de Dia Adama Karou, instituteur

– Famille de Ba Mamadou Boye

– Famille de Sow Amadou, prof

– Famille de Boubou Guenguel

– Famille de Séga Soumaré

– Famille d’Ifra Soumaré

– Famille de Belle Soumaré

– Famille de Diallo Harouna Tero

– Famille de Bambado Camara

– Famille de Demba Samba Woury

– Famille de Yaya Tall

– Famille de Bocar Hamady Sall

– Famille de Sow Demba Malal

– Famille de yero Datt

– Famille de Mamadou Tall

– Famille de Malik Diagne Ba

– Famille de Sadio Woury

– Famille d’Ismaila Sall

Et quelques personnes dont :

– Ba El Housseinou Bocar

– Hamady Maro Sarré

– Belal Aw, prof

– Diallo Kalidou yero Salam

– Ndim Mamadou.

Quant aux villages et /ou campements déguerpis,  on note :

Dans le département d’Ould Yengé :

– Gourel Seydi Tabara – Mouta Alla – Takadé Thierno Samba – Ould Jiddou Guanguébé et ould Jiddou Foulabé – Goupou Mbondi Louboyré (revenu en 93).

Dans de Sélibaby on note aussi :

– Loobiya

– Kajel Pobbi

– Bafou

– Talabé

– Gourel adama

– Sounatou

Pour finir, nous avons fait ce travail pour que l’opinion nationale et internationale sache que règlement du passif humanitaire est autre chose qu’une simple prière ou indemnisation de certains victimes. Les douloureux événements de 1989 et 91 qui ont secoué notre pays et menacé notre cohésion sociale ne peuvent pas être oubliés que quand il y a reconnaissance des torts et autres concernés que ceux indemnisés par l’auto-proclamé président des pauvres alors qu’il les ignore. Nous espérons toutefois que justice sera rendue un jour à l’ayant-droit et que l’impunité cessera dans ce pays pour consolider notre unité nationale.

Nous nous engageons à mettre à la disposition de tous ceux intéressés par ces cas la liste des tortionnaires et/ou de personnes ayant contribué à cela.

Signé : Amadou Bocar BA,

Egalement enregistré sous le nom de

Bocar Amadou BA,

Président Association pour la renaissance Pulaar en Mauritanie,

Directeur de publication “Fooyre Bamtaare” -LinkedIn

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Cet article a été soumis à un Commandant à la retraite qui, entre autres points, répond à un ancien collègue sur les mêmes événements de Guidimakha.

C’est un document unique en podcast.

 

1988-1989 : La polémique de Guidimakha (Podcast)